Lecture (2) - Michéa, par Patrice C.
Michéa,
pour tout reprendre depuis le début
Loin des effets de manche et de la promo médiatique à
outrance, il est plus que jamais nécessaire de reprendre les fondamentaux.
Toute explication serait vaine si elle ne partait pas des postulats de base
pourtant bien nécessaires mais terriblement absents de toutes les explications
distillées ici ou là à force de fourches ou de camions d’évidences qui ne
tiennent pas la route tant ils manquent d’assises.
Retour donc aux explications élémentaires si absentes des
propos de salon qu’ils deviennent abscons, inintelligibles et étrangers à tout
le monde, sauf peut-être aux éditocrates
autorisés et autres missi dominici de
la pensée mercantile infusée à haute dose de par les autoroutes du non-sens
commun et de la messe pour initiés. Péquenots s’abstenir ! Oh là, manants,
nous ne partageons pas les mêmes valeurs !
Eh bien non ! Contre la Proustocratie, la Finkelcrottatie
et autres Mimiles du passe-droit littéraire de droit divin, il y a quelqu’un
qui relève les manches et prend de front les explications dans le sens de la
marche pour que la situation devienne audible au plus grand nombre, car c’est
de là que tout part et où tout revient finalement. Foin donc des
circonvolutions et contorsions en tout genre pour pétasses de salon : retour
au départ !
Il était donc une fois, une société qui finissait par
tellement se mépriser que plus aucun secours n’avait d’effet et que les
croyances en l’avenir étaient gommées, usées. La roue continuait de tourner et
seuls quelques faisans de société continuaient à parader sur des territoires
par eux annexés. Il ne s’est pas levé, juste décidé. Il fallait du courage pour
attaquer un programme tout ce qu’il y a de pédagogique à contre temps dans l’époque
qui ne s’adresse plus qu’aux avertis, investis/invertis et gestionnaires d’un
fond de culture acquis sans broncher et sans chercher à comprendre, ce qui est
un comble. Bien sûr, cela déplait, bouscule et perturbe une mécanique mise en
place à des fins malsaines et donc se retrouve marginalisé. Cela tombe bien
puisque, de marginalisation, cet apôtre a fait son fonds de réflexion. Lorsque
vous aurez compris que vous êtes — nous
sommes — tous plus ou moins conscients que dans une situation mise en
annexe nous sommes aussi profitables, cela ne vous blessera plus.
Tout retour sur analyse implique de révéler des choses
copieusement ignorées, voire diabolisées. La philosophie souffre toujours de
cette distanciation protectrice (des
animaux !) du plus grand nombre. Evidemment, il y a danger à
divulguer, éduquer et élever à la compréhension le plus grand nombre.
Explosif ! Seuls quelques courageux et (enfin) informés tenteront et affronteront le risque de se retrouver
marginalisés. Il est si simple et confortable de ne pas comprendre, finalement.
Mais n’oubliez pas que cela est rentable ! Mais pas pour vous… Avoir une
relative ambition de déciller les yeux de ses contemporains n’est pas une
sinécure. Cela permet au moins de vieillir paisiblement, réconforté d’avoir
fait et bien fait, ce que je lui souhaite, mais la quiétude béate n’est pas son
genre, j’imagine.
Si donc, votre conscience en éveil s’intéresse à votre cursus
d’humanoïde responsable, il est urgent pour vous et pour nous tous de se
plonger dans La double pensée de Jean-Claude Michéa (*). Je pourrais vous
dire que je n’ai rien lu de plus rafraîchissant et optimiste depuis Bakounine
et Kropotkine, mais cela serait très « marqué »
et pourrait faire fuir les moins courageux ou aventuriers de leur propre
existence qui n’est elle-même que partie d’un ensemble qu’il serait souhaitable
d’aborder désormais comme tel.
Patrice C.
(*)Jean-Claude
Michéa, La double pensée - Retour
sur la question libérale, Paris, Ed. Champs-Flammarion, Essais, Paris, 2008
(9,20 €).
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