Peugeot-Citroën, par Patrice C.

La dernière-re, la dernière-è-re.
 
Il y a dix ans, ils étaient dix fois plus nombreux et la production était à 100 % de son potentiel. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 10 % et la production est de moitié. Il ne s'agit pas de calculer l'âge du capitaine, juste de constater où se trouve la production automobiles en France.

Les petits gars d'Aulnay ont "quand même" fabriqué 50 % de la production de voitures de leur usine tout en n'étant plus qu'à 10 % de l'effectif. C'est pas rien. Passer de 35.000 ouvriers à 3.500 en dix ans, c'est douloureux pour l'emploi en général. Surtout quand on sait que la voiture était le premier employeur de France. Que reste-t-il aujourd'hui de cette période inscrite comme glorieuse et qui ne le fut pas tant que cela, mais qui a vu la situation du chômage en France partir en flèche ?

Comment expliquer la décrépitude généralisée de toute industrie dite lourde en main-d'oeuvre : sidérurgie, automobile, filature, etc. ? Vers quel avenir se dirige-t-on au final ? La pseudo modernisation ne conçoit plus depuis longtemps que l'on puisse encore mettre ses mains dans la mécanique sale. Le modernisme, c'est la propreté. La saleté devait être réservée aux pays en voie de développement. Nous, nous méritons mieux que cela ! Le dirigisme industriel avait tout intérêt à développer des productions "propres", d'abord par souci d'économie des installations de production. Saupoudré de modernisme, on dirigea tout le monde vers le tertiaire. Moins sale, plus noble et surtout moins cher. Le virage s'est d'abord signalé avec l'arrivée de la robotisation. Le monde merveilleux était à notre porte, croyait-on. Le meilleur des mondes. C'était aussi celui d'Huxley. Le mirage devait aussi continuer à produire et à rapporter. A faire tourner la roue du profit à moindre coût, c'est-à-dire de plus en plus. C'est vieux comme Marx et pas moderne pour un sous. Juste habillé d'habits nouveaux. Envisager la redistribution et le keynésianisme cela relève de l'utopie meurtrière, pas de l'utopie paradisiaque, pas d'Icarie.

La dernière voiture sortie des usines Peugeot-Citroën d'Aulnay n'a pas eu droit à un au revoir glorieux, ni même à un enterrement de première classe comme cela s'est toujours fait lorsque cessait une production pour en accueillir une autre, car on ne passe à rien d'autre... on passe à rien. La tradition ouvrière ne s'est pas exprimée comme auparavant. On a même tué la tradition et les coutumes professionnelles. Ils ont baissé la tête les ouvriers d'Aulnay et se sont quasiment enterrés avec leur dernier travail, leur dernière production, leur dernière fierté.

"Il n'y a plus rien", disait Ferré et c'était pourtant pas hier. Alors, prémonition ? Non, évolution mais dans le mauvais sens.
 
Patrice C.
 
 

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