Religion du vote... pour qui, pour quoi ? Par Patrice
L'illusion collective.
Le seul débat qui vaille, au lendemain d'une élection
que d'aucuns prétendent être locale, alors que de toute évidence elle fut
conduite comme une élection nationale, et qu'il n'existe pas de petite élection
s'agissant du territoire et de ses habitants, reste celui de la participation.
Avancée comme le symbole de la mobilisation des
citoyens, alors que l'on privilégie le chiffre de l'abstention, en parler
d'abord c'est partir d'un postulat pessimiste. Là où l'on devrait se réjouir de
voir des citoyens responsables participer à la vie du pays, on commence par
regarder, avec une attitude mortifère et quelque peu goguenarde s'agissant d'un
pseudo manque de civisme et de devoir rendu, le taux d'abstention de ceux que
l'on considère encore comme responsables de leur avenir politique et redevables
à la mémoire de celles et ceux qui l'on portée au fil des siècles.
C'est en fait d'une considération sur la valeur de la
conscience des citoyens dont il est question. Aussi vieille que puisse être la démocratie,
elle a toujours fait appel à la conscience des peuples à disposer d'eux-mêmes
au niveau politique tant la confiance naturelle et réciproque n'a jamais eu
cours. Ce qui n'a pas manqué de révéler et favoriser les vicissitudes de l'âme
humaine, ce dont, à l'évidence le politique autoproclamé se fout royalement,
trop occupé qu'il est par des intérêts de groupes particuliers.
Demander la participation des hommes à la direction
d'un pays, de façon formelle, c'est introduire le doute et l'émergence des bas
instincts naturels de l'homme. Il eut été souhaitable que les décisions soient
prises en conformité avec les besoins naturels sans pour cela que certains les
revendiquent et ne s'en approprient la paternité. Les besoins d'une population
doivent être suffisamment évidents pour qu'on n'ait pas le besoin de les
soumettre à la vox populi. Ce n'est
pas lorsqu'il y a le feu qu'il suffit de crier « Au feu ! », il faut agir tellement cela est évident et
cela se passe de concertation. Les phénomènes d'urgence ne requièrent pas de
consultation. Introduire des priorités et des préférences, c'est encourager
l'homme à différer ses décisions jusqu'au point où cela devient intenable et
devienne l'apanage de quelques-uns, qui sont d'ailleurs ceux qui ont laissé
pourrir des situations pour mieux les récupérer. Pour ce qui est du tout venant
des besoins de la vie en collectivité, la logique seule doit suffire à pallier
tout risque de mise en péril à partir du moment où les hommes sont responsables
et un tant soit peu intelligents et vigilants. C'est la négligence qui créée
l'urgence.
Quel besoin reste-t-il donc d'organiser des
consultations ? Il est trop tard aujourd'hui pour revenir sur une
conception originelle de la vie en société. Les dés ont été pipés par la
prédominance et la volonté conquérante de certains. Au point qu'il a fallu en
arriver à se battre pour faire respecter la voix du peuple. Désormais, c'est
d'un devoir de mémoire dont il s'agit essentiellement en matière d'élection.
Devoir que l'on doit à celles et ceux qui ont combattu là où cela n'aurait
jamais dû être nécessaire. Se rendre au bureau de vote, c'est un acte de
contrition aux glorieux anciens qui nous ont permis de nous exprimer. C'est
aussi reconnaître notre vilénie.
Malheureusement, il en va de l'organisation de ces
consultations comme des situations qui les ont créées, elles n'auraient jamais
dû exister. Le pouvoir collectif naturel a été dénié au profit — déjà — de quelques-uns. Les élections
d'aujourd'hui n'en sont que la continuation sous couvert d’un devoir de
condescendance mortifère et quelque peu marqué de religiosité.
Patrice C.
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