Connaissez-vous votre voisin ? par Patrice


Vous prétendez connaître vos semblables ?


Prenez-vous le métro ligne 5, qui passe à gare de l'Est et gare du Nord ?

Utilisez-vous la ligne 13, entre place de Clichy et St. Denis ?

Prenez-vous les RER A, entre Châtelet-les Halles et Villepinte ? Prenez-vous l'autoroute du Sud un soir de départ en grand week-end ?

Si vous répondez non à ces questions, passez votre chemin, vous n'êtes pas concernés.

Il va vous falloir expliquer comment vous apprenez et découvrez vos semblables, par quels moyens. Il faut que ce soit circonstancié et développé ! On ne pourra pas se contenter d'approximations et on ne vous croira pas sur parole. Il faut du vécu. Du dur de chez dur ! La simple serviette sur un coin de sable chèrement combattu ne peut suffire, compte tenu du fait que vous êtes en vacances avec, normalement, tout le temps devant vous.

Si la cueillette des champignons peut vous être d'un délassement profitable, sachez que ce n'est pas si simple… Le rural est souvent rugueux et rien n'est plus gratuit ou facilement autorisé. Lorsqu'encore c'est le cas, il va vous falloir batailler comme pour étendre votre serviette sur la plage. Utiliser votre voiture pour aller à trois cents mètres faire les courses hebdomadaires dans un petit supermarché n'est pas en soi recevable au titre de vécu grégaire, où la proximité des autres est de bon voisinage empreint de convivialité. Bref, si vous vivez dans une ville de moins de cinquante mille habitants, vous ne pouvez prétendre être représentatif de ce qu'est la vie en société telle qu'elle est aujourd'hui. Vous ne connaissez "même pas" l'aventure que représente un voyage porte de St. Ouen-porte Dauphine par le périphérique ? Heureux que vous êtes ! Mais vous vivez chez les Bisounours ! C'est une maison dans la prairie que la vôtre !

Quand je vois de ma fenêtre quatre pauvres bougres couler une dalle de ciment sur un immeuble en construction avec la pluie qui descend si drue que je reporte ma sortie, je me dis qu'il est encore des esclaves, des forçats qui, eux, n'ont pas le choix. S'agissant, finalement, de mon existence, je suis moi aussi relégué au rang de forçat de la société et esclave de la fréquentation imposée, alors qu'elle est si désagréable qu'on en vient à souhaiter la mort de la moitié au moins de ceux que l'on approche par la force des choses.

Bien sûr, vous ne prenez pas, vous n'êtes pas obligé de prendre le train entre gare de Lyon et Fontainebleau ? Sachez que le charme désuet de ce qu'était la SNCF a disparu depuis longtemps. Il s'agit maintenant d'un jeu de hasard où rien n'est plus sûr. Les trains qui arrivent à l'heure, c'est vrai, cela n'intéresse personne. Par chance hasardeuse (si vous parvenez à le vivre comme ça !), le trafic est devenu complètement aléatoire… C'est dans le hall de la gare, au moment de partir pour être à l'heure à vos obligations, que vous apprenez, médusé, que "votre" train a été supprimé ! Ne demandez pas pourquoi, et d'ailleurs à qui ? Cela ne sert à rien ! Personne n'y peut rien ! Prendre le train est un jeu de hasard sur certaines lignes. Prévoyez quand même une bonne âme pour venir vous rechercher à partir de 22 heures, sinon vous risquez de dormir dans la gare. Si elle ne ferme pas et, au mieux, de devoir, là aussi, vous battre pour monter dans le seul bus de 65 places mis à votre disposition alors que vous êtes trois cents à postuler…

Ces aléas de la vie sont d'autant plus mal vécus que plus personne n'est en mesure de les supporter placidement. C'est qu'il y a une pression constante, durable et pérenne.

De quoi sont donc faits vos soucis ? Votre quotidien ? Votre vie en dehors de tout ça ?


Patrice C.

 

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