Je te surveille, tu me surveilles...





Surveillez-les tous !

Depuis que les Etats-Unis d’Amérique ont institué le Patriot Act, en 2001, nous le savons par les révélations d’Edward Snowden livrées en juin 2013 au journaliste et avocat Glenn Greenwald et à la documentariste Laura Poitras, toutes nos métadonnées sont surveillées : méls, appels téléphoniques, SMS, les conversations par Skype, tchat, etc.

Les autorités de toutes les démocraties occidentales ont fustigé illico les administrations célèbres du FBI, de la NSA et de la CIA dès juillet. On en oubliait le FSI (Foreign Intelligence Surveillance).

Laurent Fabius, dès le 1er juillet avait dégainé le premier en demandant des explications à la Maison-Blanche. Christiane Taubira, quant à elle, était si naturellement allée plus loin, dénonçant « un acte d’hostilité inqualifiable » des USA, que nous nous attendions à une vigilance nouvelle de la part de nos autorités françaises (de concert avec l’UE).

A la niche ! Couchés ! Nos brillants défenseurs des droits de l’homme sur la planète se contentaient de faire un show pour noyer la daurade. Qui peut attaquer de front un marché juteux qui profite en prime aux décideurs de tous poils ?

Les Etats-Unis poursuivent de plus belle leurs surveillances de leurs concitoyens partout sur la planète et de millions de résidents planétaires.

Tous les Etats surveillent leurs populations. Reste que la privatisation excédentaire des agences et administrations (naguère publiques) de surveillance montre que le contrôle de tous est un marché en devenir.

Frappée elle aussi dans sa chair en janvier, la France durcit ses mesures de contrôle. Dont acte. En surface, on nous dit que des sites islamo-fascistes sont bloqués, que des surveillances notamment de Facebook occupent nombre de policiers et gendarmes. Il s’agit en fait de confier un cadre légal (aux pratiques de surveillance jusque-là illégales) et élargir à l’occasion le champ d’action des surveillances en cas de suspicion de terrorisme. Un projet de loi sera présenté au prochain conseil des ministres. Que renferme-t-il ? Une fois n’est pas coutume, nous renvoyons à la lecture du Figaro qui révèle l’information ce jour : http://www.lefigaro.fr/secteur/high-tech/2015/03/17/01007-20150317ARTFIG00008-terrorisme-de-nouvelles-obligations-de-surveillance-pour-les-geants-du-net.php

Les libertés publiques sont en effet révisables en situation de guerre. Certes, nos concitoyens ne l’ont pas encore compris, nous sommes en guerre. Dès le 7 janvier, le président Hollande l’a affirmé, immédiatement relayé par son prédécesseur. Le théâtre des opérations ne se situe pas qu’au Mali ou par des frappes en Syrie et Irak. Il est aussi sur le territoire national. Les soldats patrouillent dans les lieux publics des principales villes de France, armés, casques et coutelas au ceinturon… mais sans les munitions adéquates. Mais les logiciels espions et l’écoute générale participent en premier lieu à la bataille du renseignement.

Glenn Greenwald, lors de la rédaction de ses articles après ses interviews de Snowden, l’avait démontré : les démocraties occidentales suivront le sens du Patriot Act des USA. La surveillance et le contrôle de toutes les pensées, des plus insignifiantes aux plus délicates à interpréter, seront les mamelles des Etats désormais dépourvus de ses regalia ancestrales. Comme écrit plus haut, il s’agit, qui plus est, d’un marché à l’international qui s’impose en matière de produits high tech.

Après tout, dans des villages et villes s’instaure progressivement des « citoyens vigilants » en lien avec les élus et la police nationale. La délation, sport national mis en évidence entre 1940 et 1945, a toujours été une occupation favorite pour quelques citoyens au-dessus de tout soupçon. Là, instituer par substitution le citoyen lui-même d’une part légale liée aux forces de l’ordre régies par des dispositions d’ordre régaliennes et publiques, prérogatives de l’Etat dit de droit, c’est tout simplement faire avaliser et accepter en leur for intérieur toutes les mesures de surveillance de tous à tous les moments de notre existence privée et sociale.

Patrice & LSR ont publié en leur temps des bricoles - et chaque fois en temps utile -, notamment le 22 octobre 2013 (N1) et le 11 juin 2014 (N2), sur cette faconde que tous promènent en soi. Tout est prétexte : vous achetez votre Navigo, vous serez cerné ; vous achetez un produit en grande surface et présentez votre carte du magasin, et vous serez épluché ; vous surfez sur internet, et des publicités ciblées clignoteront en permanence. Les tout-petits, dès la crèche, sont fichés sur l’éveil ou pas. Vous faites un barbecue et votre voisin regarde de quelle bois vous vous chauffez.

Le big data est un marché de centaines de millions de dollars. Tous en profitent : les Etats et les multinationales qui désirent, à terme, remplacer les premiers. Et votre voisin, votre propre parent aussi, vous surveille sans le savoir… sans l’admettre.

Toute trace sert les commerces. Toute sortie sur votre palier fera l’objet d'une éventuelle surveillance. En la matière, la réalité est aussi triste que le gâteau de votre mémé qui est tombé par terre : chacun a dans sa tête un « Patriot Act » dans le cerveau. Maintenant que vous le savez, que faites-vous ?

LSR

 

Note 1 :
http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2013/10/special-nsa-special-nsa-special-nsa.html

Note 2 :
http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/06/nous-sommes-tous-des-nuisibles.html

 

 
 

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