Alors, Juppé vote dans le Doubs ? Le front républicain est une notion-farce


A front renversé.

Front républicain ou pas ? En voilà une question pour sûr essentielle, de vie ou de mort ? Le monde politique semble suspendu ce matin à la décision que rendra ce soir le bureau de l’UMP sur les consignes de vote pour le second tour de l’élection partielle dans le Doubs. Son président Nicolas Sarkozy semble pencher pour le « ni-ni », Alain Juppé et des cadres secondaires appellent au vote dit républicain en faveur du candidat socialiste à la députation.

Pour qu’il y ait front républicain, encore faut-il qu’il y ait république. Et ça, mes bons amis, on repassera pour une autre bricole pour vous interroger sur ce sujet. Et puis les gens ont-ils besoin de consignes pour voter ?

En fait, le cœur du problème est strictement de boutique. Sarkozy se trouve dans une impasse : soit il appelle à voter pour le candidat de gauche, et la réalité de l’UMPS (argutie du FN) prend une fois du plus du crédit ; soit il ne délivre aucune consigne et brise le premier, en tant que président de parti, l’unité plastique du 11 janvier. Mais comme lui et pas mal de cadres de l’UMP chassent sur les terres, principes et programmes du FN, on voit le dilemme poindre. Quant à la république, on la recherche en vain ces derniers temps, au-delà des symboles et insignes de façade dans les susmentionnés partis de gouvernement.

De toute manière, qui domine ? Ce sont les abstentionnistes qui octroient des maux de crâne aux bureaux politiques des partis institutionnels. Le pacte de la décision de voter n’existe plus. Voter n’épargne aucun espoir, aucun désir d’avenir (pour plagier la promesse de campagne de 2007).

Qu’est-ce qu’un front républicain ? C’est créer une muraille de votes, un barrage pour voter contre et non pour. Elle dilue les intentions et les convictions. Surtout, on l’a vu par exemple en 2012, ils ont voté contre Sarkozy, résultat ils désespèrent Billancourt. Pfffff…

Le personnel politique « classique » n’a pas vraiment à craindre les élus du FN. Ils portent beau eux aussi. Oh, bien sûr, quelques-unes de leurs idées du FN gratouillent les partis institués, mais rien de bien différents de ce qui se pensent parmi de nombreux adhérents de l’UMP et de plus en plus d’adhérents du PS.

Qu’attend-t-on d’un élu à l’Assemblée nationale ? De siéger.

Qu’espère-t-on d’un parlementaire ? De suivre les clous, la discipline de son parti quand on se trouve être un petit élu, de susciter des liens ténus de tendance quand on frise le podium des élus imposants.

Il est vrai qu’au plan des symboles, treize élections législatives partielles perdues par le PS de suite, la claque doit s’arrêter pour Solferino. Second symbole, un troisième député à l’Assemblée nationale, après l’obtention d’un siège au palais du Luxembourg, cela ferait quatre dangereux parlementaires qui viendraient mettre en péril les institutions… allons, allons, restons sérieux dans les rédactions.

C’est justement l’ordre du symbole qui embarrasse en premier grief les états-majors. Ce qui les encombre, mais ils ne l’avouent jamais, ce sont surtout des transfuges passés au FN qui proviennent du PS, du PC, de l’UMP en grand nombre, et même de LO et du NPA. Car le FN, c’est le verbe haut et l’aventure en politique. Le FN, c’est le soin porté au peuple en apparat, la voix du peuple, le retour de la psyché faite homme et tous les symboles d’unité et de solutions faciles à des « problèmes complexes », ma pauvre dame.

Les masses glorieuses ont besoin de chefs. Là demeure aux yeux du Serpent rouge le drame de la modernité. Comme des enfants, les collectifs aiment les béquilles pour avancer et décider de choix qui les touchent en premier lieu. En ce sens, la République est battue à plate couture depuis la mort du général de Gaulle.

Pour les chefs de l’UMP, il s’agira ce soir de mener une partie d’échec. Les uns cherchent en permanence à se positionner pour 2017 (les anciens face à l’ex grandiose), les autres à marquer leur territoire (les plus jeunes pensent à 2022, 2027, 2032…) et se foutent, ô combien !, d’une circonscription dans le Doubs en réalité. D’idées, de véritable vision sur l’avenir, que nenni !

Pour les chefs du PS, il s’agit de limiter les dégâts et surfer sur les bonnes remontées dans les courbes de sympathie du couple exécutif. Ils le savent, les échéances ultérieures écraseront leurs profils professionnels.

Vous l’avez compris, le front républicain, c’est peanuts au sommet et pure tactique à courte vue... et prétexte et recours à la fiction pour la piétaille.

LSR

 

 

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