Les vannes du désir régalien présidentiel, par Patrice


Le robinet à angoisses.

Le climat anxiogène se répand en France, il suffit d'ouvrir les yeux et les oreilles pour s'en convaincre. Pour le cas où ce ne serait pas suffisant, Hollande, mine de rien, enfourche le cheval de bataille de la reconquête — croit-il — du bien-être et du bien-vivre ensemble.

Cette énumération approximative d'actions, faite par le président de la République, n'arrive pas à effacer le ressenti dramatique qui a été porté à son acmé par les 7, 8 et 9 janvier, malgré le coup de pommade soporifique administré le 11. L'esprit du "11-janvier" est d'un secours très relatif pour cautériser des plaies qui ne pouvaient que devenir béantes.

On ne parvient certainement pas à une telle explosion, pulvérisation et épandage d'une nouvelle doxa, sans qu'il y ait au préalable préparation du terrain. C'est donc bien d'un jaillissement aussi brutal qu'attendu qu'il s'agit.

Obligés d'analyser cette situation, passée de virtuelle à réelle aussi brutalement, nos responsables nationaux ne peuvent que ramer à contre-courant pour remonter un fleuve menaçant, eux qui ne pouvaient ignorer la réalisation d’une telle éventualité. Ils savent que cela ne sera pas aisé, car on ne combat qu'avec beaucoup de peine un fléau qu'on a déjà trop négligé.

Il faut donc se déployer sur plusieurs fronts et pour cela ouvrir une boîte de Pandore d'où l'on exhibe les décors côté jardin. Révéler les dessous de ses propres inconséquences, cela induit de se découvrir et, en quelque sorte, avouer ses faiblesses et donner quitus à l'adversaire.

Déballons donc le catalogue des possibilités d'abord, car il faut rassurer les citoyens plongés dans les doutes affreux de l'inaction régalienne, on colmatera les dégâts parallèles après. Vieille technique politicarde totalement inefficace.

Ainsi donc, devant la nation, le président de la République déroule-t-il le programme d'une (éventuelle) reprise en main du bien être et/ou du bien vivre national. C'est à la fois une méthode téméraire et placébo. Les Français, pour peu qu'ils s'intéressent un peu à autre chose qu'à leur triste quotidien obligé, sont déjà au courant et ressentent ce sentiment d'incompréhension et d'impuissance que leur oppose la vie de tous les jours. Vivre comme dans un flottement menaçant, fait d'ambiguïtés et de perspectives bouchées, dans un quotidien quelque peu irrationnel tant il choque la culture et l'éducation collective reçues, cela ne prédispose pas à l'enthousiasme et n'ouvre pas des perspectives euphoriques. Admettre en plus un état de guerre, c'est être plongé dans une situation extrême d'angoisse et d'annihilation de son propre vécu.

Toutes propositions, quelles qu'elles soient, dans ce contexte, ne peuvent que prêter à douter, voire à sourire. Si en plus, parmi les propositions qui se veulent quelque peu miraculeuses, on fait appel à la bonne volonté de chacune des personnes pouvant être concernées, c'est à la fois ne douter de rien et mettre à l'index, encore un peu plus, des citoyens qui ne seraient pas tout à fait comme les autres. Cela relève effectivement de l'onction présidentielle.

Il s'agit peut-être plus simplement de faire face, mais l'urgence étant à nos portes — et nul n'en doute dans son ressenti — c'est la montée en puissance des dispositifs qui augmenteront d’autant l'angoisse prégnante, le doute de l'effet d'annonce déjà éprouvé aidant.

Faire feu de tout bois semble un peu naïf bien que volontariste. C'est d'une information en temps réel, réactualisée et responsable, c'est-à-dire sortie de ses carcans vieillis, qu'un pays a besoin pour mieux affronter l'époque dans laquelle il évolue. Tout le reste n'est que cosmétique.

Patrice C.

 

 

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