Cogitum (des rapports entre intellectuels & politiques), par Patrice C.
Ah, si tous les intellectuels…
La conjonction — et elle n’a rien d’astrale — du
politique (conquérant) et de
l’intellect (en fusion ou pas) n’a
jamais rien donné de productif et encore moins de profitable au bon peuple.
Les politiques, d’extraction
sociologique aux antipodes l’un de l’autre, n’ont jamais eu besoin de
références intellectuelles pour survivre aux tourments politiques du monde. A
tel point que les OPA dont furent toujours victimes les seconds figurent plus
une razzia opportuniste qu’une main tendue, mais armée. Qu’on se souvienne des
opérations militairement organisées et décidées par un Kremlin naissant sur les
intellectuels européens, cela pour la seule Europe, et du dépit qui s’ensuivit
pour les « mouches »
intellectuelles attirées par ce pot de miel d’avance avarié.
Qu’on besoin les uns
des autres ? Entre un cogitum
passionné et un goupillon toujours dans le besoin de prouver qu’il existe et
que ses fondations sont honorables ? La réflexion se suffit à elle-même et
ne supporte que le conflit entre égaux, même différents. Les querelles
picrocholines propres au monde intellectuel ne font guère avancer que les
thèses les plus hardies, à défaut d’être révolutionnaires.
Qu’ont donc besoin
les politiques de tels sujets ? Aucun. Par contre, la caution morale des
hommes de lettres ou des penseurs fait toujours bonne figure, dans la mesure
d’une bonne médiatisation qui déjà confine à une dévalorisation. De pensée, il
n’est ni question ni besoin en politique. Seule l’aura médiatiquement fabriquée
est nécessaire. Autant l’intellectuel se fait discret, autant le politique se
fait exubérant (la cigale et la fourmi),
mais de passerelle il ne peut pas y avoir. La récente démonstration de « penseurs » et autres nouveaux
philosophes plus ou moins humanistes mais fortement militarisés, pour arriver à
des dérives du genre Buisson, donne à réfléchir à la création puis à la
traversée d’une éventuelle passerelle entre les deux mondes. Au fameux « Je pense donc je suis » a trop
souvent et facilement succédé « Je
suis donc je pense ».
Dans
les deux cas, ce ne sont pas les intellectuels qui sont ridicules, mais les
politiques, car ils n'ont rien compris ou leur surface leur a suffit, croyaient-ils,
à leurs maigres ambitions de paraître plus que de faire. L'action n'étant pas
le propre des politiques, ils n'existent donc que virtuellement. La preuve, ils
sont échangeables sans grand progrès social. L'adhésion à la politique relève
du même esprit que celui d'être supporter de foot. Il est vrai qu'être "admirateur" d'intellos, ça n'engage
à rien !
Patrice C.
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