Casqué dans le Cirque de l'histoire, F. Hollande choisit l'Allemagne
De l’infidélité en politique,
l’histoire de France
trahie. Quel cirque !
Le président de
feue notre nation, que nous nous distrayions à baptiser « le Grand Mou » il y a quelques
mois, a la Gaule en péril. Mais il est dur envers son peuple. Il est dur et
sans affect aucun pour l’histoire de France et les principes politiques idoines
qui devraient s’ensuivre. Appuyons-nous sur Boulainvilliers et reconsidérons
les vieux schèmes instinctuels qui inspirèrent la pensée politique au XVIIIème s.
lors de la Révolution initiée en 1789 pour saisir, peut-être un peu trop
hâtivement, toute la symbolique de l’infidélité plus fondamentale de nos
actuels gouvernants. Eh oui, le couple Hollande-Merkel est plus clivant que
tout autre relation fusionnelle de notre chef de l’Etat. Lui, il ressuscite une
inversion politique jamais connue depuis de Gaulle. Ses prédécesseurs
trompaient la France discrètement. Hollande, non : il y va casqué… casque
à pointe ? Un pas radical a été franchi ces derniers mois par le président
Hollande : la France se couche aux
pieds de l’Allemagne.
Le
comte Anne Gabriel de Boulainvilliers (1658-1722), à la fois historien et
astrologue réputé, a inspiré sur le mode de la critique, de la discussion et de
la reprise par réfutation, de Voltaire à Montesquieu, moult conceptions chères
à l’Ancien Régime. Premier des historiens à considérer l’art de gouverner comme
une science, il recherche les trames généalogiques, mais pas seulement, pour
situer les origines de l’hégémonie de l’aristocratisme sur les deux autres ordres,
clergé et Tiers-Etat. Le pouvoir de la noblesse, selon lui, est fondé sur une
filiation supposée du pouvoir conquérant des Francs (« les hommes libres », dit-on). Les
nobles Francs, hardis guerriers des forêts germaines, ont pénétré la Gaule et se
sont amalgamés à l’aristocratie gallo-romaine, renouvelant ainsi la noblesse
depuis les Mérovingiens. Celle-ci est donc à la fois franque, romaine et
gauloise. L’Ancien Régime était persuadé que Francs et Gaulois ont ainsi
fusionné pour constituer les fondations de l’aristocratie. Dans son Traité
des ordres, Charles Loyseau (1666-1627) note que « la noblesse de France prit son origine de
l’ancien mélange de deux peuples, à savoir des Gaulois et des Francs qui les vainquirent
et les assujettirent à eux sans toutefois les vouloir chasser et exterminer ».
Du
haut Moyen Âge (Vème-Xème s.) jusqu’au début de la période moderne, la
Renaissance (XVIème s.), soit une période longue, la légende de l'origine
troyenne des Francs devient à la fois source et histoire officielle que la
monarchie proclame. La royauté a besoin d’assises fortes pour s’incarner dans
le monarque et lui seul. Communément acceptée en France et propagée dans toute
l’Europe continentale, cette histoire donnait à croire que Gaulois et Francs ne
composaient qu'un seul peuple directement issu du peuple Troyen. Selon cette
conception, cette ethnie commune engendre une même origine ancestrale au
Tiers-Etat et à la noblesse. Boulainvilliers, sur le tard, mentionnera la
fusion puis l’aplanissement des peuples par l’absorption des Gaulois incorporés
sans problème dans les armées franques, les stimulant pour prendre part au
pouvoir social dans un seul corps de nation depuis au moins le règne d’Hugues Capet
(939 ou 941-996). Toujours selon Boulainvilliers, affirmer un droit de conquête ne fonde pas un droit
juridique ; il est une réalité
historique. Le comte entend ici soutenir le droit de naissance si répandu au
soutien de deux arguments : le
service du roi aux armées et la défense du bien public. Ce phénomène de
conquête réaliserait les droits de la noblesse, phénomène créateur d’histoire et
à la fois en-dehors de l’histoire, puisqu’il s’agit en premier lieu d’un mythe originaire.
Chez le comte, il n’y a pas de supériorité supposée des Francs sur les Gaulois
et Gallo-romains. Ils se sont juste amalgamés. La seule supériorité existante est
celle du patrimoine conquis de haute
lutte dans des victoires militaires ; ce patrimoine se transmet aux
descendants. Ce n’est pas une transmission héréditaire, mais une « possession naturelle ». Pour
Boulainvilliers, il fallut quatre siècles pour que fusion et amalgame soient
efficients et naturels. Voire naturalisés. C’est ensuite l’Eglise et la royauté
(toutes deux d’abord rivales) qui ont
créé des institutions régaliennes pour assagir et rallier cette noblesse trop
soucieuse de féodalité. Féodalité contre royauté, féodalité plutôt païenne
contre christianisme, libertés des seigneurs contre la naissance du Domaine, la
naissance de l’Etat administratif… tel fut le grand combat français. Passons
sur ce point…
Répétons-le,
en s’appuyant sur Boulainvilliers (car
il s’agit de la thèse principale des
constitutionnalistes germanistes : les libertés sont nées dans les forêts
de Franconie, et donc les Germains sont
la noblesse naturelle qui ne peut
que perdurer dans l’Empire), la
pensée commune transcendant les trois ordres durant la Révolution française devient
celle qui soutient que le roi n’est qu’un primus
inter pares parmi les nobles. Guère davantage. Le roi n’est qu’un Franc comme
un autre, un chef de guerre quand les Gallo-romains sont les ancêtres du Tiers-Etat.
Aux Etats généraux réunis à Versailles par Louis XVI le 5 mai 1789, la pensée
nobiliaire grossit le trait : les
nobles se veulent les descendants des conquérants et considèrent le Tiers
comme étant les (seuls) héritiers des
Gallo-romains. Une fois de plus, Francs contre Gaulois, conquérants Germains
contre défenseurs Gaulois battus par César. Aussi n’est-il pas anodin que l’abbé
Sieyès (1748-1838), avec sa célèbre brochure Qu’est-ce que le Tiers
Etat ? (« tout »,
répond-t-il, en 1789), proclame que le
Tiers est la nation et exclut la noblesse, « les étrangers », car le Tiers est lui aussi et finalement
héritier et des Francs et des Gallo-romains : il est issu de la fusion
paisible.
D’un
mythe à l’autre, du symbole transmis universellement mêlé aux faits, il n’y a
qu’une ondée passagère pour lire les soubassements en esprit des luttes, le cœur
des rivalités entre pays, les contradictions entre des lignes diplomatiques et
d’intérêts économiques stratégiques. Ou, au contraire, lire les affaissements
d’une claire direction pour la France entre souveraineté de l’Etat et assujettissement
à l’Empire. Qu’on ne se méprenne pas. L’angélisme de l’amitié universelle entre
les peuples est une fantaisie véhiculée par un PCF qui se trouvait dans les
mains de l’étranger dans les années 50. Il perdure dans les vues instituantes
de l’Europe qui sut faire sienne tous les brouets idéologiques pour soutenir
l’idée impériale. Derrière les mièvreries justificatrices des traités de
Maastricht (1992), Amsterdam (1997) et j’en passe (*), il y avait la parole d’évangile des pacifistes qui
travaillaient, qui pour le profit des Anglo-Saxons, qui pour le profit de
l’Allemagne. La France, située entre les deux, nation éclairée au XVIIIème s.,
révolutionnaire sur les traces des Anglais et des Américains, s’est dotée d’un
outil constitutionnel chargé de garantir sa politique nationale et, surtout, diriger
son indépendance et la liberté de son territoire.
En
1792, la première invasion d’une coalition apeurée par sa Révolution s’en est
suivi de cinq autres invasions : 1814, 1815, 1870, 1914 et 1940. Toutes ont
l’Allemagne en tête dans des coalitions pour s’emparer de nos biens, de nos
terres, au nom de leur principe fondamental d’une appartenance de la France au
glorieux et vieux rêve d’Empire carolingien. Les prétentions allemandes ne sont
certes pas autant inférieures aux prétentions anglaises. Pour ces derniers, la
France est tantôt l’Etat-tampon avec l’Allemagne, tantôt avec la Russie (impériale ou soviétique). A Londres, dès
1940, le général de Gaulle, malgré son amitié sincère avec Churchill, a dû
batailler ferme pour que la France ne soit pas ultérieurement rabotée,
disloquée, emparée par une énième conquête de la Couronne alliées aux
Etats-Unis de Roosevelt sur ses terres pourtant blessées par l’Allemagne et ses
affidés de Vichy. Dans les années 50 et 60, la décolonisation française était
mal perçue par les Anglo-Saxons. Ils se seraient volontiers passés de Gaulle, quand
leurs conceptions et directives n’étaient plus arrêtées à Londres mais à Washington.
Le « parti de l’étranger »
sévissait sur trois fronts : la Russie soviétique, l’Allemagne et
l’alliance GB-USA.
Certains
peuvent croire qu’il s’agit d’un gros mot d’utiliser l’expression « parti de l’étranger ». Elle est
pourtant explicite. L’OTAN avait des bases militaires sous contrôle US partout
sur le territoire et la majorité de la presse était noyautée par les intérêts
Anglo-Saxons, à l’instar de la CGT-Force ouvrière qui recevait ses subsides du
puissant syndicat nord-américain AFL-CIO comme médiateur de la CIA qui
orchestrait une opération de déstabilisation partout où cela était possible en
Europe (dont « Gladio » en Italie avec le Vatican et la fameuse Loge
Propagande duo –P2- du Grand Orient de
la Péninsule). De l’autre, la CGT de la rue Lafayette (aujourd’hui à Montreuil), organe supplétif du PCF, recevait ses
finances de Moscou. L’Allemagne n’était alors rien, sinon dans les Länder quelques
petites autonomies permettant de recycler en politique, dans l’administration ou
les entreprises d’anciens nazis dans le monde des affaires et de la paix
retrouvée dans la reconstruction. Mais l’Allemagne, par ses rêves d’empire, ne
tardait pas de former autour d’elle des ralliés à sa cause en France, qui au
nom de l’anticommunisme, qui au nom d’une adversité contre les Anglo-Saxons. De
Gaulle observait avec agacement ces trois tendances agir dans les couloirs des
palais nationaux, dans la cour des grandes entreprises culturelles et
économiques. Il le laisse entendre finement lorsqu’il constata que tous les
partis n’avaient rien retenu des leçons de l’histoire : il quitte la barre
le 19 janvier 1946 et prévient les moribonds soutiers de cette Assemblée de la
IVème République :
« (…) Nous avons commencé à reconstruire la
République. Vous continuerez à le faire. De quelque façon que vous le fassiez.
Je crois pouvoir vous dire en conscience, et sans doute est-ce la dernière fois
que je parle dans cette enceinte, je crois pouvoir vous dire en conscience que,
si vous le faites sans tenir compte des leçons de notre histoire politique des
cinquante dernières années et, en particulier, de ce qui s’est passé en 1940,
si vous ne tenez pas compte des nécessités absolues d’autorité, de dignité et
de responsabilité du gouvernement, vous irez à une situation telle qu’un jour
ou l’autre, je vous le prédis, vous regretterez amèrement d’avoir pris la voie
que vous aurez prise ».
Derrière
sa volonté de transformer de manière radicale la conception générale du
gouvernement et de ses rapports avec la représentation nationale, douze ans avant
la Vème, de Gaulle désire instiller l’idée que l’autorité politique d’un pays
ne peut ignorer les « voies »
prises à Berlin, Londres, Washington et Moscou. Une autorité politique digne de
ce nom, au service de ses mandants, au service de son peuple, doit en premier
lieu posséder des éléments organiques pour garantir sa souveraineté, pour
préserver coûte que coûte son indépendance nationale, en éloignant le plus loin
possible des sphères de « l’enceinte »
parlementaire qu’il quitte les ralliés aux causes de l’étranger. Par les
institutions gaullistes de 1958, il s’agissait de renouer avec une politique
active de construction économique nationale de la France laquelle, en
aller-retour, permettait d’inscrire l’indépendance de la France dans ce concert
des nations « amies » qui
vous veulent tellement de bien qu’ils nourrissaient l’ambition de vous
coloniser de gré ou de force.
L’histoire
parlait. L’histoire parle encore d’elle-même. De Gaulle, dans son Mémorandum du 26 janvier 1940 transmis aux
plus hautes autorités militaires et civiles du pays, président Daladier
compris, poursuit ses thèses parues treize ans plus tôt dans Le Fil de l’épée (1927) où il analyse la
puissance de l’Allemagne et ses appétits d’ogre militaire impérial et
industriel sur la France. Daladier comme le général Gamelin, tous en fait parmi
les « élites » capitulardes,
dédaignent un de Gaulle déjà inscrit dans la résistance et la volonté nationale
d’indépendance. Six mois plus tard, la plupart des mêmes obtiendront d’un
tribunal militaire qu’ils le condamnent à mort par contumace. En fait, le
système des partis des IIIème et IVème républiques, leurs passions partisanes,
du MRP au PCF, ce dernier si criard à l’encontre des dogmes mais cédant sans
cesse à l’opportunisme électoral et parlementaire, c’est la défense des petits
intérêts particuliers, la sauvegarde des privilèges du parlementarisme étriqué
et façonnant les baronnies modernes.
Nous
posons insidieusement la question depuis des années. Nous ne sommes pas les
seuls, quelles que soient nos sensibilités respectives. Après six invasions de l’Allemagne, allons-nous vers la septième ?
Je pense que la réponse est contenue dans la question. La construction
européenne, l’idéal mondialiste de certains de ses apôtres, n’est rien d’autre
qu’une Europe sous hégémonie
allemande. Ce n’est certes pas un hasard si les buveurs de rousse et mangeurs
de marmelade traînent des pieds et font savoir régulièrement qu’ils peuvent
désengager la City du système
bancaire européen, tout en ayant habilement conservé leur monnaie, trace tout
de même suffisamment symbolique pour démontrer aux yeux du monde que
l’insularité n’est pas un vain mot et rime avec indépendance et souveraineté
territoriale, économique et politique. Chez nous, l’esprit de la Vème a sauté
en vol dès les conciliabules de Maastricht.
Pendant
ce temps, le candidat Sarkozy, en 2006, stigmatisait onctueusement l’Allemagne « dominatrice » quand, aussitôt
devenu président, il plia ses gaules sous la bannière d’Angela. Son successeur le
président Hollande ne plie pas les genoux, il se couche dans le lit de la
dépendance politique et économique d’Angela la marionnette des tenants du
combat éternel contre le traité de Westphalie (1648). Là est l’histoire. Là
sont les faits. Nus et crus les faits montrent que le président Hollande prend
fait et cause pour l’Empire, euroconstructeur enthousiaste qu’il était déjà au
sein des cercles 'Témoins' de Jacques Delors dans les années 80. Or, rien ne peut
échapper à celui qui s’adonne, même à la manière exagérée de la lucidité d’un Günther
Anders par la plume (à bas les paroles doucereuses !), à la prise en considération ténue des faits, à l’analyse
concrète des situations historiques et politiques concrètes. En particulier la
politique menée aujourd’hui.
Au
tribunal de l’histoire de la France qui, malgré tout, reste
souveraine par son esprit frondeur, son aspiration à la liberté universelle, sa
langue, sa culture, et même sa technique technicienne
et juridique, un François Hollande sera jugé sous le sceau de l’infamie. Car les Français peuvent, avec
leurs partis, leurs syndicats et leurs prébendes et privilèges consuméristes se
coucher. Je dis, les Français peuvent, dans leurs discothèques et clubs de
pétanque, leur presse dévoyée au capital berlinois, toutes leurs institutions
faussement laïques se coucher au pied de la bohème, les Français ne finiront
pas de souffrir dans l’actuelle invasion germaine. Ils persifleront plus tard, les
Français. Ils écarquilleront enfin l’œil, les Français, contre ce qui exile le travail sur le
territoire, contre ce qui exile la souveraineté politique, contre ce qui exile
le simple rêve prosaïque de tenter l’aventure de la vie en progressant
intimement avec les siens. Je le répète, les Français peuvent trémousser leur
popotin en sirotant les effluves d’une comédienne nommée Europa, il n’en reste pas moins que nous demeurons des vagabonds de
l’existence à deviser et façonner une espérance chèrement acquise par tous nos
morts saignés par l’envahisseur de 1792 à 1940, de cette espérance que nous
construisons, bon gré mal gré, dans les heurts, dans les involutions en faveur
de la libération et de l’éveil universel.
François
Hollande président, il choisit les Francs, il délaisse la Gaule. Plus que ses
prédécesseurs déjà bien actifs, François Hollande président engage notre pays dans
une impasse historique : devenir un petit land européen dirigé depuis
Berlin. François Hollande président, il s’inscrit dans le reniement de la
Révolution française, préférant les « libertés
des forêts de Franconie », libertés martiales s’il en est. Notamment,
François Hollande président oublie les morts qui ont bataillé contre la
première invasion de 1792. François Hollande président, il ne peut feindre d’ignorer
qu’un esprit s’agite encore, certes faible, mais cet esprit vibre. Cet esprit
est celui des anciens et des modernes réunis. Il est l’esprit attaché à l’indépendance
et la souveraineté nationale et populaire qui résident en suc de vie dans le cœur
de tous les éléments de la population française, parmi toutes les sensibilités
politiques réunies. L’esprit du gaullisme, si le gaullisme est le nom de la
liberté et de l’indépendance de la France et des Français, est plus vivant que
nos élus dépoitraillés entre les cuisses de fer d’Europa.
LSR
(*)
Traité de Nice (2000), Traité de Lisbonne (2007) après les claques française et
irlandaise dans les vœux de Constitution européenne.... Lisbonne a signé l'infamie sur le dos des votes citoyens.
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