le prêt à politiser est nul, par Patrice


Quand la mauvaise humeur devient réac.

La traditionnelle et non moins amusante tendance bien française à râler de tout, de tous et pour tout, ce comportement que l'on attribue à nos ancêtres et dont on est même relativement fier, assimilant cela à la construction de notre personnalité nationale et qui nous permet de nous identifier clairement de nos voisins, ce comportement de coq gaulois si gentiment moqué est en passe de tourner vinaigre très aigre.

On quitte à grande vitesse les motifs habituels d'insatisfaction nationale que sont la circulation, le mauvais temps, les autres et les impôts pour adapter cette particularité à ce que l'on croit être de plus en plus inévitable, incontournable et insupportable alors que là encore nous en sommes responsable et à l'origine, je veux dire le personnel politique. Exutoire facile, celui-ci n'est pourtant que le résultat des consultations qui nous sont proposées à intervalle régulier. Finalement, c'est un peu ne pas être satisfait de soi-même que de déplacer son mécontentement, consécutif à une erreur de choix, sur ceux que l'on a pourtant choisi. On s'est trompé, on le reconnait, on le regrette et il ne nous reste plus qu'à rouspéter. Plutôt que de faire analyse et amende honorable, on jette le tout aux orties avec la faconde qui nous est propre : force démonstration et pas l'ombre d'un regret !

Ce comportement d'orgueil et de fierté de soi, bien propre au coq, tombe bien à propos. A la différence près qu'il est désormais habillé de frais et qu'il profite hypocritement d'un emballement proposé et manipulé à des fins partisanes. Cette altérité propre est devenue progressivement à sens unique et n'est plus appliquée à d'autres. Il en est maintenant du conflit des identités. Là où l'on pouvait s'émouvoir gentiment, on arrive à se battre. Les arguments ne sont plus dérisoires, ils sont devenus armes. On ne moque plus, on ridiculise, on bannit, on exclut. La tape dans le dos au comptoir du café du Commerce, de fraternelle est devenue agressive.

L'idéologie a fait son lit dans nos traditions, nos comportements et notre mentalité. Il n'y a plus d'innocence dans les propos qui sont tenus, avec la même vigueur, mais avec haine et provocation. On fragmente ce qui était une identité avec ses particularités au profit d'un prêt à politiser. L'autre est devenu un différent et il traîne avec lui toute une kyrielle de motifs adjacents et rapportés à des besoins tout autre que particulier. Désormais, ne plus être avec signifie être contre.

La conduite politique, qui se réfugie derrière des difficultés-prétextes depuis 2008, avoue par là même son incapacité à diriger et à recentrer les problèmes sur le quotidien partagé par le plus grand nombre au profit de celui de castes et de parti-pris. Le dérapage que cela entraîne fait tache et celle-ci s'étend et domine toute autre considération sociétale. Le résultat est objectif pour certains. Le terrain était propice, les Français mûrs. Aujourd'hui on adapte la situation et le langage et l'on avoue son impuissance à enrayer la montée du droit à la différence agressif. La vis est sans fin. Elle continue de pénétrer la population qui n'a plus rien de sympathique et de si identifiable au triste profit d'une nouvelle doxa mondialisée de circonstance. Les expressions se font désormais sur le ton de la vindicte et la différenciation des motifs et des mobiles ne fait plus attrait culturel, sauf à faire partie, elles aussi, d'une mondialisation belliqueuse et guerrière et qui devient définitive.

La montée en puissance du choc des cultures est de plus en plus évidente et c'est donc, là aussi, dans une guerre de tous contre tous que s'enfonce la société. Les motifs sont internationalisés alors qu'il faudrait les relativiser et continuer à vivre ensemble, sur un pied d'égalité, plutôt que de les exacerber au profit de quelques uns.

Citoyens du monde, reconnaissez-vous !

LSR

 

 

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