Jusque ici, tout va bien
Rien de
nouveau sinon ramper.
Il ne se passe pas une journée sans
qu’un petit fait divers ne parvienne à faire frissonner d’aise nos concitoyens franchouillards
avides de sujets pour se faire déclinistes
à bon compte.
Du déséquilibré qui utilise son
véhicule pour renverser des piétons en criant Allahu akbar au train-train des petites commissions pour la Noël de
papa et maman, en passant par un braquage de bar-PMU avorté mais encore d’une
cinglée qui écrit sur le président de la République, la presse en furie se
prend les pieds dans une corde en sac.
Bien mieux, des émissions télévisées
consacrées aux tueurs en série, ou aux crimes récents n’en finissent pas
d’attirer de plus en plus de téléspectateurs. Quelques images d’archives, un
présentateur sur les lieux à l’air à la fois martial, vindicatif et sérieux, plus
de vagues témoignages et une poignée de reconstitutions tournées à l’aide de
figurants et intermittents du spectacle et le tour est joué. Le budget pub
fixé. La ligne éditoriale accomplie : proximité, frissons garantis,
« c’est arrivé près de chez vous… et
peut vous arriver à vous aussi ». Généralement, les témoins
pleurnichent autant que les commentaires du présentateur qui influeraient
volontiers pour une répression judiciaire moins clémente. Car, on le sait, pour
ces gens-là, la justice est forcément clémente ; elle ne rachète jamais ni
ne répare « la perte d’un être cher ».
Le propos est calibré. Eternel. Répété à longueur de faits divers.
Le sensationnel fait rimer
hémoglobine avec hémorragie de très-très bons sentiments. Rien ne change. Rien n’évolue
dans les tréfonds de l’âme humaine du bipède occidental moderne.
Le peuple s’émoustille devant sa
lucarne et se paie de frissons en semaine et de cul le samedi. Du moins, il
alterne avec les shows insipides de variétés de papy Drucker, et tout ce miel
cotonneux en prime sur les berceuses de Carla Bruni-Sarkozy, le tout enrubanné
de lumières criardes et de larmes dans la guitare ou le piano.
Françaises,
Français, tout va fort bien…
LSR
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