Le bon wagon avec Laurent Bouvet, Patrice
La satisfaction.
Ouvrir un nouveau bouquin de Laurent Bouvet est
toujours un plaisir, de même que pour Onfray, Michéa ou Hermet. Au moins pour
moi.
C'est aussi une forme de thérapie. On sait (je sais) un peu ce que je vais y trouver,
car cela correspond à ce que je cherche et ne fait que confirmer ce que je
pensais superficiellement et raffermit ce que j'ai pu croiser "ailleurs", et bien en amont, dans les
strates de l'histoire de l'humanité, qu'elle soit proche ou ancienne.
Ça rassure de suivre un cheminement, de construire ses
connaissances de façon logique, rationnelle. On aborde le monde au quotidien
avec un regard plus affûté, plus sûr, plus ironique aussi tant les attendus
étaient prévisibles. Plus grand chose ne vous étonne. Vous avez l'impression de
savoir, d'avoir comblé un handicap et d'avoir un métro d'avance. Sans
forfanterie ni prétention lorsqu'on le garde pour soi, le spectacle de la société
devient un jeu de cache-cache où l'on a le plaisir de dire (de se dire) : « Je t'ai vu ! », « Je t'ai reconnu ! ».
Dans le cas du dernier ouvrage de Laurent Bouvet, L'insécurité
culturelle, c'est dès
l'introduction qu’on se retrouve "en
famille" et où l'on a le plaisir de noter et d'annoter le menu qui est
offert. Un peu d'avoir le culot de pouvoir discuter d'égal à égal avec le
tonton ou le neveu issu de l'université et, qui sait, lui, et même de pouvoir
le contredire ou d'apporter un complément, croit-on, aux affirmations
proposées.
C'est ainsi que mes bouquins sont toujours "outillés" d'un crayon prêt à sévir
et que je transforme l'ouvrage en carnet de notes décousues. Ça aide à fixer
les points importants (et rassurants)
et de les inscrire dans la mémoire. Nulle prétention, pensez donc, à cela.
Juste le respect et une condescendance bien volontiers acceptée. On (je) me dis qu'il doit être vachement
agréable de rencontrer et d'avoir dans son entourage habituel des individus de
la sorte, avec qui tout est dit et tout ce qui reste est question de "feeling" partagé. Après
l'essentiel ne subsiste que le bonheur, plaisant comme un effleurement
d'évidence. Tout est dit et compris, ne reste plus que l'observation et la
recherche de la confirmation de ce que l'on a bâti, acquis, senti. Cela
rappelle les situations partagées par certains auteurs avec un
confident-partageur, tels qu'Edgar Poe ou Sherlock Holmes. Le partage complète
et confirme les ressentis. La complicité avec un auteur rassure à plus d'un
titre. D'abord, de ne pas s'être totalement trompé et, ensuite, même seul, de
pouvoir imaginer une situation en partage. Il ne s'agit pas de virtuel (quelle horreur !), mais
d'association implicite vraie. Les coïncidences de telles rencontres, permises
par le livre, sont hors de prix s'agissant de son propre vécu.
Après cela, je peux continuer à vous regarder (vous
ne méritez pas la contemplation) avec sérénité. Sûr de mon fait d'avoir
un métro d'avance et d'être dans le bon wagon, sans vous.
Patrice C.
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