De l'anonymat de la ville pour les célébrités, par Patrice C.


Le trottoir est sans pitié

Tous les instituts de sondage et enquêtes ne remplaceront jamais le jugement d'une rencontre avortée sur le macadam parisien.
Les hommes et femmes politiques ont aussi leur vie. Ce qui implique qu'ils ne se déplacent pas qu'en voiture de fonction avec chauffeur et garde du corps. Cela doit d'ailleurs leur "faire drôle" de retrouver ce bitume qu'ils ont tellement arpenté avant d'en arriver à leur situation actuelle. Un genre de retour aux sources de la vie quotidienne, celle de tout le monde, celle de l'anonymat où l'on n'a plus à serrer des mains et faire des sourires et des courbettes.
A Paris, cela relève de la banalité la plus quelconque. La foule a le pas pressé du passant qui a d'autres choses à penser, à voir, à faire… Le coude à coude est quotidien, rituel et désintéressé. Il ne s'agit pas ici de rencontrer une personnalité, qu'elle soit de la politique ou du show-biz. Tout le monde est passé à la même broyeuse de convivialité et d'indifférence. Ici, pas de "Bonjour M. le député", "Bonjour M. le maire". Pas de chapeaux bas (surtout parce que des chapeaux, il n'y en a plus beaucoup), de courbettes. En contrepartie, votre condescendance, M. le maire ou député : vous pouvez vous la garder ! Ici, c'est la broyeuse d'hommes, le nivellement total, l'abstraction complète. Vous existez en tant qu'humain (et encore…), rien de plus. Rien d'autre surtout. Remise des compteurs à zéro !
Il en va ainsi d'une mienne rencontre faite ce matin dans ce très chic territoire réservé aux avocats d'affaires qu'est le 8è arrondissement. La fine pluie aide l'anonymat, tête plutôt baissée et pas plus rapide. C'est parce que l'on voit les pieds de l'autre, qui arrive en face, que l'on jette un coup d'œil rapide. La surprise n'en est pas vraiment une. D'abord parce qu'on a autre chose à faire que de s'extasier, ensuite parce qu'on ne va pas servir la soupe à une quelconque "personnalité" tout à fait probable. Je n'ai aucune raison de saluer un homme vu à la télé à l'Assemblée nationale ou en plateau. Il est là, moi aussi et nous sommes quelques centaines à cet endroit par heure qui passons avec ses passants. Ce serait même presque louche de vous rencontrer dans ce quartier tellement dédié aux embrouilles… Beaucoup plus anecdotique et drôle serait de vous rencontrer dans le 18è ou le 20è… J'ai eu le temps de ne pas entendre les deux autres personnes que je suivais et/ou précédais ne pas non plus s'étonner de croiser un homme politique ailleurs que sous des sunlights et de ne pas non plus manifester la moindre marque de reconnaissance.
On marche vite à Paris, quel que soit le temps qu'il fait. Il y a aussi beaucoup de monde partout. Dans tout cela, il doit bien y avoir des gens "connus". Oui, ben on ne va pas en faire un fromage !
Passer donc votre chemin comme je passe le mien. En dehors de vos démonstrations, vos attributs sont peu de choses sinon personnelles.
Décidément, vous ne changerez pas le monde !
Patrice C.

 

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