la fin des nations ?, par Patrice C.


La fin des nations ?

Réfléchir à la fin des nations intéresse tout citoyen. Un tel sujet d’études nécessite cependant d'être bien balisé dès le départ et de définir l’équation territoire, pays, peuple, nation.

On part d'une affirmation qui se doit d'être confirmée par des faits ou par un empirisme acceptable.

Comment affirmer qu'une idée de disparition, liée directement à la notion de pays, de territoire, de nation, et donc de peuple, puisse être considérée comme aboutie alors qu’elle est à l’origine de l’identité d'un pays, d'un peuple qui risque de ne pas accepter la disparition de sa filiation historique, et donc de ses fondements nationaux ?

Le pays est le territoire géographique géré par une entité politique, ce qui lui donne sa légitimité vis-à-vis des autres pays et lui donne une existence légale et reconnue selon des critères partagés. Il n'en reste pas moins que ce pays est d'abord un territoire. Soit un espace brut à son origine, puis devenu pays par l'effet, à l'époque du besoin d'identification et de reconnaissance et d’existence, du politique.

L'identité qu'ont pu affirmer les habitants de ce territoire, devenu pays puis nation, était locale mais n'a plus lieu d'être considérée comme telle dans le contexte mondial. Ce pays s’intègre désormais dans un espace mondial. Ce changement n’est pas que sémantique. Il en va d’une évolution historique et sociétale irréversible. Cela n’empêche pas ce pays d’être délimité par des frontières, des limites légales qui participent à sa souveraineté. Dans le contexte mondial actuel, ces frontières se doivent d’être « poreuses » pour les échanges que le pays entretient avec ses semblables. Autrement, il en irait d’un espace géographique fermé, isolé et replié sur lui-même avec tout ce que cela implique de domination et de refus de liens sociaux évolués selon les critères reconnus de par le monde. Le genre « village gaulois »…

Dire à un peuple que leur pays n'existe plus en tant que tel au niveau mondial, c'est lui annoncer que sa nation n'existe plus... Cependant, la fin des nations, annoncée comme cela, n'a rien de prémonitoire : elle est prévisible. D'une part elle peut être souhaitée, car elle fut toujours trop mal définie et, d'autre part, le politique ne fait rien pour sortir d'un système hobbesien donc conflictuel (contrairement à ce que, tous, disent !). La remise en question de l’idée de nation d’hier laisse entrevoir l'avènement d'une nation mondiale, avec les attributs adéquats attachés aux pays (associations d’intérêts et de sécurité, regroupements par affinité).

Dans le cas de la France, notamment, il s’agit d’un territoire transitionnel sur le plan géographique. Situé à l’extrémité septentrionale de l’Europe, il est positionné comme endroit de transit, tant est-ouest que nord-sud. Il est donc un pays d’échanges et de rencontres. Considérant que ces échanges sont à la fois nécessaires à la survie et au progrès du pays, il devient un espace ouvert.

L’identité qui s’y est développée historiquement et naturellement s’en trouve mêlée, mélangée et enrichie. La mise en collectivité du monde est appelée à faire place à des citoyens du monde plus qu'à des citoyens de secteurs. Que vaut encore aujourd'hui l’attachement d'individus à un territoire, cette vieille notion stato centrée, alors que les technologies abolissent les distances, si ce n’est la culture d’origine ? Il n’existe de fait plus de pays qui reste terra incognita.

Seule l'ouverture sur le monde sera plus forte que le dirigisme politique et paraît inévitable tant celui-ci a prouvé son inefficacité. On ne peut plus duper les peuples du monde (alors qu'ils sont en relation quotidienne) avec des poncifs encore teintés de politique réaliste.

Nous n’en sommes qu’à l’aube d’un métissage et d’un partage de l’espace mondial. Les identités et les particularismes régionaux, à l’échelle du monde, n’ont pas vocation à disparaître, bien au contraire, mais à s’échanger pour le profit, le partage et la connaissance de chacun. Cela ne peut avoir que des retombées positives en termes de culture et, par là même, de dissoudre toutes velléités belliqueuses.

La nation, en tant que telle historiquement, c’est un langage dépassé par le fait même qu’il n’est pas le représentant d’un peuple mais d’une entité que l’on appelle abusivement nation. L'avenir du monde est en construction et nous ne le percevons pas toujours, occupés que nous sommes (et ce avec quoi on nous amuse) par les derniers soubresauts d'un monde en constante évolution (ce dont on peut discuter par ailleurs).

Ce qui peut paraître idyllique n’est pas illusoire. Cela se doit d’être modéré et ramené aux statuts politiques de chacun des pays. Il ne faut toutefois pas perdre de vue la versatilité du politique qui reste le représentant légal des nations et des pays jusqu’à ce que cela évolue également vers des consensus partagés entre les peuples.

Patrice C.

 

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