Vers une omniscience du pouvoir d'Etat ?, par Patrice C.

Le pouvoir montre les dents.

Les hommes et femmes politiques ne seraient donc pas sourds. Depuis que les Français se plaignent et accablent le pouvoir d'être fermé à leurs réclamations et remarquent acides, ils vont voir de quel bois Valls se chauffe.

Brazil, de Terry Gilliam (1985). Anticipation ?

Voici venir le grand retour du Léviathan botté. On croyait que le pays était abandonné, en roue libre à ses inclinaisons naturelles et que les représentants de l'ordre républicain ne le percevaient pas, malgré l'ampleur des récriminations. Eh bien, c'est terminé !

On entend parler de reprises en mains dans tous les ministères, y compris à l'Education nationale et à celui du Travail ! C'est fini la chienlit ! L'Etat revient et il faut qu'il le fasse savoir, vu les situations déliquescentes qui se sont créées et qui perdurent depuis longtemps déjà. Ainsi, le respect des directives et des choix politiques s'impose. Surprise pour ceux qui avaient pris l'habitude de croire que seule leur volonté avait force de loi… La grande parade du pouvoir est-elle aussi le signe de plus de répression éventuelle ? Va-t-on voir plus de bleu-marine, couleur de l'ordre, dans les rues ? Moins de dérives et d'abus d'avantages de toutes sortes ? La chasse aux escrocs sociaux est-elle ouverte ? Tout cela n'est-il pas qu'un effet d'annonce à manche courte, à petits pas ?

Bien sûr, il serait souhaitable que l'Etat se fasse respecter et que certains y regardent à deux fois avant de le ridiculiser, de se payer sa tête et de profiter de ses largesses. Que cela s'applique aux profiteurs d'aides sociales comme à ceux qui font voyager des valises de devises jusqu'à l'étranger. Les Français se posent aussi nombre de questions sur la validité du travail qui est de moins en moins profitable opposé au cumul des aides. L'assistanat généralisé, agent de paix sociale, est-il en voie de régression ?

Contrepartie inévitable, et l'Histoire est là pour nous le rappeler, la protection de l'Etat a un prix : celui de la puissance démonstrative. Verra-t-on le retour du donnant-donnant ? « Tu veux ma protection ? Je te l'accorde, mais tu n'es plus rien sans moi et je suis tout. ». Un deal du diable ! Méphistophélique ! Faustien ! Le Grand Mou se transformerait-il en Grand Timonier ? Aurait-il délégué ses pouvoirs ? Il se coupe, par là même du commun des mortels pour s'envoler vers des occupations de Grand Vizir, vers une brillance internationale ?

Le propos ne semble pas être exclusivement français. Cameron, dirait-on, se sent aussi pousser des ailes vengeresses. S'agit-il d'une tendance générale ? L'appel du pouvoir, du vrai, entier, total, effleure-t-il les esprits des dirigeants ? Un laxisme sensible, palpable, se faisait jour. Il génère toujours des réveils stressés, des périodes d'affolement et des appels au calme impératif. Il faut toujours craindre le réveil des volcans endormis.

De volonté d'être à nouveau à sa mise en application, cela passe toujours par des périodes excessives de reprise en main de pouvoirs mal maîtrisés. Cela tient plus du démonstratif que du curatif. L'application est avant tout cosmétique et souvent sans lendemain, mais le retour de balancier est toujours désagréable.

Patrice C.