En finir avec les illusions d'une constituante dans le cadre de l'idéologie euromaniaque
En finir avec les illusions de la
représentation du peuple.
Un soupçon de défiance atteindrait
une certaine forme de légitimité de la représentativité politique de nos élus,
du plus petit échelon local (malgré un
attachement de proximité encore important) à l’échelon national (parlementaires et nommés au gouvernement,
les non élus). Tiens donc, quelle surprise…
Des enquêtes menées en instituts privés
accréditeraient ce que plusieurs enquêtes qualitatives publiques démontrent
depuis plus longtemps ; hélas, leurs résultats n’intéressaient personne
naguère. Que disent-elles, à grands traits ?
Les élus nationaux, dans leur
globalité, souffrent de légitimité à représenter leurs mandants. Pourquoi ?
Le débat semblera éternel tant que l’on
voudra attribuer volontiers une valeur vertueuse au principe de
représentativité en démocratie libérale. La raison en est simple : plus la société est incivile et incivique,
plus son éducation est réduite aux acquêts, et moins l’homme progresse. Pire,
il régresse dans les affres de la déréliction générale qu’il adopte dans ses
consommations, abus et comportements généraux.
Ce qu’il advient est évident –là encore-, on ne peut plus faire
confiance en l’homme générique ; on ne peut non plus accorder les crédits
qu’il eut pu bénéficier de facto lors
de (feue) l’existence d’une société
de la confiance libérale où chacun répondait au moins tacitement au pacte
fondateur de ladite société.
Le régime politique de la démocratie
représentative est obsolète. Certes, ses constitutions ont défini l’exercice du
pouvoir, les conditions d’élaboration de la représentativité qui décide,
légifère et contrôle la conformité aux principes politiques initiaux de la
démocratie. Cet instant historique est caduc. Les élus représentent, au pire
des intérêts privés, au mieux leurs seuls intérêts égoïstes. La preuve
immédiate se trouve dans l’histoire de la vie politique récente, et mieux
encore, sous nos yeux depuis quelques mois. Plus les trimestres nous traînent
vers le milieu de la décennie, plus le personnel politique accentue son extrême
décadence dépravée aux yeux de tous.
La question de la représentation, sa
forme, ses modalités et l’exercice des principes démocratiques devenus
évanescents, furent l’objet même de la plupart des origines de chacune de nos
constitutions écrites. Par exemple en 1793, la question du mandat impératif du
représentant du peuple était une condition sine
qua non de l’existence de l’organe législatif. D’autres constitutions,
notamment les chartes de 1814 et 1815, émiettaient la représentativité selon le
cens, c’est-à-dire l’impôt minimal pour aspirer à candidater lors d’une
mandature constituée parmi un électorat élitaire. Les formes précises du régime
représentatif prenaient alors la direction d’un régime soit plus soucieux de l’exécutif,
soit plus soucieux du législatif, soit un mixte des deux.
Le caractère du régime politique
choisi découle en premier lieu des franges de la population qui alimentent la
catégorie des gouvernants ; les modalités dépendent ensuite du contrôle des
organes institutionnels, des relations entre eux, du mode de désignation des
gouvernants les plus importants parmi eux. La fabrique de la loi dans son entièreté
procède des principes politiques mis en place par les représentants des
gouvernants choisis parmi les anciens gouvernés. La faculté de faire ou défaire
une assemblée, un gouvernement, une cour de justice, etc., tient lieu de la
volonté des gouvernants. Et d’eux seuls. Les gouvernés n’ont pas leur mot à
dire dans le cadre légal.
Qu’on le veuille ou non, sitôt que les
gouvernés aspirent à changer de régime, tout doit être complètement embrassé,
repensé, refondé au plan des principes dirigeants les pratiques. Aucune alternative
sur ce point. Et il ne s’agit point là d’une opinion relevant d’une posture
idéologique. Toute demi-mesure en la matière trouble le jeu constitutif dès le
départ ; et les problèmes resurgissent inévitablement tôt ou tard. Ceux qui
vous expliquent le contraire sont, soit de doux rêveurs, soit des penseurs du
feu follet en histoire qui ne reprennent pas le long terme et les périodes
incessantes de heurts sociaux.
Nous ne tirerons jamais rien d’une constituante
dans l'état politique actuel, encore moins si elle provient des mêmes schémas antérieurs. Quitte à reproduire les mêmes maux à
plus ou moins brève échéance -le contrôle
entier des partis, le calcul instrumental du mandat des uns, par exemple-,
il ne sert à rien de re-constituer, de
s’arroger les plus beaux atours de constituants en écrivant une constitution
matérielle. Dans l’état actuel de la société régressive, nous les voyons d’ores
et déjà nos constituants animés par les bienfaits des pouvoirs, en phase avec l’obtention
ultérieure d’un ruban rouge et une future statue dans quelque square pour les
corbeaux et pigeons.
A quoi rimerait d’inventer quoi que
ce soit puisque tout a été inventé dans le cadre de toutes les idéologies
existantes. Un remède possible serait de considérer la guerre à l’œuvre et la
libération totale de l’idée européenne, et se ressaisir de l’œuvre du Conseil National de la Résistance
à l’issue de la victoire historiquement indispensable pour la survie de nos
successeurs, nos descendants. Vous rétorquerez qu’il s’agit là d’un postulat
sur l’idée de guerre. Contrairement à toutes vos idées reçues, l’Europe politique
fonde les conditions de la guerre. Constituer les moyens d’exercice du pouvoir
doit renouveler de fond en comble l’idée de représentation. Les formes
matérielles du constitué ne peuvent
advenir que d’une puissance imaginaire de l’homme installé dans sa force
sociale-historique : l’autonomie intellectuelle, politique, sociale et de
penser. Et cet homme-là, libéré des chimères et espérances qui lui font perdre
du temps au présent, n’a aucun besoin et aucune envie de se voir dépendre d’un maître
autoproclamé, constituant ou libertaire dévoyé dans la volonté de puissance et
la peur.
Que proposer pour l’heure ?
Rien… Car ne se fonde une autre possibilité de devenir que de manière collective.
La période n’y est pas propice. L’homme doit évoluer de son propre chef et se
libérer de ses affects pensants, de ses calculs, de ses prétentions à dominer
quoi que ce soit. Il n’est rien. Rien dans la situation de domination
euromaniaque.
LSR
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