L'Etat, c'est pas nous !
Lente
déambulation indigente des politiques vers le chaos.
Français, je vous sais en position
de repos en cette entame de printemps carnassier où nous croulons sous
l'indisposition générale, la non-pensée de l'événement pluriel, l'alternance
entre conflits, commémorations et radicalisation de l'inflation juridique pour
masquer l'incompétence originelle de l'administrateur régalien dépassé qu'il
est collectivement par justement l'événement qu'il ne relie plus à l'ensemble
de la donne sociale-historique.
A suivre le fil de l'actualité
("l'actu" 24/24, comme on dit
dans les bouges), on se noie dans le verre de chlore d'une profusion de
contradictions jamais analysées, prêtes-à-mâcher : terrorisme, petite pute
médiatique en prison, crash aérien, terrorisme (bis), Zemmour crucifié depuis les salons, catastrophe naturelle,
terrorisme (ter), retour du soleil,
"les républicains" de
bazar, soleil (bis), FN, terrorisme (quater), et ainsi de suite et sans
parler des polémiques qui alimentent les gazettes juste le temps de passer à
tout autre chose sans retour en arrière. Surtout ,sans penser ce qu'il est
advenu et ce qui se prépare.
Le quidam du continent européen en
perd son latin... la boussole politique maintient le chaos.
Nous autres, Français, percevons
d'autant plus les périls que l'on nous dorlote par une absence de lecture historique
de la politique de notre pays qui décline, par manque de tenue et d'éducation
de nos représentants (voire de l'idée
même de la représentation démocratique qui démontre ses limites) et par une
incohérence entre façade régalienne de l'Etat et souveraineté collective
transmise à des mains berlinoises, bruxelloises et cosmopolites.
Pompidou a jeté un mégot sur un sol
sec parmi les résineux... l'incendie prend petit à petit, et ce ne sont ni les
chefs d'Etat qui se sont succédés, ni le peuple qui demeurent en place pour
trancher en faveur d'une initiative pour notre propre destin.
Je l'écrivais un jour, « nous
sommes tous des acculés… ».
Reste que je suis comme Madame
Tout-le-monde (parité oblige et quota de sexe à l'œil), je ne suis pas
grand-chose et n'aie pas la main pour relever le gant d'une autre initiative. Comme
vous tous, en somme…
Pourquoi ? Quelles sont les
causes de notre propre inaction, de nos sincères analyses qui n'en demeurent
qu'à l'état de flagrance ?
Tel un corps passé dans nos draps
une seule nuit, la marque, le cheveu et l'odeur persistent quelques heures si nous
ne changeons pas la couche.
Depuis les attentats de janvier sur
notre sol, ce n'est pas la peur qui s'est installée dans les têtes des
Français. Passée l'émotion, passée encore les monstrations de l'effroi dans une
catharsis orchestrée d'en-haut, c'est plutôt toute une sensation intime qui
inonde les neurones des individus conscients : la catastrophe
historique, Mesdames, Messieurs, est avancée... tapis rouge, impair et manque !
La politique extérieure américaine
périclite. La "Grosse-Allemagne", la "Chine-éternelle" et
la "Sainte-Russie" forment, en tant que puissances, les projets de
leur maintien au plus haut niveau d'exigence de leurs intérêts. Quant à nous, depuis
huit ans, nous avons Sarkozy-Fillon-Kouchner (et alii) puis
Hollande-Ayrault/Valls-Fabius... autant dire peu de personnalités
intrinsèquement libres et patriotes, des nains de la politique extérieure de la
France.
En prolixe Monsieur Tout-le-monde,
j'observe les cataplasmes que l'on nous jette en spectacle comme des os à des
chiens affamés. La politique en trompe-l'œil de notre pays proposée par nos
élus ressemble à ces soldats dans les principales gares : des casques lourds
à la ceinture, des Famas astiqués et aucune balle dans les chargeurs.
Pour faire en outre bonne mesure, on
déploie quelques tirailleurs du gouvernement sur des plateaux télévisés pour
souligner les choix du Président Hollande en son conseil privé de sécurité et
expliquer, larmes à l'œil et nouveaux dispositifs légaux au cœur, puis nous interpréter
les discours et commémorations qu'il nous prodigue à longueur de mois.
En position commando, Najat
Vallaud-Belkacem nous assure que les langues (latin
et grec compris), l'histoire et autres disciplines ancestrales et
indispensables pour construire des êtres autonomes et conscients favorisent
l'inégalité au collège ; elle propose en revanche d'instaurer à titre
expérimental des cours d'improvisation à l'école, sur le modèle de ceux de
Monsieur Debbouze. En para au-dessus de Kolwezi, Bernard Cazeneuve sort
de sa berline du pas décidé du sanglier vers les glands. Bien sûr, le
lieutenant-colonel du génie Manuel Valls frappe la scène de la botte et bâtit
des ponts en réunissant tous ces fiers soldats sous la tente.
En cuisine, les losers de l’arrière que sont les parlementaires reprisent des
rangers et comptent les munitions. Certains rêvent d'un maroquin même minable,
tel le sénateur Jivé Placé dont l'absence des troupes de choc manque autant que
le feu sous le lait pour préparer un chocolat chaud.
Nous voici ramenés à l'état de bêtes
sociales. Nous reniflons l'odeur de la poudre et nous vautrons dans l'attentisme
et la rumination de nos impossibilités de prise d'actes. Afin de nous
anesthésier, nous sniffons l'air du temps, les non-pensées qui vont avec et
persistons à prendre les vessies des éditorialistes pour le lieu du point G de
notre intellect.
En réalité, nous sommes des bêtes à
qui l'on a promis bouffe industrielle, divertissements sur écran et paix comme
au bon temps des colonies.
C'est
d'un long sommeil qu'il nous faudra nous réveiller plus tôt que prévu.
LSR
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