Un irréversible retour à l'animalité, par Patrice


On touche le fond.

On est, et j'en suis convaincu, au fond du trou, on ne coule plus, on a touché le fond.

Quand je vois ou entend des gens qui ne savent plus s'exprimer, car ils ne s'expriment plus depuis trop longtemps, quand je vois des gens qui ne savent et ne veulent plus écrire, car ils n'arrivent plus à formaliser leurs pensées et donc ne savent par conséquent plus lire, car il y trop longtemps qu'ils n'ont plus lu. Je les vois gênés, complexés, infériorisés face au premier venu qui sait encore s'exprimer par le langage ou par l'écrit. Ils sont aussi rouillés de l'esprit que moi du corps faute d'exercice et fondent des castes de minimalistes de l'expression. On n’entend donc plus que des borborygmes, des onomatopées, des exclamations sans suite, tout juste du langage humain.

Oui, on est entrain de rejoindre le royaume de l'animal tout juste humain dans son apparence mais guère plus évolué dans sa présentation. Il suffit, et c'est sans prétention ou valeur de jugement, de fréquenter ne serait-ce qu'un peu Internet pour s'en convaincre. Les sites de "dialogues", d'échanges, d'achats, de clubs ou associations sont d'une affliction qui défie l'entendement commun, même minimal.

N'osez jamais prétendre que vous êtes clair et précis dans vos propos circonstanciés et développés, vous passez pour un… philosophe ! Ne prenez plus jamais le temps d'être explicite de façon à ne pas laisser subsister l'ombre d'un doute quant à vos propos, vous êtes un chieur, un coupeur de cheveux en quatre, un intellectuel, ce qui est la pire des choses dans la pratique courante de l'expression. Etonnez-vous des raccourcis et des approximations, de la mitraille à gros grains et vous n'êtes décidément pas fréquentable : espèce d'empêcheur de tourner en rond entre soit.

Les habitudes sont prises désormais. Le pli est pris, comme disent les couturières. La machine arrière toute n'est plus de rigueur car elle représenterait par trop d’efforts, de remise en question et de risques de discrédit dans la sphère où l’on vit. On est trop bien comme ça ! La multitude dyslexique représente au moins 60 à 75% de l'ensemble des êtres humains, quel que soit le pays. Les langues nationales sont massacrées, littéralement passées au mixeur, ravalées au niveau du caniveau. Il suffit de voir ce que les Américains font de feue la langue de Shakespeare… C'est ainsi que se constitue, là aussi (lire « Reconstitution de sociétés dissoutes », ci-dessous : http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2015/02/france-fragmentee-retour-du-gregarisme.html) des groupes identitaires : ceux qui se reconnaissent par une pseudo affinité de langage, résultat d'un choix minimal de vocabulaire et donc de jugements et d'idées à très courte vue.

On rit encore beaucoup de la façon de parler avec cet accent devenu identité des banlieues. Avec le temps et le maintien, voire l'exclusive de cette façon "moderne" de s'exprimer devenue générale, passée dans les mœurs et devenue familière, on ne sait plus si l'on est dans l'exception ou dans le général. Les explications toutes approximatives, et la compréhension à minima, très superficielle d'un sujet, arrêtent net la volonté et le besoin de comprendre en profondeur et en diversité.

Il en est de même pour la lecture et l'écriture qui sont deux activités corrélées. L'appauvrissement de l'une entraînant celle de l'autre. Ne plus écrire, c'est ne plus fixer sa pensée. Ne pas lire, c'est ne plus développer son entendement, ne plus se confronter à une autre façon de penser que la sienne propre. C'est vivre en vase clos et dépérir. De grandes phrases ont été faites sur le sujet, il suffit de tester statistiquement l'état général tel qu'il ressort au quotidien, pour s'apercevoir que nous nous appauvrissons si nous n’entretenons pas le droit à la différence. Cela conduit de fait à des fractures sociétales irréversibles.

Patrice C.

 

 

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