Le Sénat, cénacle inutile ? par Patrice


Modeste anthropologie politique.

 

A l'heure, toute française, où l'on renouvelle une partie d'une chambre constitutionnelle du pays : le Sénat se pose la question de sa nécessité mais aussi de celles et ceux qui en font partie.

Située dans un écrin des plus prestigieux du pays, cette représentation officielle fait des pieds et des mains pour perdurer. Les membres de cette assemblée, trop heureux pour la plupart de pouvoir se recaser dans une chambre dite de réflexion, moyennant quelque 20.000 euros de revenus mensuels, ne sont en fait que les gardiens de leurs propres avantages.

On touche là, à l'heure de la globalisation et de la mondialisation, du changement des rapports de force de la politique mondiale et de l'attribution des pouvoirs, à quelque chose de typiquement conservateur, issu de l'époque des Lumières (Conseil des Anciens) où il était de bon ton de siéger et de représenter avec emphase et suffisance, et de représenter le pouvoir divin. Tout y est fait d'apparats et de solennité calculée et rien ne s'y improvise. D'où le fameux train de sénateur qui, d'origine, signifie vieux, sénile et aussi seigneur. Il est donc indispensable pour y siéger, d'être avancé en âge à défaut d'expérience, et surtout d'en imposer. Une prestance toute royale est parfaitement adaptée. Finalement, à l'aune de la pratique politique moderne, les élus à cette assemblée constituent surtout une représentation provinciale docte et suffisante, pour tout dire une ploutocratie. C'est d'autant plus vérifiable, compte tenu du décalage qu'imposent les lieux et les siégeants désignés et renouvelés par leurs semblables. En fait, on entérine l'existence d'une représentation nationale en marge des courants de la politique contemporaine. On constitue une vitrine digne des régimes passés. On fait subsister tout un apparat désuet. On réifie le pouvoir.

Qu'est-ce qui peut encore justifier que trois-cent-quarante-huit personnes, qui représentent de plus en plus une époque révolue, puissent continuer à siéger en tant que chambre basse, si ce n'est la protection consentie par un régime politique fait d'échanges de bons procédés plus que d'efficacité ? Ne s'agit-il pas tout simplement du cimetière des éléphants de la politique française ? Un entre soi autoproclamé qui permet, à ceux qui sont les politiciens d'aujourd'hui, de manifester leur reconnaissance ? En dernier ressort, c'est l'Assemblée nationale qui reste décisionnaire. Il s'agit donc d'accorder à ces chers anciens le respect mérité, c'est-à-dire des pouvoirs qu'on leur doit et qu'on s'échange, discutés dans les antichambres du pouvoir.

Le Sénat est l'exemple type des prébendes issues du pouvoir et que l'on se partage, voire que l'on se transmet. Il est en fait la vitrine superfétatoire du pouvoir politique tel qu'honni par les citoyens qui n'y voient plus qu'un abus intéressé du pouvoir politique quand celui-ci est de plus en plus appelé à être efficace pour le peuple.

Alors que la politique se règle à couteaux tirés, le Sénat est un havre de repos pour ceux qui ont participé à son inefficacité.


Patrice C.

 

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