L'Europe colonisée par elle-même, par Patrice


L'auto-colonisation de l'Europe.

Le monde va tellement vite dans sa vie, dans son existence, qu'il ne s'arrête plus aux détails qui faisaient, encore au XXe siècle, les fondements des sociétés.

Il n'est plus et n'a jamais été question d'aller lentement vers le progrès, mais d'y aller vite, car cela évite la réflexion, la contestation, la remise en question de ce qui s'avère être très profitable à ceux qui ont engagé le mouvement. "Marches, tu réfléchiras après !" Après, ce sera trop tard, trop loin déjà et les nouvelles valeurs auront eu le temps de s'installer, de fonctionner et de justifier qu'on ne les conteste pas, et surtout qu'on oublie l'avant pour le maintenant.

On ne se construit pourtant pas sans préserver et entretenir ses racines, son histoire, son passé qui servent de fondations. Depuis l'après Seconde Guerre mondiale, l'Europe est traitée de la même façon que le furent les colonies du début du XXe siècle. Les Européens sont arrivés dans leurs colonies, se sont installés et ont décidé, qu'à défaut d'être leurs pays, ceux-ci vivraient comme si cela était le cas. La mentalité conquérante de l'Occident, qui avait fait ses choux gras de ses conquêtes post moyenâgeuses pour les ramener chez elle avec profit, est retournée s'installer sur les mêmes terres, et quelques-unes en plus, avec la ferme volonté de dompter des pays entiers et d'imposer ses règles au détriment de tous critères locaux. Lorsque financièrement cela ne se justifiait plus, et devenait trop difficile à gérer, on a abandonné purement et simplement ces pays et leurs populations sans leur avoir inculqué la notion raisonnée de progrès profitable. Les pays laissés à l'abandon se sont retrouvés fort dépourvus, sans plus d'avenir "moderne" et sans plus d'Histoire oubliée, dénigrée et reléguée au rang des accessoires défunts.

Rétrospectivement, l'Occident conquérant à découvert qu'il subsistait des "trésors" enfouis sur lesquels il fallait mettre la main pour son confort et son avenir personnel. On n'hésite même plus dans ces cas-là à organiser, à créer de toutes pièces des guerres locales où l'on s'imposera par les armes moyennant droit à valoir et préemption sur le pays.

Dans ses frontières, l'Europe s'est comportée de la même façon avec ses peuples respectifs. A qui a-t-on demandé son avis ? Qui a défini la marche inéluctable du progrès dévoreur de valeurs ? On a vendu aux peuples d'Europe la même "modernité" qu'aux peuples d'Asie et d'Afrique au début du XXe siècle. On leur a imposé la "modernité" de l'époque, on les a mis devant le fait accompli de choix inévitables. Aujourd'hui, il n'est pas question de quitter le terrain, il faut assumer et toujours pousser plus loin cette roche indomptable. Cette stratégie ne peut se concevoir que dans les cabinets inquiétants de "décideurs" de la marche du temps où ils doivent tenir compte non plus de l'ennemi éventuel (encore que), mais des partenaires planétaires. L'inter-étatisme est devenu le socle incontournable d'une paix relative et les décisions partagées ne souffrent pas d'arrangements sociétaux. Que pèse aujourd'hui le bien être des peuples face à des impératifs de rentabilité (plus ou moins avérés) ?

Les peuples d'Europe, aujourd'hui, sont les pauvres bougres des conquêtes africaines d'antan. Ils peuvent toujours se donner l'illusion d'être maîtres chez eux, ils ne sont en fait que tolérés. Les soubresauts sociaux ne sont plus que le seul symbole toléré d'une société encore vivante mais réduite à l'impuissance et tenue en laisse. Le même jeu continue mais, cette fois, il faut aux "décideurs" constamment inventer pour noyer la prise de conscience et l'éveil à de plus justes valeurs que les leurs.

Peuples d'Europe, vous participez à votre propre insignifiance.

Patrice C.

 

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