La République, une fiction utile en spectacle politique
La
République, une bonne recette politique ?
La République, parce qu’elle n’existe
pas, sinon sous quelques formes par-ci par-là, connaît une manière de regain, un
bel effluve à l’essence suave. Mieux, elle attire une nouvelle foi.
Un temps possible repli stratégique
pour fonder une nouvelle unité populaire – au
début des années 2000 -, la République tombe dans les mains de quelques professionnels
de la démocratie authentique bien conservés dans le formol de leurs connaissances
et savoirs étriqués. La République, ils la tissent en boutonnière pour se
donner une apparence d’hommes d’honneur. La foi en la matière appauvrit les
présupposés de principe. Si foi il y a, c’est qu’une petite organisation s’est
bâtie autour d’elle, aux côtés des traditionnelles associations
philanthropiques et républicaines fondées de longue date. Mais la foi, mazette,
détricote la République pour en faire une vieille
fausse idée neuve. La chose publique défendue ou appliquée en un régime
politique institué a ses mérites : rassembler ce qui était épars,
promouvoir a minima le sens commun et
le service en faveur du bien commun. En revanche, dans sa conception partidaire
actuelle, la scierie est l’usine favorite du républicain habile aux escarmouches
du temps : planter quelques chênes de la liberté, s’auto-arroger une
filiation directe avec le pouvoir révolutionnaire de la période 1789-1799,
coupes sèches et principes sur le billot.. ou en majesté. C’est selon l’humeur
du temps.
Du moment qu’une once de
souveraineté et d’indépendance nationale a sauté tel un bouchon de Champagne
frelaté en Allemagne, la République n’a plus de vertu que celle du mousseux en guise de
symbole plus ou moins tenable pour (re)présenter par exemple la France.
« Une et indivisible », qu’ils disaient dans les constitutions…
Sans refaire l’histoire, puisque l’éclatement
de ses politiques publiques s’avère aussi déflagré que les prérogatives des
caciques des localités de France, une division a pris le pas sur l’unité de
façade : plusieurs France côtoient la
France. La fiction reste cependant nécessaire. Car sans fiction, pas de
politique étatique possible, sinon par l’artéfact de l’autoritarisme de régime
qui peut non moins subtilement ressurgir au moins dans ses formes apparentes – pour celles qui restent dissimulées, nous
renvoyons à nos bricoles sur le Léviathan à l’œuvre.
Définir la République ne sert à rien
ici. Nombre d’écrits le font partout à merveille. Les rivalités entre ses
différents courants font gloser, jaser, couler de l’encre et colloquer, mais ce
qu’il y a de plus remarquable encore, c’est qu’elle permet à un nombre
croissant de laissés pour compte de la petite-bourgeoisie intellectuelle de se
faire voir et valoir à bon compte. Briller par de bonnes remarques républicaines
lancées en public, en loge ou à la tribune de confortables conciliabules à
vocation constituants a le goût de miel dans le palais. D’autres préfèrent l’engagement
dans le footing au service des droits
ou des maladies, et c’est bien, cela sert l’innocence et la « bravitude » de l’absence de
responsabilité politique efficiente.
L’autonomie, la vivacité de la
délibération…. Tels sont les doux rêves pour qui revêt les habits républicains
militants. En réalité, il y a foison de chefs, d’attitudes autoritaires, souvent
des propos ex cathedra dominent en
sous-main et recherchent en premier lieu l’adoubement de « petits choses » qui calculent le
choc thermique de devenir à leur tour de fieffés Rastignac inavoués.
Dans les organisations cultuelles de
la République, l’on retrouve à côté des chefs leurs lieutenants et toute une
piétaille heureuse et béate de le rester en l’état mais qui aspire à l’éméritat
de bon aloi. De toute façon, s’organiser en cénacles constituants modernes s’apparente
plus à l’orchestration progressive d’émergences de jeunes chefs qui se prennent
pour Saint-Just, cheveux dans le vent, foulard au cou pour camoufler leurs nuits
fragiles à pleurer misère après le bon maître qui les guide, les houspille, les
instrumentalise pour sa gloire à lui. « Un jour viendra… »… patience !
La République gesticulante a toujours
permis les courbettes, les honneurs, les tribulations de barbons mal rassasiés
par leurs anciennes convictions socialisantes abaissées par d’autres. Il faut
séculariser ainsi un nouveau credo, une nouvelle secte politique qui tirerait –
peut-être – vers le haut l’indifférence
des citoyens qui ne veulent rien, n’attendent rien sinon leur confort tout
personnel - et une rangée de douceurs
dans les rayonnages de leur bibliothèque. Les fétiches sont de sortie. Ils
colloquent, nous le disions, ils sortent en province, tiennent arrière-salles
et arpentent les dîners républicains, quand leur agitation ne fait guère oublier
l’odeur rance de la répétition de tout l’existant de leurs formules militantes qui
ont fait mouche pour capter toute légitimité de manière épisodique. Pour eux, l’essentiel
tient dans la quête des postes. Ni plus, ni moins.
LSR
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