Quelle cohésion sociale en 2014 (d'après une étude du Credoc)


Demain est une autre guerre sociale.


Une rage égoïste prend ses aises par les temps qui courent. Nous le mentionnons depuis pas mal de temps par nos bricoles, billets et humeurs à l’égard de l’ère du temps. La liste serait longue, recherchez dans nos pages.

De toute évidence, les offices des statistiques et enquêtes, dont l’estimable Credoc (acronyme de : Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie), confirment cette tendance à l’incivisme et au repli sur soi dans le « chacun pour soi » pour la survie sociale, d’un côté, ou pour la conquête de davantage de riquiquis privilèges, de l’autre.


La presse gratuite le note....
Mieux, une enquête réalisée dernièrement et parue en ce mois d’octobre, intitulée « Le modèle social à l’épreuve de la crise –baromètre de la cohésion sociale 2014 », réalisée à la demande la Direction Générale de la Cohésion Sociale, démontre une involution culturelle et mentale de nos concitoyens de toutes les catégories socio-professionnelles. A grands traits, livrons-en quelques éléments.

De moins en moins, les Français estiment nécessaire de maintenir ou renforcer un des éléments clefs de la cohésion sociale, le système de protection sociale. Ce qu’il y a d’extraordinaire, c’est que ce sont les plus touchés par la crise ou les conditions d’existence, principalement les chômeurs, les moins diplômés, les bas revenus et les personnes souffrant d’un handicap qui ne ressentent aucun besoin de défendre notre système de protection sociale dont ils bénéficient pourtant. Pire, ce sont eux qui estiment le plus que notre protection sociale « est moins essentielle » qu’auparavant. Paradoxe ? Non, pas vraiment. Il est tellement plus subjectif et facile de viser l’autre dans l’œilleton de son arme que les classes populaires et moyennes ont cette fâcheuse tendance à désirer scier secrètement la branche sur laquelle leurs postérieurs sont nonchalamment posés.

A y regarder de près, les auteurs de l’analyse le soulignent, le bien commun et l’utilité commune ne constituent plus un facteur de cohérence politique. Pour nos concitoyens, la collectivité ne prime plus sur l’individu, le collectif en berne ne répond plus aux besoins de la nation. Une tendance libérale a été inoculée dans les veines des Français. Au compte-gouttes et au fil des ans, les Français ont intégré dans leurs synapses le poison qui les tuera au point même de l’adopter et le revendiquer de plus en plus fort (est-ce un suicide politiquement assisté ?). Ainsi, la pensée libérale triomphe. Parmi les plus nécessiteux, si l’on peut dire.

Les auteurs du rapport le notent, un tel désenchantement se fonde sur une désillusion principale : l’Etat, le rôle protecteur et régulateur de l’Etat, autrefois nommée « L’Etat-providence » ne répond plus de rien. En cause, la flambée des chiffres du chômage et de la précarité officiels, pourtant plus faibles que leur réalité, et la pauvreté emportent donc un esprit de sécession qui se généralise.

Chacun pour soi, tout le monde doit se débrouiller tout seul, telle semble devenir l’antienne qui se propage dans le pays. Et ce y compris quand un accident de la vie survient (accident du travail, maladie, invalidité...). Au fronton des édifices publics, nous pouvons retirer les notions fictives (juridiqueségalité et fraternité pour ne plus retenir que celle de liberté, ainsi que les débats post-révolutionnaires en convenaient, avec notamment des prosateurs autour de B. Constant, mais une liberté économique au plus haut degré de concrétion.

Il est à remarquer que l’individualisme est une denrée qui se lie profondément avec un égoïsme de vue généralisé sur les problèmes moraux que rencontre le pays dans ses débats : quand le mariage est considéré « pour tous », le suicide assisté est lui aussi envisagé « pour tous » ; un pas est ainsi vite franchi pour revenir aux bonnes arrière-pensées de la guillotine pour tous en cas de certaines commissions de crime. En réalité, nous sommes entrés, en France, dans la toute première phase d’un libertarisme à la sauce franchouillarde où il serait dorénavant à l’ordre du jour un « chacun pour soi pour tous », ou encore un « rien pour tous en chacun par devers soi ».

Autre forme d'égoïsme, cette fois dans la presse payante
Ainsi triomphent, avec quelques décennies de décalage, les apologies libérales des années 1980 où B. Tapie était le modèle naturalisé de l’homme moderne par le socialisme de gouvernement. Et ce triomphe a pénétré les classes les plus dangereuses : les classes populaires déclassées, les plus désenchantées, les plus promptes à porter le fer contre l’autre, contre tous… Qu’à cela ne tienne, chapeau bas à vous les artistes de la République à tout bout de lèvres rosies par leurs jolis conforts. Nos édiles économiques et autres gouvernants de tous les bords politiques peuvent donc ramasser à la pelle cette poussière pour assembler une société bâtie sur la suprématie de l’individu destructeur. A moins qu'un démagogue fort propose de le suivre pour la conduite politique du pays.

1984, c’est demain, écrivions-nous par exemple en juin dernier, nous appuyant sur l’esprit policier de tous dans ce « chacun pour soi » pour tous postulateur… à l’aide d’Orwell, bien entendu, pour abattre un système de protection sociale générant une cohésion a minima par ceux-là mêmes qui en bénéficient en premier lieu (http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/06/nous-sommes-tous-des-nuisibles.html).

LSR

 
On peut télécharger ce rapport du Credoc à cette adresse : http://www.credoc.fr/pdf/Rapp/R312.pdf

Des remarques et commentaires sous la forme d'un dialogue entre Patrice & LSR complètent ce billet : http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/10/ajouts-au-debat-demain-est-une-autre.html


 

 

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