Couple, vie commune & vie en commun, par Patrice C.
La vie de tous
les jours
De
la vie quotidienne à la vie en commun qui est souvent son corollaire, il n'y a
qu'un pas. Mais ce pas là fait toute la différence.
Assumer
le partage de l'existence semble être notre devenir. Encore faut-il faire une
différence entre commun et collectif. La communauté réduite à la proximité
d'individus se traduit le plus souvent par la vie commune avec un(e)
conjoint(e), la vie en collectivité, c'est celle que l'on partage bon gré mal
gré avec ses semblables. Contrairement à la vie en commun, celle-ci n'est que
d'une proximité éphémère, de passage.
Toute communauté stipule et implique une
contribution et une part de sentiments, d'idées et de solutions. Contrairement
à l'autre qui n'est faite que de promiscuité et d'indifférence, si ce n'est
d'une identification forcée à la race humaine de façon transitoire.
L'indifférence dans ce cas, a beau jeu et n'implique rien d'autre que de
relatifs (et de plus en plus relatifs)
sentiments de savoir-vivre, quand ils sont encore utilisés… Dans les espaces
peu fréquentés, cela ne pose d'autre question bien souvent que celle d'être
seul ou très souvent de face à soi-même. Il n'y a pas de source de conflits ou
d'interrogations inutiles. La vie commune et partagée se présente sous d'autres
auspices. Plus question de distance et de relativité, les personnes sont dans
la proximité. Il s'agit là de partager l'espace, et plus seulement de bons
sentiments.
Ce
qui manque le plus à l'homme, où qu'il se trouve, où qu'il vive, c'est le
besoin d'espace. On ne se connaît que dans son propre espace, celui dont on
dispose pour faire le point et parfois s'y sentir un peu seul. Le partage doit
pouvoir ne pas être continu. On revient à l'espace commun comme l'animal
revient à sa gamelle. En dehors de cette possibilité de s'isoler pour mieux se
sonder et être face à soi-même, l'espace partagé en permanence devient vite un
étouffoir.
Il
en va de l'espace vital comme de la pensée qui elle aussi a besoin pour
s'exprimer, se reconnaître et se faire connaître, de pouvoir s'isoler mais
aussi se confronter à une autre. On n'imagine pas une pensée qui serait en
permanence sous la contrainte d'une confrontation. Quoi de moins bien partagé qu'une pensée ? Elle n'est faite que de
compromission, de rafistolage et de remise en cause. Confrontée à un besoin
de constance unicitaire, elle ne peut déboucher que sur une situation de trop
plein et d'implosion. Il faut donc lui donner de l'air, de l'espace, du repos. Le besoin d'indépendance est primordial.
Etre dans l'obligation de faire face en permanence et être obligé de composer
ne peut déboucher que sur une situation conflictuelle.
Finalement, l'homme, pour être heureux,
peut très bien ne rencontrer ses semblables que dans l'indifférence la plus
totale et même quelquefois brutale, mais il ne peut supporter longtemps le
face-à-face, le compromis obligé, la composition de circonstance. Quand il
réclame le droit à une isolation purifiante, on le taxe d'égoïste.
La
vie est mal faite !
Patrice
C.
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