Retour de la "bête" sous perfusion populaire, par Patrice
Gare aux retournements de
situation.
Confrontés qu'ils sont aux unes de la presse qui en
fait surtout du sensationnel, les peuples européens sont privés de toute
analyse politique pour mieux être livrés fort dépourvus aux turpitudes qui
agitent le monde. La "mayonnaise"
ne fait qu'aggraver le sentiment d'abandon et surtout l'impression qu'ils n'ont
même plus droit au minimum de la part de leurs états respectifs — bien qu'animés de la même doxa européenne
formatée — c'est-à-dire de protection et de sécurité.
Que peut-il donc arriver dans l'esprit des peuples, que
peut produire une information tronquée réduite à son aspect "esthétique" immédiat lorsqu'elle
est livrée "brut de décoffrage",
à une heure de pointe, par des présentateurs que même l'apparence soignée ne
peut plus rassurer ? Abreuver d'images dignes d'un thriller ou d'un blockbuster
hollywoodien la masse des gens, qui ont droit à autre chose que celles qu'ils
classent dans leur cortex au rayon des horreurs qui passent au titre de
l'instantané éphémère, n'en fait pas des informés, des responsables, des
conscients de la situation du monde, des citoyens.
La prégnance de plus en plus évidente du délitement de
l'approche circonstanciée et analytique des faits de la vie, induit un repli
sur soi, un entre soi. Délaissés, les peuples qui ne sont pas un matériau
malléable à l’infini, commencent à fuir l'offre commune pour se réfugier dans
le taillé sur mesure prêt à l'emploi. Il n'y a pas à proprement parler
d'organisation proposant cette offre. Elle émerge par défaut. "La géopolitique pour les nuls"
reste peut-être à inventer. Encore faudra-t-il l'intéresser. En attendant, des
âmes compatissantes (!) proposent le rejet et l'amalgame et offrent un
raccourci satisfaisant, immédiat. Celui du refus inconditionnel et de l'offre
d'une "autre chose" tout
aussi peu dégrossie mais qui présente l'avantage de parler à ceux qui sont en
attente et qui ont peur. Rien n'est pourtant pire que de recréer des espaces
dédiés où se retrouvent les laisser pour compte ou qui s'estiment tels.
C'est pourtant ce qui semble mûrir en Europe, que ce
soit en Angleterre, en Allemagne, au Danemark, en Hollande, en Hongrie, en
France, et qui est sous-jacent partout ailleurs. La montée du traitement inégal
de citoyen dont s'estiment victimes les peuples, par leurs médias et par leurs
"représentants" (qui le sont de moins en moins), ne fait
que favoriser, renforcer cet esprit groupusculaire d'avoir raison en groupe, en
masse. Le chemin initial d'éducation par l'information est passé. On a, en
quelque sorte, raté le carrefour. Désormais, il ne reste plus à ceux qui nous
gouvernent ou le prétendent, qu'à animer (amuser ?)
l'opinion. Celle-ci est désormais ailleurs. Elle est allée trouver ce qu'on lui
refusait clairement : la vérité des choses. Nullement offerte sur un
plateau, mais on aime à le penser car, finalement, on n'a plus rien à perdre…
C'est ainsi que se constituent des "poches" de réaction au sentiment
convenu le plus répandu. Déjà vu dans les années 30, elles resurgissent. Ne
nous y trompons pas, le service après-vente peut être minima, les peuples n'en
demandent pas plus… Vous seriez donc étonnés d'avoir à constater, un beau soir,
que ceux que vous croyiez les plus actifs ne sont en fait que les supplétifs de
ceux qui, en catimini, subrepticement, sont les demandeurs. Que ceux que l'on
vous a "vendu" comme
initiateurs et futurs profiteurs sont eux aussi débordés par la "masse grouillante" de ceux qui en
ont assez et qui ont réussi à subvertir le modèle, par vous honni, pour devenir
représentatif par sa massification d'un élan incontrôlable car majoritaire.
Les derniers gris-gris de la démocratie ne sont plus
que l'ombre d'eux-mêmes. Les peuples savent se créer, quand besoin est, de
nouvelles idoles et de nouveaux espoirs.
Patrice C.
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