De la consolation au renoncement de la gauche


Fin de la gauche consolatrice.

 
La « gauche » socialiste a inspiré tous les sentiments depuis le XIXe siècle dans les phases spécifiques de son histoire : l’espoir / les luttes, l’espérance / le dépit, la colère… aujourd’hui, elle transpire le ressentiment, l’abattement et le repli entre soi, entre croyants. L’espérance l’a tuée.

Au XXe siècle, après la gauche SFIO alitée à la Mollet, elle s’est faite à nouveau transformatrice dans les années 1960, elle a emprunté le virage de la gauche consolatrice des maux sociaux dans les années 1970, puis cajoleuse de l’économie-monde, après deux premiers septennats, dans les années 90-2000, pour finir bradeuse de ses rares perspectives de panser la société et l’économie sous le règne du Grand trempé.

Les organisations syndicales et associations de gôche ont suivi la langue de la domination, l’euro-optimisme véhiculé par la gôche bradeuse. Parfois, elles l’ont devancée… résultat, au mieux des amateurs, au pire des affairistes se lancent dans la carrière politique.

Parvenue aux affaires par la force de l’alternance, dans la Ve République, la gôche s’est institutionnalisée à tous les étages. Dans ses repaires communaux, l’envie d’un siège a vite pris le pas des idées. Certes, certains élus « de terrain » (comme on le dit des laboureurs de fiefs) parviennent à maintenir une paix sociale provisoire. Dans l’ensemble, le marché du travail ne tient pas la route : il a fait une embardée lors du premier choc pétrolier de 1973 signant, aux yeux de tous, la marque à la fois résiduelle et structurelle du chômage dans l’économie de marché capitaliste. Toutes les modes économiques et politiques ont été adoptées, testées par la gôche aux affaires. Keynésianisme, relance, rigueur, abstinence, économie de marché socialiste (une mode fugace parmi quelques universitaires marxiens), social-libéralisme, libéralisme-social… bref, on ne compte plus les expériences vaines.

L’échec de la gauche résulte de deux phénomènes conjugués. D’une part son appui durable sur un parti-socle, un parti-référent pour tous ses satellites : le PS dicte la voie aux autres, c’est dans la logique de force de l’institutionnalisme des partis politiques dans le phénomène majoritaire de la Ve République. Evidemment, il tente de maintenir son électorat dans les farces consolatrices, les idées bienheureuses, les fastes des grands discours pour que les voix suivent l’espérance. Mais son échec le plus cuisant, d’autre part, qui semble la source du mal français qui fait craindre des lendemains laborieux et remplis de secousses historiques, c’est l’espérance en bandoulière qui n’a jamais rien à voir avec autre chose que la foi.

L’espérance est hors du concret. Elle est une foi… une croyance inaboutie, non fondée sur des faits et l’appréciation d’une situation historique d’un Etat et sur laquelle se bâtit l’ère du soupçon à l’égard de la représentation parlementaire, du vide des choix politiques généraux et de la déchéance toute crue de la consolation qui mit un terme à la transformation radicale du projet autonome de la société. Car non seulement la gôche actuelle ne console guère, ne répare rien, elle détruit les quelques acquis conquis de haute lutte, rabrouant le droit au travail, le droit à la santé, le droit à l'instruction, etc.

Elle console, la gôche, ça oui, les "amis de la finance" et des emplois délocalisés, les retraites sur les genoux et la mise au rebut dès 45 ans, trop vieux, trop mou pour exercer des talents de cadres et employés. Consolatrice pour gagner des élections, la gauche n'est plus seulement celle du renoncement généralisé; elle est l'institution du déchaînement de forces immatérielles pour dominer le peuple et ses classes les plus résistibles au mirage de l'espérance. A ne plus penser qu'en termes d'alternance au pouvoir, elle a perdu le sens de la responsabilité de transformer ce qui doit l'être. La gôche étant le poids mort du peuple, la distinction classique des positions à l'hémicycle étant superfétatoire a démontré le caractère fictif de cette illusion dont il faut dorénavant sortir de toute urgence.


LSR

 

 

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