Le militant politique, comme un supporter de foot, par Patrice C.


La cause, la foi, la lutte !


Ah, c'est beau d'être militant ! De suivre, d'adhérer. A défaut d'être d'accord, d'être solidaire… C'est lyrique !

J'ai déjà comparé cela aux supporters de foot : « On n'a pas gagné parce que les autres étaient les plus forts, mais on continue d'y croire ! ». Il faut avoir la foi chevillée au corps. Et puis, c'est fraternel ! On est entre croyants, membres de la même église. On n'est pas seul et surtout, on lutte ! La cause, la foi, la lutte ! Le triptyque. L'instinct grégaire et combatif… La vie de meute et surtout la certitude d'être utile, voire nécessaire. On peut être divergent sur certains points. L'important : la cause !

C'est ainsi que l'on peut être frondeur sans foncièrement être différent. On sauvegarde sa personnalité mais on adhère sur le fond. Les écarts sont paraît-il enrichissants et collaborent à la construction du parti, cette seconde maison. Pour exister il faut faire masse (un peu), ne pas être seul sinon on est déviant. A partir d'une trentaine, on est un groupe représentatif d'idées. On est un courant, on existe dans la différence, on représente quelque chose. Surtout, on peut faire pression. Un genre de chantage entre soi. Ça se veut non violent, non agressif. Juste le droit d'exister mais de rester lié, intégré. Plus loin, c'est la fraction, la scission, l'exclusion. Etre renégat, c'est être banni et traître à la cause, toujours elle.

Ça me rappelle un bouquin déjà ancien : « Sans patrie et sans frontière ». Là où l'on apprend qu'on n'est pas ami, juste camarade. C'est plus facile à remplacer… Pour ça, quand on arrive à l'Assemblée nationale grâce aux appuis des camarades, on ne peut pas cracher totalement dans la soupe. On y regarde à deux fois. Surtout que ça nourrit son homme (sa femme aussi). Alors on la joue abstentionniste. Ça, c'est l'invention politique géniale : tu n'es pas d'accord, mais tu n'es pas contre ! Plus suave, il n’y a pas ! Résultat, on recalcule le quorum sur une nouvelle base, très provisoire. En fait, la majorité reste la majorité, c'est juste la quantité qui change. Au final : « On a gagné, on a gagné ! ». Une fois encore, car nous sommes fidèles et nous aimons la famille. On fait partie des cadavres dans le placard, comme dans toutes les familles, mais on est fidèles ! Belle rhétorique, non ? Finalement, le chef ne se connaît pas d'opposants, la famille est sauve et il peut continuer sachant qu'il ne peut pas plaire à tout le monde mais que c'est sans conséquence.

En fait, la vie de militant, c'est simple comme un apéro d'après vote.


Patrice C.

 

Nota : on peut consulter et relire les billets suivants parus par ici :

-sur les rigolos-frondeurs et la Banana Republic of France :

-sur la manie du « Jack-languisme », ce giscardisme intellectuel qui domine la gauche et ses gentils organisateurs politiques :

 

 

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