S'abaisser à pleurer pour des drames, par Patrice
La doxa incantatoire.
L'attitude des responsables, qu'ils soient politiques,
sociaux ou professionnels relève désormais d'un évangile qui se veut une
réponse absolue, une parade à toute situation.
Que n'entend-on pas, depuis le 11 janvier, qui ne
mériterait que la plus grande attention car émanant de sommités
représentatives. Il faut, désormais en tout, ânonner des psaumes purificateurs
devenus incontournables tant on manque d'autres alternatives matérielles,
concrètes, crédibles.
Le refuge se
trouve dans la religiosité incantatoire considérée comme sacrée et nouvellement
introduite au cheptel des dévotions.
Par défaut d'alternatives efficaces et concrètes, le
refuge consécutif à la gravité du moment, et que l'on érige comme tel, implique
des onctions, des falbalas, des simagrées et des quasi démonstrations
d'affection publique partagées et obligées pour être audible et représentative
à défaut d'être efficaces.
Désormais, c'est
presque à genou que la puissance publique s'affiche dans une contrition toute
religieuse face aux événements qui nous touche.
La seule représentation de feue sa puissance n'est plus apparente que dans la
démonstration compulsionnelle qui, du coup, devient la nouvelle forme
d'exercice de l'Etat.
Les larmes chaudes de l'Etat sont censées purifier les
lieux et les personnes concernées par l'agression d'une puissance qui, elle, ne
s'encombre pas de fioritures, de circonvolutions. Elle agit dans
l'intransigeance qui est sa façon d'être et en accord avec ses objectifs
clairement définis, alors que nous en sommes encore à peser le pour et le
contre au trébuchet des valeurs rendues obsolètes et hors-jeu en même temps que
désuètes et confites de certitudes héritées du XVIIIe siècle
pontifiant.
Faute d'une adéquation entre le rythme soutenu des agressions
et de la réponse impuissante d'Etats timorés et en retard, à l'évidence, d'un
réajustement des valeurs, c'est — comme
le disent les informaticiens — d'un "reset" du logiciel dont nous avons le plus besoin.
Il semblerait que ce reformatage, qui implique une
approche frontale du problème, soit mis en délibéré jusqu'aux calendes grecques
de l'impéritie administrative, sociale et politique. C'est une alliance
objective du sabre et du goupillon dont on offre aujourd'hui le spectacle
timide. Soit les deux extrémités de mesures qui se partagent l'assentiment
national.
En attendant, et cela peut durer longtemps, nous sommes
invités à communier dans la douleur partagée et réciproque d'événements devenus
communs.
A grands renforts d'une médiatisation béate et quelque
peu opportuniste, les peuples d'Europe sont appelés, autour de la table commune
des meurtris, à partager leurs sentiments d'inconséquences et de faiblesses
consécutives à un comportement prétentieux de donneurs de leçons obnubilés par
leur certitude d'être détenteurs de droits et de valeurs qui s'avèrent être de
moins en moins partagés et adéquats.
La leçon de l'erreur prétentieuse d'imposer plus que de
partager se paie cash désormais, et
toutes les démonstrations de servilité passive envers la croyance de sa
supériorité inaltérable ne peut que conduire à la multiplication de ce qui est
considéré comme une nouvelle provocation. C'est le cercle vicieux et sans fin
de la contrition qui est en route.
Patrice C.
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