les margoulins de l'antiquaille, de la brocante, par Patrice C.


La politique de l’encan

Le Parisien du 6 janvier nous donne un bel aperçu de ce qu'est aujourd'hui l'esprit national, patrimonial et historique en France.

Des dizaines d'habitations, ex-bourgeoises, ne sont plus que l'ombre d'elles-mêmes. Les propriétaires, quand ils sont connus ou encore en vie, faute de moyens et d'ambition, laissent aller à vau-l'eau leur patrimoine personnel mais aussi celui de la France.

Ces anciens lieux de vie au riche passé recèlent en fait des valeurs en termes d'architecture, d'ornements et de décoration. La plupart de ces demeures sont, pour la plupart, plus riches en valeur globale qu'elles n'y paraissent si on prend la peine de chiffrer les différents éléments qui les composent. C'est ainsi que la chasse aux trésors est ouverte en permanence dans des bourgades de province où se trouvent ces objets de patrimoine autant personnels que nationaux. Une belle affaire pour des organisations qui prospèrent depuis des années, à l'affût d'occasions en or pour « se faire » beaucoup d’argent. Le développement de ce genre de commerce se fait évidemment sans le moindre scrupule d'aucune sorte.

Le comportement et la mentalité de charognards est de rigueur dans ce milieu, d'ailleurs proche du vol et du recel, sous couvert de commerce pas toujours très régulier et pas très regardant. Qu'ils s'appellent antiquaires ou brocanteurs, la marge est quelquefois faible entre le commerce et l'aventure. Ne parlez pas dans ces milieux de protection du patrimoine et de valeurs nationales… Chez ces gens-là, Monsieur, on ne philosophe pas, on compte !

C'est ainsi que des masures rachetées une quasi bouchée de pain parce qu'elles ne sont ni entretenues par les municipalités, ni même expertisées, sont bradées quand elles ne sont pas purement et simplement données à une entreprise de démolition pour que celle-ci fasse table rase afin de construire en lieu et place un immeuble « de rapport ».

Responsabilité donc bien souvent des municipalités qui ne se soucient même pas de savoir si le contenu vaut plus que la bâtisse et qui livrent, clés en mains, des pans du patrimoine au marché plus ou moins noir des antiquités et œuvres d'art. On retrouve, d'après Le Parisien, des cheminées historiques — de notre histoire commune et nationale — vendue aux Etats-Unis ou en Russie pour orner les demeures de nouveaux riches tout aussi sans scrupules que leurs fournisseurs.

Bien sûr, nous assure-t-on, il y a des lois sur l'achat et la vente de ces pièces portant l'histoire de la France et sur leur exportation. Compte tenu de la façon et des conditions dans lesquelles ces tractations sont effectuées, on peut douter de la régularité et de la protection que cela procure.

Il en va ainsi de la mise à l'encan de tout et de rien, mais aussi des hommes, de leurs valeurs, de leur morale. Preuve supplémentaire s'il en était besoin de la lutte de tous contre tous et du retour progressif à la loi de la jungle tant admirée et souhaitée par la politique de plus en plus ultra libérale, voire radicalement libérale. Le vers est maintenant dans le fruit que sont l'éthique et le bons sens commun.

Patrice C.

 

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