Démocratie et représentations, une question récurrente, par Patrice


Le pouvoir démocratique en question.

 
La question se pose de la forme que doit prendre ou avoir le pouvoir chargé de représenter la majorité des citoyens. Cet aspect tant vénéré depuis 1789 et qui a coûté si cher. La légitimité n'est pas en question puisqu'elle est la base de la démocratie, seule sa forme peut se discuter.

Choisir sa hiérarchie politique représentative n'a jamais semblé aussi difficile qu'aujourd'hui. Après avoir pratiqué à peu près tous les aspects possibles de celle-ci, force est de constater que l'on n'est plus satisfait par aucune. Quelle que soit la façon dont on désigne ses représentants, on reste peu satisfait de la forme d'élection d'abord, puis du choix des postulants. L'usure du pouvoir serait-elle à l'origine de la remise en question de la forme ou, le temps aidant et l'exercice se prolongeant amènent-ils une moindre confiance dans les délégués ? Le simple questionnement est aussi le propre de l'évolution. Le sujet est grave car il concerne les fondements de la démocratie. L'idée que l'on a de celle-ci évolue-t-elle avec l'expérience ou avec l'évolution de l'intelligence ? Faut-il revoir l'idée de démocratie et/ou celle de la représentativité ? La question n'est plus tabou, c'est plutôt un signe de bonne santé de la démocratie qui cherche à s'améliorer pour mieux durer.

Confronté à une demande de plus en plus diverse et multiple de projets et de candidatures qui se veulent toutes plus représentatives les unes que les autres, je me prends à réfléchir à voix haute. Je m'interroge sur le besoin et sur le chemin que cela prend.

Avant toute chose, on peut se demander jusqu'où ira l'Etat dans les délégations qu'il entend mettre à la représentation. Les fonctions régaliennes représentent de moins en moins de secteurs sacrés et la pression de la société civile, qu'on ne peut autrement nommer, se fait pressante de s'octroyer des pouvoirs qu'elle considère comme étant de son ressort. Il faut dire que compte tenu des ratés qui voient le jour au travers de la pratique que font certains hommes et femmes politiques de leurs délégations représentatives, on ne peut que souscrire à une volonté de faire mieux. La question est : jusqu'où ira l'Etat du déshabillage de sa puissance tutélaire ? Le Grand Léviathan n'est plus, car il était trop gourmand et ne vivait que par et sur sa seule puissance. Comment l'Etat d'aujourd'hui entend-il gérer son fonctionnement s'il délègue de plus en plus de ce qui constituait sa puissance ? Avoir fait de la politique un métier rentable et envié, n'est-ce pas ce qui risque d'arriver à des nouveaux substituts sociétaux ? Combien de temps de nouveaux titulaires de pouvoirs resteront-ils neutres ? L'empressement d'associations civiles ou ONG diverses n'est-il pas le signe annonciateur d'une possible gabegie ?

Le fonctionnement d'un Etat étant corrélé à celui des autres Etats, le besoin de puissance représentative s'inscrit dans un puzzle mondial. Les relations interétatiques reposent toujours sur la puissance qu'il faut savoir imposer et dont il faut pouvoir disposer et gérer dans un ensemble, ce qui n'est pas donné au citoyen lambda.

La croyance populaire tend de plus en plus à croire et faire croire que les rapports s'établiront de société à société, en toute bonne relation. L'Histoire prouve qu'il n'est d'existence d'Etat que par la représentation d'un pouvoir fort. Voir et considérer les rapports interétatiques sous les auspices de conseils citoyens, conseils de quartier et autres ONG de bienfaisance et de bonne volonté ne constitue pas un Etat au sens historique du terme. Définir les membres représentants, c'est revenir, avec le temps, à la situation d'aujourd'hui. Il semble que l'Histoire de la démocratie ait fait une boucle pour en revenir à ses origines. Tels que présentés, les projets "sympathiques" ne nous font pas faire de progrès, juste un retour pour recommencer le même cycle. La volonté de rendre la démocratie de représentation complémentaire d’avec la démocratie d'interpellation, au lieu de les opposer, participe d'une volonté de délitement des pouvoirs effectifs et d’une multiplication des courroies de transmission. La seule question qui vaille est : où serait le progrès ?

Nous sommes donc au point de nous demander quel chemin doit emprunter la démocratie pour continuer à justifier son postulat.

Patrice C.

 

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