L'Etat, quel Etat ? par Patrice C.
L'Etat, ce mal aimé
Il nous faut un
exutoire et une victime potentielle. On ne peut se contenter de rouspéter
bêtement, mais on commence toujours par là. La victime est tellement facile à
accabler et elle a si bon dos, que l'on n'hésite pas… Mais, s'il a bon dos,
l'Etat après tout, s'en fout. C'est justement ce qui nous encourage à persister
dans son dénigrement et sa mise à l'index.
Historiquement,
on a toujours demandé, d'une façon ou d'une autre, à l'Etat d'être "l'homme fort" de la société. On a
réussi à se débarrasser des barbares médiévaux à qui on ne devait rien alors
qu'ils nous devaient tout, pour installer de toutes pièces un Etat dominateur
qui, moyennant protection, entendait qu'on lui soit reconnaissant, et il le
fallait (Hobbes). S'en sont ensuivis
des siècles de domination unilatérale avant qu'on ne découvre la démocratie et
surtout qu'on réussisse à la mettre en place. Tout cela rapidement exposé.
La période de
transition entre cette nouveauté, son application et la découverte que,
finalement, ce n'était pas la panacée est encore récente. Car, depuis peu, de
cet Etat qui devait être si câlin et sociable, on finit par se désintéresser.
On a mis moins d'une centaine d'années pour en arriver là. Tout passe, tout
lasse… Alors, on accable ! On manifeste son désintérêt, voire son dégoût. Pas
pour le système, car on n'en connaît pas d'autres qui soient aussi bons, mais
pour les hommes et les femmes qui le représentent. Cela peut durer un moment
alors que l'on a toutes les ressources pour mettre un terme à ce qui politiquement
et démocratiquement ne nous convient plus. On va devoir l'exercer deux fois
cette année. Mais cela nécessite une majorité, un consensus national… pas si
simple. Parce que, en fait, râler, c'est comme une deuxième nature. Je ne
dirais pas que ça nourrit son homme, mais ça participe à son équilibre. Surtout quand l'homme, la femme, sont
Français ! Alors, tout en rouspétant, on cherche, on retourne le sujet dans
tous les sens. A voir le monde, on serait tenté de se dire que tout ne serait
pas plus mal tous ensemble (comme dirait
l'autre). Que de toutes façons, il vaut mieux envisager la situation sous
cet angle-là, puisque le grand mixeur est en route depuis déjà longtemps et
surtout : que ça ne pourrait pas être plus mal. La France étant
géographiquement bien placée pour servir de voie de passage dans l'axe Nord-Sud
et un peu d'Est en Ouest, on a déjà fait la preuve que l'on n'était pas des
sauvages et en plus, ailleurs, c'est pas plus mal. Puisqu'on est déjà dans le
mélange et que l'horizon est ouvert (et on
l'ouvre en s'y rendant), on pourrait peut-être se débrouiller sans les leaders en poste à l'heure actuelle et,
en se remontant les manches, s'y mettre tous pour organiser un grand "open space" d'égalité et de bonne
compagnie. Dont acte ! Ne reste plus qu'à s'imposer.
Oui, mais là, il
n'y a pas que des saints. Colossale découverte ! Et ils sont déjà là les
accapareurs de toutes sortes, et ils sont nombreux les voyous qui veulent en
croquer et se faire mousser. Et notre sécurité alors ? Finalement, l'Etat, pour
la sécurité, c'est encore ce que l'on a fait de mieux. Evidemment ! Il faut
donc envisager les changements dans l'ordre non pas du structurel mais de
l'humain. On en revient au point de départ : il y a des gens qui n'ont rien à
faire là… et dans la "foultitude"
mondiale, ce serait bien le diable qu'on ne trouve pas ceux qu'il faut. Tout
cela ne se fera pas comme ça. Une quantité de valeurs inscrites, gravées dans
le dur de nos cultures et de notre éducation va devoir en prendre un coup… de
jeune.
On en recause ?
LSR
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