le voile, un vieux dilemme & la lettre ouverte de Patrice
une bricole qui nous interroge encore,
loin après 2013 :
http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2013/10/le-voile-un-nouveau-terrorisme-mental.html
Lettre ouverte en réponse à mon
bon ami LSR.
Je suis, et tu le sais très bien, aussi heurté que toi,
dans ma laïcité, par l'affichage qui devient de plus en plus ostentatoire,
c'est-à-dire provocateur et volontairement agressif, de tenues marquant
l'identité religieuse.
Il me semble, en effet, que l'on soit passé d'un
affichage ostensible, donc passif, à un comportement plus volontariste
d'affirmer son droit à la différence, envers et contre toute volonté de
compromis alors que ce droit est récupéré, détourné à des fins politiques.
Heurté aussi car profondément athée et libre penseur,
mais aussi partagé par ma démocratie qui m'invite à être tolérant, partageur et
large d'esprit. Le hiatus est difficile à assumer face à ses deux composantes
de tolérance et de provocation. Car
c'est bien d'une provocation à l'évidence de plus en plus nette dont il s'agit.
Il suffit pour s'en convaincre d'observer la façon dont cela est fait
désormais. Il me semble que l'on soit clairement passé d'une attitude modérée à
un comportement identitaire beaucoup
plus affirmé. Il s'en faut que cela soit une réponse aux multiples propos
idiots tenus par le gouvernement français qui insiste outrageusement sur sa
volonté de ne faire porter que sur la communauté musulmane la responsabilité de
troubles potentiels, lui reconnaissant son manque de conséquences et donc de facto son éventuelle implication dans
des faits graves tout aussi éventuels. C'est d'un amalgame implicite dont il
s'agit. Comment, dans ces conditions, ne pas provoquer une volonté d'affirmer
son identité lorsque celle-ci est mise en cause ? L'effet sur les
personnes potentiellement concernées est inverse de celui recherché et affirmé.
Cela peut être vécu comme une provocation.
L'histoire commune que nous partageons avec des personnes
de religion musulmane est désormais un fait acquis depuis de nombreuses années.
La bonne cohabitation de nos cultures ne devrait donc plus poser de problème si
l'on considère comme telle des tenues vestimentaires, sachant que cela n'est
pas neutre. L'amalgame est rapidement fait à l'aune d'événements qui ne
concernaient pas jusqu'alors notre vie commune. Vouloir considérer qu’il y a un
rapport de cause à effet entre culture — avec
laquelle on peut ne pas vouloir se distancier — et politique est malsain.
C'est une façon d'admettre notre propre inconséquence et faire valoir notre
inquiétude, donc faire monter la tension entre les communautés.
Il n'est donc pas totalement étonnant d'observer des
attitudes que l'on vit comme provocatrices, voire limites, ayant présent à
l'esprit cette possible volonté d'exaspération chez des personnes qu'on victimise avant de les responsabiliser
puis de les culpabiliser.
Tu comprendras mieux l'ambiguïté face à laquelle je me
trouve de pouvoir reconnaître une chose et de ne pouvoir admettre sa
signification tronquée. Je crains que les choses ne se gâtent un peu plus
encore et de ne plus pouvoir disposer d'alternative.
A toi la bonne journée.
Patrice
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