L'Ile-de-France, pollution niveau rouge !, chut y'a élection dimanche... par Patrice
Misère de la politique en milieu urbain.
Jamais, dans mon souvenir, je n'avais vu à la météo du
JT régional d'Ile-de-France une carte de la région uniformément rouge !
Nous avons pu le voir pour la première fois au début de cette semaine. Ils ont
osé ! Je n'en reviens pas… Ils ont bravé le tabou de l'air "à peu près respirable" pour nous
dire franchement qu'il était empoisonné. Pour une fois : bas les masques !
On sait tous, les douze millions d'habitants de la
région parisienne, qu'on nous berne à longueur de temps, et là, soudainement,
on nous informe pour de vrai !Enfin ! Exhiber une carte toute rouge,
signe d'alerte et de danger bien connu, c'est dire l'ampleur des dégâts, de la
réalité des choses… Il ne manquait plus que cela. Erreur peut-être ? Une
initiative personnelle qui risque d'être sévèrement sanctionnée ? Toujours
est-il qu'on n'a pas attendu, d'abord pour se douter que la pollution n'allait
pas en s'améliorant, ensuite pour la ressentir au quotidien : nez qui
coule, yeux qui pleurent, essoufflement, etc. Bref, au niveau du ressenti,
c'est presque Pékin et on fait des pieds et des mains, depuis des années, pour
ne pas nous l'avouer.
C'est une époque révolue ! Désormais, on parle
"cash" ! Sans prévenir, on
nous sort du ronron habituel pour nous plonger dans la vérité : la région
est irrespirable ! Vu le niveau que l'on ne peut plus dissimuler, l'aveu
est de taille, car il implique qu'il y a accumulation. Avouer aujourd'hui,
c'est aussi reconnaître qu'hier on nous leurrait. Il est bien temps !
Nous sommes donc, depuis une semaine, le nez et les
bronches et par conséquent le sang, dans une bouillie dont on ne connait pas la
teneur exacte et l'incidence sur nos organismes. Mais enfin, on sait qu'elle
existe officiellement. On diffère, par peur peut-être de poursuites judiciaires
rétroactives ? Ou de constats médicaux statistiques annuels prouvant la
gravité de la situation sur les organismes et donc du coût que cela représente
pour la Sécu ?
Il faudrait donc agir… Oui, mais là, il s'agit de voir
les règlements en vigueur. Vaste sujet ! Le temps qu'on compulse, enquête,
recherche dans la paperasserie, l'alerte sera passée… Ça ne servirait plus à
rien. Autant ne rien faire. D'autant que la seule mesure appropriée serait
d'agir sur le flux de la circulation. Sacro-sainte
bagnole… Propriété privée… Toucher à ça, c'est forcément se brûler les
doigts, devoir affronter une bronca. Ouh la la ! Vous n'y pensez pas !
Pendant ce temps-là, les Franciliens et Franciliennes agonisent encore un peu
plus, papis, mamies, bébés confondus. Les sportifs sont priés de rester dans
leurs pénates, de même que les sensibles cardio-respiratoires.
C'est que nous sommes à trois jours d'une élection tant
redoutée par tous les postulants au pouvoir qu'il ne faudrait pas en plus en
rajouter avec la pollution. Obliger une circulation alternée à trois jours d'un
scrutin qui fleure déjà la Bérézina, vous n'y pensez pas ! Soyons sérieux !
Les postes officiels d'abord, la santé après… Surtout, la région n'a pas le
pouvoir légal de prendre la seule mesure qui s'impose. C'est l'Etat qui détient
ce pouvoir. Alors qu'on va voter pour des départements… A se demander,
effectivement, si ça vaut la peine de se déplacer, ce qui ne serait, au final,
qu'un juste retour des choses. Si c'est l'Etat qui décide dès qu'il s'agit de
la santé de la population, même localisée, on imagine la difficulté que cela
représente, surtout dans la conjoncture actuelle… « Allez s'occuper de l'air quotidien en ce moment ? Vous n'y
pensez pas ! On a d'autres choses à penser, nous ! Ce n'est pas à nos
électeurs que l'on pense, c'est à leur bulletin de vote. Qu'ils le fassent
mettre par leur chien si cela leur dit, mais qu'ils le mettent ! L'air, ça
peut encore attendre un peu. Ah bon, vous en mourez ? La vie est mal
faite. Je compatis. »
Pourvu que les Franciliens tiennent le coup jusqu'à
dimanche…
Patrice C.
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