Heureux qui comme Clarisse... laisse tomber la presse en folie, par Patrice
Maelstrom infernal.
Comme dans un tourbillon, une machine à laver, nous
tournons sur nous-mêmes entraînés que nous sommes par des médias qui partent
dans tous les sens de peur de rater quelque chose et sautent sur tout ce qui
est facile et fait le buzz. L'information
n'est plus que d'opportunité.
C'est ainsi que nous passons du cas de conscience,
toujours pas résolu de l'exhibition ostentatoire des signes extérieurs de
religiosité à la formation de "curés"
d'une autre religion, sans transition, en survolant les massacres
archéologiques en Syrie, la Journée de la
femme, les sites touristiques enneigés quasi inaccessibles car on n’a pas
prévu qu’un jour il y aurait affluence et les bavures policières mises sur la
place publique après des années de tourments dans les prétoires.
De fait, nous n'avons plus le temps matériel et
intellectuel d'assumer, de gérer ce flux de sujets potentiellement importants
dont nous ne parviendrons jamais à résoudre l'équation et à assouvir la
connaissance avant de passer à autre chose.
Nous sommes
condamnés à vivre dans l'insatisfaction culturelle, dans l'à peu près et dans
le superficiel sans intérêt, le seul que l'on puisse résoudre et intégrer de
par sa vacuité. Ceci peut expliquer la "réussite" d'une presse approximative et tout à fait superflue,
ainsi que les flashs des radios et télévisions en continue.
L'information qu'on nous délivre ne nécessite plus
d'analyse, d'approfondissement et ne porte pas à la connaissance ou à la
découverte. Elle est brute de décoffrage (comme
l'on dit sur les chantiers du BTP), ce qui relativise son importance et sa
valeur intrinsèque. Comme sur les mêmes chantiers, on en est à une conception de fosse septique. Les
sujets dignes d'intérêt à long terme et de fond, sont l'objet de parutions
spécialisées dignes d'intérêt bien que constituant un lobby intellectuel
sanctuarisé et donc quasi communautaristes. De toute façon, c'est de temps dont
nous avons besoin s'il n'y a pas de filtre sélectif à la réception du flux
d'informations. Comment être sûr de ne pas rater quelque chose d'essentiel ?
La survie culturelle personnelle se pose en termes d'organisation. Comment
gérer le passage d'un sujet à un autre si le premier n'a pas trouvé de réponse
satisfaisante ?
Ainsi, ma voisine
est charmante et mignonne à ce que je peux discerner sous son voile intégral.
Son mari est très affable sous sa djellaba…
Comment puis-je intégrer (c'est bien le mot !) le fait de leur différence et l'admettre sans
tomber dans les clichés dont on m'abreuve ?
Comment puis-je admettre qu'il ne s'agit pas là, à
chaque fois que je les croise, d'une provocation guerrière sans tomber dans le
complotisme ? Un genre de bras d'honneur que l'on ferait à ma naïveté ou à
ma tolérance grande ouverte ? Je ne suis sûr de rien. Seraient-ils
salafistes ou wahhabites ? Et quelle différence cela fait-il de les avoir
pour voisins, si mignons avec leurs quatre gosses si polis et bien élevés ?
Je ne vais quand même pas aller leur poser la question à propos de leur culte
alors qu'ils s'inquiètent poliment et sincèrement de ma santé. Lui, serait-il
iman, par hasard ? Qu'est-ce que cela changerait ? Rien ! Sinon
que ma laïcité est malmenée, quelque peu bousculée, alors que ma liberté me
crie que c'est normal, que tout est OK. Y aurait-il encore des reliquats de ma
culture originelle qui me poursuivent dans mes retranchements ? Ai-je
assumé mon "coming out" ?
Suis-je esclave de l’info. ou de ma curiosité intellectuelle insatiable ?
Face à ce qu'on appelle à longueur de temps désormais
"les événements", de toute
sorte, c'est dans la durée que l'on se projette et qu'on avance par étapes. Le
plus difficile aujourd'hui : passer d'une étape à l'autre sans laisser en
suspens, sans avoir fait le tour, fini, intégrer, la première. Alors, envisager
sous tous leurs aspects les éléments qu'on nous fournit tous les jours, c'est
se condamner à l'insatisfaction perpétuelle. Que pèse, à ce moment-là, les
restes étrusques de Syrie, la formation de curés "exotiques" ?
Heureux les supporters du Paris-Saint-Germain et les
thésards noyés dans leurs recherches.
Patrice C.
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