Fausse liberté d'internet, par Patrice


Paraître, mais à couvert.

Quand le simple fait d'être devient un besoin d'exister, la pathologie est en marche qui ne cessera pas de s'aggraver avant d'être devenue un besoin de paraître.

Ainsi va la volonté simpliste de celles et ceux qui ne rêvent que de ne pas être ce qu'il(elle)s sont. Pour le paraître, certain(e)s jouent la carte du bling-bling rendu célèbre par un funeste président de la Ve République qui n'hésitait pas à tout ramener à sa (petite) personne pour se faire valoir en apparence plus qu'en compétences, quitte à utiliser son intimité et à dévoyer d'autant le prestige attaché à la fonction et donc de faire deux ridicules : lui et la République Française.

L'avènement d'internet et des ventes d'ordinateurs qui s'en est ensuivie par la force des choses, a donné l'occasion de s'exprimer sans complexe aucun à beaucoup sous couvert d'anonymat, évidemment. La technologie permet de se faire ce que certains croient être une culture alors qu'il ne s'agit en fait que d'un "quizz". Aujourd'hui à son apogée, l'invention est devenue incontournable tant la simplicité d'utilisation permet de pallier à toute insignifiance et donc à tout individu lambda de se croire cultivé, fort qu'il se fait de pouvoir répondre à toutes questions de façon superficielle, mais de façon suffisante cependant pour paraître être un autre.

Les sujets qui sont et resteront des motifs de réflexion et d'analyse s'envolent en quantité. Les réponses apportées, elles aussi, s'envolent mais dans un désordre qui était, il n'y a pas si longtemps encore, inimaginable tant les ressources des individus sont infinies, semble-t-il, ce dont on se doutait un peu mais qui trouve-là concrétisation.

On peut donc trouver de tout partout. La liberté est ainsi confortée. Ce que l'on trouve d'abord et surtout, c'est n'importe quoi. A commencer par de pseudos analyses et commentaires qui s'affichent avec pour seul finalité, là aussi, de paraître intelligents, opportuns, pertinents et adéquats. Qu'on se le dise, toutes les classes sociales, mais surtout celles qui ne souffrent pas d'un déficit d'expression, s'expriment ou expriment qui une idée, qui une réponse, qui se fait fort d'être original et plus aboutid que l'autre que nous sommes tous les uns envers les autres. C'est ainsi que l'on ne rencontre guère de forums qui ne soient trustés par d'impénitents bavards qui ont, par ailleurs, déjà tout le loisir de s'exprimer à longueur de journée mais qui ajoutent-là la touche personnelle savamment concoctée. Paraître plus… toujours plus, alors que cela n'a rien de spontané, de naturel. Du fabriqué spécialement dans le but de… quitte même à ce que cela soit mal écrit, rédigé, mais ce n'est après tout pas le fond qui manque, alors l'aspect… vous pensez…

Pour ce qui est de la pertinence et éventuellement de la nouveauté, ne croyez surtout pas la découvrir au fil des lignes. Là s'expriment des opinions politiques, sociales, économiques, voire médicales qui se veulent être la quintessence de la perfection. Vous n'allez pas revenir là-dessus, quand même ? Finalement, on n'apprend rien et les modes que l'on nomme prétentieusement paradigmes ou doxa ne sont là que pour servir des affidés babas d'admiration et bobos de certitudes déjà acquises. Comme dans une pièce de boulevard ironique qui se déroulerait à l'insu des participants, vous ressortirez de là sans avoir acquis plus de connaissances avérées qu'en y entrant. Les choses seront toujours telles et le monde aussi. D'ailleurs, les auteurs ne sont pas venus pour améliorer quoi que ce soit et surtout pas vous, juste pour pérorer.

Les choses resteront donc en place, internet aura permis cette épanchement de bile au grand jour, la honte en moins que d'avoir craché dans la rue et d'être reconnu et l'impression d'avoir été intelligent, enfin… Voilà où s'arrête tout espoir de nous voir si beau.

LSR

 

 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Ce qu'est le syndicalisme libre & indépendant du macronisme-patronat

Aristote à Chartres (statuaire)

Malheur à toi permanent syndical de peu ! (tu ne sers qu'aux fiches policières)