Lecture (1) - Bernanos & Bloy, par Patrice C.


La surprise des cathos

 
Les écrivains catholiques ont cette particularité qu'ils n'hésitent pas à flinguer allègrement leurs congénères en religion qui n'observeraient pas les règles afférentes.

On n'a pas de meilleurs point de vue et de meilleures analyses et informations que ceux de Bernanos et de Bloy concernant les faits historiques desquels ils furent témoins. On ne peut pas les accuser de cracher dans la soupe (ce serait insultant) mais il faut être prévenu que des adeptes du catholicisme peuvent être très rugueux car très orthodoxes lorsque l'on touche non seulement à l'essentiel (le leur) mais aussi aux valeurs humanitaires, ce qui est une bonne chose.

Ainsi, vous n'obtiendrez pas de meilleur rendu, de meilleur vécu de la guerre d'Espagne que dans Les grands cimetières sous la lune où le rapporteur, bien que de droite c'est-à-dire naturellement franquiste, dénonce avec virulence et force détails les méfaits commis par les troupes de la réaction. Ses écrits se transforment de fait en un plaidoyer pro-républicain au vu des comportements inhumains de la troupe. Il n'est bon témoin que désintéressé ce qui, a priori, n’était pas le cas de Bernanos. Les choses peuvent être démenties par le vécu. Les saintes écritures qui leur servent de viatique n'ont jamais caché leur intérêt pour le respect de l'être humain, c'est même leur tasse de thé. La mise en pratique et l'application "assouplie" de la doctrine ont permis pas mal de contournements. La sainteté est une discipline difficile ! Il ne faut pas croire que Bernanos se comporte pour autant en porte parole des anarchistes et du Poum qui ne se privaient pas de rendre la monnaie de leur pièce aux franquistes et selon les mêmes méthodes. Cette littérature n'est pas ointe des saintes huiles et ce n'est pas parce que l'on dénonce que l'on adhère. Loin s'en faut. La valeur reste de témoignage, pas de parti pris.

Quant à Léon Bloy, pour très rugueux qu'il soit, il était quelquefois ce qui allait devenir célinien. D'où d'ailleurs les citations et références fréquentes de l'auteur du Voyage à ses écrits. Dans Le sang du pauvre, la malédiction et l'anathème semblent être l'ordinaire de Bloy, toute population confondue. Remettre l'individu à sa place en lui rappelant ses turpitudes est l'exercice auquel se prête l'auteur et cela relève souvent de l'anathème, voire de la vocifération exaltée. Cela s'appelle en prendre pour son grade ! Malheur aux contrevenants à la loi divine que Bloy transpose à la hussarde dans la vie commune. Il n'est pour lui de bon chrétien que pauvre et compassionnel. L'absolu respect des règles est sa voie, l'anathème son drapeau. Ses constatations et témoignages de la vie sociale du début du XXe siècle sont un déluge de rappels à l'ordre et aux règles de la chrétienté, souvent pour le plus grand plaisir des athées. En un mot, on n'en sort pas indemne et les catholiques ne sont pas sûrs d'y trouver ce qu'ils en espéraient.


Patrice C.

 

 

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