Un président pour rien ?
L’Europe qu’il veut.
Tiens, le 9 mai, il est allé à la rencontre et l’invite
d’Angela dans son fief électoral, le long de la Baltique. Une rareté, nous
dit-on, un privilège, selon la presse allemande unanime.
Le 9 mai est la date retenue pour
festoyer l’Europe ; elle est surtout la date de la glorieuse victoire de
la guerre « patriotique »
des Russes menées pour renverser les Allemands, guerre ayant ouvert un front à
l’Est, comme il l’a rappelé (pour justifier la venue de Poutine aux
prochaines commémorations du débarquement en Normandie), autorisant une
possible victoire finale des Alliés sur le Reich. Ce dernier point révèle son embarras historique, ses virevoltes, ses lignes brisées dans la conduite politique internationale (il fallait le relever en quasi nota
bene)
Ce ping-pong de dates ne saurait
être fortuit. La veille, dans le quotidien en crise Le Monde, il a fait
paraître une tribune. En fait un plaidoyer pour l’Europe, et dont les formules délivrent
des termes pieux, une douce naïveté et de charmantes diatribes contre un
adversaire des urnes qui n’est plus imaginaire. Lequel ?
Les continentaux ont pourtant
bien compris que la farandole pacifique tant vantée naguère entre « les peuples » est en fait, par
essence, une construction supranationale censée défendre des intérêts
concurrentiels dans un monde de luttes économiques et dogmatiques souterraines.
Les continentaux ont compris dès
l’adoption du traité de Maastricht qu’ils subiraient l’envol des prix à la
consommation et des directives européennes cassant progressivement un droit
national chèrement acquis dans des hémicycles tournés vers une démocratie
délibérative finissante.
Ce ping-pong de dates au moment
d’une « crise » en Ukraine,
ainsi que le même jour une visite du président Poutine en Crimée pour la
première fois depuis son récent rattachement à la Russie, est à coup sûr la
manifestation d’une possibilité de convergence entre France et Allemagne pour
définir une éventuelle ligne de « mises
en garde » sur le dos des intérêts de la Russie. Car outre-Atlantique,
entre Washington et Dallas, une nouvelle vision atlantique se profile pour
reprendre le terrain économique perdu sur les Allemands par les Etats-uniens.
Et pour le coup, la France fidèle amie depuis La Fayette n’est plus guère
utile.
Le monde entier, devant ses
sources d’informations préférées, et les institutions internationales
comprennent qu’il se passe quelque chose à l’est de l’Europe. Mais quoi ?
Quels intérêts se conjuguent avec quelles rivalités ?
Sommes-nous réconfortés par lui ? Il a sa solution : l’Europe.
Notre président éclairé est bien
seul à la manœuvre. Confondant enjeu électoral immédiat et problèmes
diplomatiques sous-jacents, il a
avant tout et une fois de plus cédé aux sirènes d’une vague tribune, d’un
concerto mineur d’une communication délicatement orchestrée pour parler en
interne (les Français hostiles à l’Europe) et rassurer en externe (les
Allemands inquiets de l’illisibilité internationale de la France), voire
ne pas trop froisser le voisin Russe mais lui « faire les gros yeux ».
L’incertitude, elle, demeure, et
ce 9 mai aura confirmé la grande braderie de l’hiver qu’il nous sert depuis des mois. Et on lira ou relira ce que nous
tenions pour dit à ce moment-là :
LSR
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