De la démagogie à la guerre, par Patrice


Mea culpa.

De démagogie inactive et cosmétique (comme il se doit) en communautarisme électoraliste et folklorique, tant chaque jour apporte sa pierre à l’édification et au renforcement du populisme, on patauge en plein "revival" politique et bimillénaire. Car à force de malmener la démocratie et de ne pas être à la hauteur de l'ambition de l'assumer, alors qu'on l’a pourtant réclamée lors du passage aux urnes, on en arrive à devoir se contenter de la version courte, c'est-à-dire le populisme.

Faute d'admettre sa propre démagogie, c'est reconnaître de facto que l'on glisse vers le populisme qu'il va falloir assumer, alors qu'on passe son temps à le diaboliser tandis que celui-ci n'est pas seulement propre à l'extrême droite mais plus sûrement au bas peuple avec lequel il va falloir composer après l'avoir copieusement ignoré. « Le populisme advient dans les démocraties pour lesquelles il représente à la fois une gifle et une trahison. » (1).

Comment voulez-vous appeler autrement le spectacle du pseudo-exercice politique qui se veut responsable que l'on nous offre ? Il existe des définitions à ces façons de faire de la politique d'une façon aussi stérile. Il existe aussi une trace historique de cette façon de faire et d'être politique. « La démagogie ne consiste qu'à flatter les désirs et les caprices premiers. » (2).

Ne pas remarquer dans l’Histoire quelque accointance avec notre époque politique serait de mauvaise foi bien plus que de mauvaise vue. Où sont les perspectives d'avenir, où est la vision à long terme ? Où en est-on de l'universalisme bienfaiteur ? Rendus à une quotidienneté insupportable de suffisance bien qu'atone dans ses résultats et même de ses simples espoirs, nous sommes obligés de constater que c'est à courte vue et sans ambition qu'il nous faut vivre. Même l'espoir semble avoir déserté notre quotidien. Il n'est plus d'entraîneur crédible capable de nous faire croire en un rebond vers le haut. Tout juste un gestionnaire de situation calamiteuse sans guère d'espoir. Le seul mot d’espoir semble déplacé. C'est pourtant le moteur essentiel. Il est vrai qu'on n'en est plus au moteur, on en est déjà revenu à la traction animale, voire humaine. Désormais, c'est « Oh, hisse ! ».

Tristesse d'un manque de perspectives et d'ambitions cachés derrière les moyens devenus rares de pouvoir embrayer sur quoique ce soit de stimulant, hormis la guerre !

Conformément à l'Histoire, c'est dans ce bain ultime que l'on croit régénérer les enthousiasmes et les croyances. Cette vieille recette que l'on souhaite inusable et qui reste l'exemple américain de sauvegarder une nation. Ce n'est plus de dispersion qu'il s'agit, c'est devenu quasiment compulsif ! On cherche à briller ailleurs que là où c'est pourtant le plus urgent, c'est-à-dire dans la proximité. Allez comprendre… On va bientôt avoir de nouvelles séries d'images dignes de notre grandeur, via notre vaisseau amiral. C'est qu'il faut faire passer la pilule de sa transparence politique. Les élections qui rythment encore la vie politique du pays ne sont plus que des épiphénomènes pour enfants en mal de sensations. La politique, la vraie, la seule digne d'être considérée car elle est grave, c'est la guerre. Le reste n'est qu'accessoire.

D'inaugurations en commémorations et de salon de l'agriculture en visites domiciliaires, ce sont les seuls contacts ténus qui subsistent avec les préoccupations du peuple, quoique loin de ses soucis plus qu'existentiels et devenus majeurs.

Ce qui importe, c'est tenir. Le plus longtemps possible avant de devoir reconnaître que la vapeur a été inversée, et que oui, nous allons devoir composer avec une nouvelle donne politique et admettre qu'il nous faut faire avec les circonstances et en rabattre de ses prétentions d'être grand en politique.

Patrice C.

 

(1) et (2) Chantal Delsol, La nature du populisme, ou les figures de l’idiot, Editions Ovadia, coll. « Chemins de pensée », Nice, 218 pages.

 

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