"Tout ça pour ça", ou le chaos du quotidien en France, par Patrice
Bilan de mise à jour.
La reconnexion à la réalité terre à terre de la vie
quotidienne et partagée par tous est violente. Il s'en faut de quatre petits
jours d'absence, d'isolement, avec d'autres priorités et d'autres centres
d'intérêt, pour que le retour dans le système partagé nécessite un effort
important tant il n'est pas spontané. L’impression d’avoir à combler un
handicap.
Le simple fait de ne plus être en phase avec son monde,
qui est celui qu'on partage, car il y a urgence dans les choix que la nature
vous impose à titre personnel, suffit à ce que quelques dizaines d'heures
creusent un fossé qu'il est difficile de combler. C'est du moins le ressenti de
quelqu'un qui ne supporte pas que le monde tourne sans lui, sans sa présence et
sans qu'il l'observe en tant qu'acteur naturel quoiqu’involontaire. Il semble dans
ce cas, que l'on ait été exclus, envoyé sur une autre planète tant le parcours
de retour semble long et le besoin ressenti de se sentir à nouveau “normal“ sensible.
Ainsi, des statistiques, des résultats, des événements
grands ou petits prennent toute leur signification dans la construction de
votre quotidien et qu’il s’en faut de peu pour se sentir dépouillé. Les
composantes de votre existence sont tellement intégrées qu'elles deviennent en
fait sans intérêt tant elles font parties du décor de votre quotidien alors
qu’elles sont nécessaires. On n’en ressent l'existence et le besoin de les identifier
qu'au moment du sevrage.
Par exemple, on découvre qu'il y avait un complot du
yaourt. Qu'il y a plus de morts sur la route, et que TF1, dans le seul but de
faire monter ses tarifs de pub par son taux d'audimat, vient de voir l'une de
ses réalisations durement frappée par la mort de gens qui n'avaient en fait
rien à y faire. Qu'il existe un système (mafieux)
de revente des rendez-vous pris avec des spécialistes médicaux, et j'en passe.
Seule variable inamovible, le score supposé du FN dans
deux semaines (!) qui pourrait crever toutes les spéculations et atteindre 40%
alors qu'on nous affole depuis lure-lure avec les 30%. Preuve s'il en était
besoin que le terrorisme d'Etat existe et qu'il s'insinue dans les esprits.
Autre constatation toute aussi consternante, que le
plafond des 5.000 points puisse être atteint par le CAC 40, ce qui ne
serait révélateur de rien sinon d'une volonté des boursicoteurs professionnels
de s'amuser, ce plafond n'étant qu'anecdotique et fort peu révélateur de la
situation économique réelle.
On a envie, lors de son retour dans le manège quotidien
de dire : "Tout ça pour
ça ?". Finalement, on peut s'absenter. Sans avoir même à
relativiser, car on est bien conscient que l'on n'est pas aussi indispensable
que cela. On constate qu'il n'y a pas péril gravissime et immédiat et que la
vie suit son cours dans le sens qu'on lui a imparti qui est celui de la
descente… mais ça, on le savait déjà et il n'y a rien de nouveau sous le soleil
de plus en plus présent à la mi-mars, ce qui est tout aussi anecdotique mais au
moins agréable.
De fondamental, d'essentiel : rien ! Nada !
Là d'où je viens, j'apprends qu'ils ne sont pas contents (j'avais remarqué) et qu'ils vont faire une énième grève symbolique,
car ils sont conscients de leur valeur, de leur rôle, et qu'ils ont "ça" dans le sang, donc qu'ils ne
laisseront pas tomber la population et que grève ou pas ils travailleront quand
même et ne nous laisseront pas mourir, car telle est leur (belle) conscience.
Le "choc"
le plus révélateur est celui de constater que l'on puisse encore s'étonner, à
moins que ce ne soit pour faire des gros titres et alimenter le buzz, qu'il existe des industriels
escrocs en bande organisée, qu'il y ait plus de morts sur les routes tous les
mois (preuve que la répression n'est pas
aussi forte que la connerie de chacun des impétrants "tomobilistes").
Concernant tout cela, on peut se mettre en hibernation et revenir sans que ce
soit changé. C'est de la variable humaine dont il s'agit et toute surprise ne
pourrait aller que dans le sens d'un mieux. Dans le sens du pire : on est
dedans !
Haut les cœurs !
Patrice C.
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