Lowcoast, bling-bling, le consommateur est un veau, par Patrice
Un monde de lowcosters.
Le lowcost
mène le monde. Une nouvelle génération n'aura bientôt connue que cela et tout
ce qu'il est normal de faire et de posséder passe nécessairement par la
pratique généralisée du principe qui se présente comme une belle occasion.
On avait vu
arriver les supermarchés à bas coût, on a maintenant toute la vie lowcost.
Plus qu'une nécessité économique, le phénomène devient mode et comportement.
Les chaînes de magasins de vêtements ont pris la suite de l'alimentation. Les
marchands de voitures sont des importateurs. Les vacances se font via les transports aériens lowcosts. Les hôtels au soleil sont
quatre étoiles, mais lowcosts. Le
système a créé ses propres valeurs, ses références.
Parallèlement, la vie en lowcost crée ses structures, ses salariés ou travailleurs lowcosts. Une nouvelle loi émerge :
celle du moindre coût. Certains estiment y trouver leur compte.
Ont-ils réfléchi aux conséquences ?
On brade l'apparent et on n'assure plus le non visible.
Demain, on passera à autre chose quand cela sera usé et on laissera derrière nous
un désert économique et social. Ne pas utiliser le système, c'est refuser de
jouer le jeu. Refuser de participer au gâchis. Etre quasi anormal. Faire croire que tout est à la portée de la
main de chacun, que tout rêve est réalisable et que rien de ce qui appartenait
aux riches n'est inaccessible. Le bling-bling,
le rêve, l'illusion : inutile, mais en lowcost.
Lors de la récente grève des pilotes d'Air France, Easy Jet n'a pas hésité à profiter de
l'aubaine des candidats aux voyages en attente pour multiplier par dix le
moindre de ses tarifs de la semaine précédente. De lowcost, cette compagnie est devenue subitement "normale". Finalement, les passagers
dans le besoin ont cédé à l'offre exorbitante plutôt que de s'en passer. Se
souviendront-ils qu'ils se sont fait arnaquer par une compagnie jusqu'alors lowcost, sauf opportunité et qu'ils ont
voyagé en lowcost mais au prix fort ?
Le lowcost
est à géométrie variable. Il suffit qu'il y ait pénurie pour que tout
redevienne normal. Le lowcost comme produit d'appel, tête de
gondole, jusqu'au moment où l'on peut gagner plus sans en faire plus.
Le diktat du commerce et des faiseurs de fric qui, du
jour au lendemain, se prennent pour des hommes d'affaires aguerris. Place à
l'arnaque tous azimuts. Ainsi, Air France deviendra une compagnie lowcost pour les pouilleux alors que les
places en première et en classe affaire sont les plus rentables, mais qu'elle
entend jouer sur les deux tableaux. De là à ce que les pilotes soient rémunérés
comme les routiers roumains ou polonais et les avions révisés on ne sait où…
Pendant ce temps-là, on profite : vacances,
voyages, fringues, gadgets… Demain sera un autre jour ! L'illusion est totale. La paix sociale aussi.
Patrice C.
Commentaires
Enregistrer un commentaire