La paix n'existe pas - L'Etat islamique, l'autre face de la guerre impérialiste
L’Etat islamique résulte de la
guerre impérialiste.
-Conséquence d’un fait politique
antérieur…
Vous l’aurez compris dans la bricole précédente de Patrice, ‘L’illusion langagière’, on évacue aux
forceps quelques expressions nouvelles pour tenter de qualifier des mouvements
politiques terroristes. Se payer de mots est un sport commun aux besoins des
individus de classer, qualifier et caractériser avant de quantifier.
D’ailleurs, le règne de la quantité n’est plus à démontrer dans la passivité
larmoyante des postures ésotérico-humanistes qui interrogent le monde. Un
temps, on parlait de « frappes
chirurgicales » pour évoquer un envoi de missile contrôlé à distance via des satellites militaires, ou un
bombardement par avion de chasse. Le mot est source du conflit et de
tentatives pour le résoudre. A défaut, on se perd dans la panne
généralisée de la passe de trois de la communication politique. Il faut « lisser » les termes, nommer
l’ennemi en le déclarant tel et, surtout, oublier les causes anciennes des
tensions internationales et responsabilités établies.
Les prémisses des rivalités.
Au bon temps du monde bipolaire –ou prétendu tel, puisque la bureaucratie
capitaliste disposait de deux régimes distincts, le Soviétique et l’Américain
et leurs alliés respectifs-, les assauts de la bataille langagière
pouvaient être rendus publics et analysés par des bataillons de regroupements
militants hétéroclites. La Chine, Cuba, l’Albanie, entre autres, se présentaient
comme non-alignés. La France,
principalement avec de Gaulle, occupait une place stratégique confortable pour
faire valoir son ancien empire en cours de démantèlement dans les années 60 ;
son indépendance de vue prédominait à l’international. La pensée politique
internationale tournait principalement autour de l’alignement ou pas auprès
d’un des deux camps, et de la dialectique ami/ennemi qu’un Carl Schmitt avait
développé dans ses travaux à la suite de Clausewitz (voir :
http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/07/il-faut-renverser-la-chair-de-la-pseudo.html) ;
il en est le plus célèbre représentant mais d’autres, à l’instinct, perpétuaient
cette dialectique comme fil conducteur d’une réflexion géostratégique du monde.
Notre XXIe siècle débutant, dont
nous sommes les héros boussolés,
peine à décrire les implosions sporadiques qui ont partout cours sur la
planète. Islamisme, terrorisme, les deux ensembles face au « nouvel ordre mondial » que les Faucons du Pentagone bâtissaient au
grand jour à la fin du XXe siècle, puis plus discrètement depuis le
11-septembre 2001. Et pourtant, il faut lui donner le nom qu’elle mérite pour
ce qu’elle est et constitue : une
guerre impérialiste pour le quatrième repartage du monde à l’œuvre sous nos
yeux, avec ses périodes de tensions exacerbées et ses reflux passagers.
La forme politique étatique de l’ennemi commun.
Singulièrement aujourd’hui,
l’islamisme armé (tantôt Al-Qaïda, tantôt
l’Etat islamique et leurs multiples satellites) représente l’ennemi commun
des démocraties libérales. Certes, les frappes contre Hussein en Irak, contre
Kadhafi en Libye, parmi d’autres, qui furent des alliés « amis-ennemis » selon les contrats
circonstanciés d’armes ou pétrole, ou encore des financements des campagnes
politiques occidentales, ont libéré le champ d’exploitation d’une forme
politique fanatisée aux contours religieux. Du moins en surface. Car les
troupes légères des combattants islamistes sont fanatisés à loisir pour les
besoins d’une cause qui doit d’abord frapper l’opinion par une communication
sévère et meurtrière. En revanche, derrière les soldats noirs de l’EI, quelques
têtes pensantes antagonistes qui ont l’intelligence de s’unir –au moins le temps d’une série de batailles-
sont de redoutables financiers et apporteurs d’affaires, soutenus par le Qatar
et des intérêts des pays des émirats arabes. Formés dans les meilleures
universités anglo-saxonnes, à l’instar de l’exemple que fut pour eux feu le
patron d’Al-Qaïda Ben Laden –qui siégeait
aux mêmes conseils d’administration que les Bush dans des entreprises made
in America-, les porteurs de barbes et prédicateurs de la charia ont été de
brillants élèves d’écoles d’ingénieurs, de parfaits analystes financiers sur
les bancs des facs. D’autres ont choisi le football, l’immobilier et le
commerce internationale du luxe pour étendre une volonté hégémonique
conquérante –ils savent anticiper la
fonte, dans les trente prochaines années, de leurs réserves en or noir (voir :
http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/05/les-etats-rachetes-par-patrice-c.html
et voir aussi, à propos du pétrole : http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/03/la-politique-exterieure-realiste-de.html).
En réalité, les intérêts, comme
toujours, se chevauchent, s’entrecroisent, voire sont communs dans les
portefeuilles des Etats privatisés, d’où les atermoiements de la « communauté internationale » (en Syrie notamment), tous ces pays
membres de l’OTAN en tête, pour répliquer, prendre des initiatives en temps et
en heure contre des troupes barbares rivales pour la réalité de ses tendances (voir :
http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/06/du-djihad-limpuissance-des-etats-par.html
et aussi : http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/09/le-monde-selon-lotan-par-patrice-c.html).
Aussi, l’Etat islamique a pris l’ascension sur Al-Qaïda au proche et moyen
Orient. Qu’à cela ne tienne, Al-Qaïda a annoncé il y a quelques jours son
intention de reprendre les rênes en Asie mineure et centrale. Pour leurs
théoriciens et stratèges financiers, le
terrorisme n’est qu’un moyen de nourrir leur guerre impériale pour l’hégémonie
à laquelle ils aspirent.
Résumé des conséquences de la politique occidentale.
Les services de renseignement des
pays occidentaux sont dépassés par la guerre à venir. Car c’est une guerre déjà
en gestation depuis les années de la première guerre du Golfe (ou guerre du Koweït, 1991-1992, les USA soutenus
par une coalition de 34 Etats sous l’égide… de l’ONU), guerre marquée par
des conflits sporadiques, des OPA sur les marchés financiers ou des matières
premières, des opérations commandos préparatrices pour des décisions étatiques
(terroristes) à moyen terme… Bref, la
présente guerre est plurielle, et nous devrions parler d’elle en tant que guerres culturelles. Il s’agit de cela.
Les anciens alliés de circonstances, Afghans, Irakiens, Libyens, Syriens ont
pris conscience de la culture mondialisée contre eux lors des « frappes chirurgicales » menées sur leurs
populations victimes de ces opérations de communication des Occidentaux par la
guerre (ita est : l’esprit tronqué
de résistance et d’un cycle revanche-vengeance instrumentalisé par l’islam
radical a été un jeu d’enfant). Sous les dehors religieux se tissent des
rivalités inter-étatiques et entre blocs et consortiums économico-financiers
antagonistes pour emporter une hégémonie politique sur le monde. Les guerres
culturelles, certes, brisent des églises locales, pourchassent les chrétiens
d’Orient, mènent une guerre, charia à la main pour lapider exécuter, torturer,
enlever, séquestrer, mais ce sont avant tout des mutations des anciennes opérations
de guérillas reproduites à un échelon adapté aux conditions de contrôle
généralisé du renseignement par satellites sur la planète. Le réservoir de
combattants fanatisés, que les financiers islamistes tiennent en main, est
maintenu par le franchissement des limites dans les conditions subséquentes au
malaise des civilisations. Des scènes de cruauté et d’entraînements martiaux
focalisent l’attention des individus affaiblis dans leur existence vide de
sens.
Sociétés hétéronomes généralisées sur la planète :
Occident versus Orient.
Dès lors, chez nous, la sauce multiculturelle à l’anglo-saxonne
désormais installée en Europe continentale, et fondée sur la mise sur
orbite du communautarisme identitaire n’en finit pas de construire des jeunes
nationaux (plus de 900 Français
identifiés contre 700 en janvier, selon les chiffres du ministère de
l’Intérieur), conduit à une acculturation généralisée, une montée des cerveaux
hétéronomes et aliénés. Pour le dire prosaïquement, le multiculturalisme a
fabriqué des rejetons décervelés, des idiots paumés avec les projets de société
létale qu’on leur impose. Ce signe patent de jeunes filles et jeunes gens qui
s’embarquent pour le djihad dès 14-15 ans indique la perte de soi dans la
déréliction globale des êtres sociaux désocialisés de facto par la nature même d’une société devenue concurrentielle dans
la guerre du tous contre tous. Dans
et par la guerre sociale interne et silencieuse, le geste est simple de passer
par la suite à l’acte en prenant un billet d’avion (voir : http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/01/peur-sur-la-ville-djihadiste-creve-en.html).
Dans les pays sous influence des
islamistes, puisque la plupart vivent la misère et l’impossibilité de
s’autonomiser face à une religion qui mêle par essence foi et politique, toute
l’organisation sociale est aux mains des radicaux : (sous-) éducation, solidarité, employabilité, charité, mystification
du héros et martyre de la « révolution
islamique », récriture de l’histoire des opérations militaires USA et
ses coalisés dans le Golfe, en Libye, au Mali, etc., économie de guerre, etc.
D’où le fait que nous ne devons guère nous étonner que les radicaux puissent
enrôler et fanatiser les petites mains des financiers de l’islamisme.
En somme, le capitalisme
paternaliste et patrimonial, quand il s’est métamorphosé dès le mur de Berlin
tombé, et qu’il a considéré qu’il pouvait étendre ses mannes dans la finance
anonyme et ce que l’on a hâtivement appelé la « mondialisation de l’économie » -en réalité la réinitialisation des comptoirs coloniaux dans les pays
les plus pauvres-, a engrossé un monde à facettes de troubles sporadiques
qui se généralisent. Par le soutien actif, dans la dépendance, de gouvernements
des pays africains et proche-orientaux par des personnels politiques corrompus et des firmes
internationales faisant régner l’ordre (productif
de coton, café, gaz, pétrole…) aux coups des schlagues des milices,
conseillers militaires et officiers instructeurs de l’OTAN à leurs bottes, de
la reprise des initiatives politiques des pays de l’OPEP en finançant et armant
des groupes islamistes, l’impérialisme a déchaîné l’accélération des rivalités
pour un repartage du monde dégénéré par les états eux-mêmes.
En attendant, les sommets des
grandes puissances ont beau jeu, soit de sortir du chapeau l’ONU, soit d’entrer
sous la férule de l’OTAN, selon les vents de l’histoire immédiate. Pendant ce
temps, les fléaux guerriers se poursuivent sur la planète sans les nommer pour
ce qu’ils sont réellement, d’abord parce qu’il n’y a plus aucun fondement de
respect du droit des peuple à disposer d’eux-mêmes, ni aucune direction humaine
pour se saisir de l’idée toute simple d’un monde façonné pour vivre dans un
pays épanouissant et, plus globalement, dans une planète en feu jamais aussi
peu pacifiée. Ne rêvons plus aux promesses de paix perpétuelle : l’économie
a depuis longtemps craché sur les cadavres de l’abbé de Saint-Pierre et Kant.
LSR
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