Syndicats moribonds, par Patrice C.
C'est la lutte finale, camarades !
Il s'agit effectivement, et dans les
faits, de finale. Ce qui n'est pas sans réalité et pas sans tristesse.
Quid aujourd'hui des luttes syndicales ? On assiste depuis
des années, que l'on sait les syndicats de salariés le dos au mur des réalités,
à leur pitoyable lutte finale. S'ils
pouvaient pénétrer le dit mur, ils le feraient. Exister à l'intérieur d'un mur,
c'est encore ne pas mourir… Pitoyable effectivement d'un arriver "là" après tant d'années passées à
faire respecter les valeurs humaines et du travail. Qu'il paraît loin l'avenir
qui vit le jour dans les années 1865… Un avenir fait de respect, d'espoir et
d'avenir dans le monde salarié. A l'aune d'aujourd'hui, que de déceptions voire
de trahisons de la cause si belle qu'elle enthousiasma jusqu'à la mort.
La résistance, toute symbolique,
s'opère désormais sur les acquis post
mortem que l'on peut obtenir. De
plus en plus, il semble que les acquis in
vivo ne soient plus intéressants. Plutôt que de se dresser face à des
situations en amont des difficultés, on a choisi de ramper face à des
situations en aval. Le mal est fait, il nous reste le combat. Passéiste posture
! Les décisions graves concernant les entreprises sont visibles à l'œil nu. On
les voit venir de loin que déjà on est dans la difficulté. Anticiper les
difficultés, être prévoyant et non plus guerroyant. Voilà l'attitude digne et
productive. Eviter d'en arriver à la dernière extrémité.
Il semble aujourd'hui qu'on ne se lance
dans une bataille que lorsqu'elle est sûre d'être gagnée. Il s'agit la plupart
du temps de peu de choses. Queues de cerises ! Je vois avec beaucoup de peine
les ouvriers de Good Year se "battre"
— mais se bat-on sur des cendres ? —,
faire des pieds et des mains pour obtenir une prime de départ « avantageuse ». C'est une rente à
vie qu'il faudrait exiger ! Mais d'où part, d'où vient cette crise aussi
spontanée qu'insoluble ? Les médias ne sont pas, bien sûr, le meilleur vecteur
pour appréhender la situation… Il faudrait qu'il y ait du sang ! La presse,
cette catin ! Les salariés ne doivent donc compter que sur eux-mêmes. Si leurs
affaires déclinantes ne sont relatées que dans la presse syndicale, c'est tourner
en rond et se mordre la queue. L'exercice ne peut donc compter que sur lui-même
: les syndicats. Qu'importe d'ailleurs que les faits soient connus. Il doit
exister en amont des solutions de traiter "l'affaire" avec ce qu'on continue d'appeler « les instances officielles ».
Se pose alors la question de la valeur
et de la fiabilité des dites instances. Elles sont élues au suffrage universel.
Là se trouve une partie de la solution. Il y a trente ans qu'en France on vit à
crédit. Crédit de tout : crédit social, crédit des bonnes volontés, crédit des
décisions, crédit des lois. Ce ne sont plus seulement les syndicats qui sont le
dos au mur, c'est le pays !
Bien sûr, tout irait peut-être mieux si
davantage de salariés relevaient les manches de leur chemise pour s'attaquer
frontalement aux problèmes qui les concernent et les touchent directement. Mais
ils sont occupés, pris par leur vie privée. Sacrée ! Les faux, les apparences
doivent être sauvées d'abord. La belle
vie se veut égoïste. Etonnez-vous après cela qu'il pleuve des licenciements
comme à Gravelotte !
Mobilisation donc ! Où sont les
campagnes de mobilisation, de motivation, d'information ? Où sont les alertes ?
Il nous faudra donc revenir plus d'un siècle en arrière pour revivre les
situations sociales du milieu du XIXè siècle ? S'approcher des
situations du Pakistan, de l'Inde, du Bengladesh pour qu'un sursaut recrée les
conditions de défense du milieu du travail contre celui des rentiers aux mains
sales.
La prise de conscience se doit d'être
mondiale ou sera linceul.
Patrice C.
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