L'Europe cramoisie, l'Europe des prébendiers, par Patrice C.


Le délitement politique

On s'étonne, paraît-il (voir Médiapart), d'un désintéressement des peuples pour les élections européennes et l'on y voit une dépolitisation consécutive à une non visibilité politique des institutions de Bruxelles.

Ce n'est pas là qu'il faut chercher le motif. Il est inscrit dans chaque pays, dans les attentes déçues des peuples à se voir représenter à hauteur de leurs espérances et de leurs attentes. Le politique ne fonctionne plus. La "visibilité politique" de Bruxelles n'est que la première étape d'une désaffection totale. Les abstentions se font et se feront de plus en plus importantes jusqu'à l'abstention totale. Les derniers élus ne représentent d'ailleurs plus qu'eux-mêmes, ou presque, et une poignée de suiveurs, familles comprises. La demande aujourd'hui est à la représentation sociétale directe. Les lobbies qui s'activent à Bruxelles, capitale du genre, le savent très bien qui participent et entretiennent le mouvement à leur profit et pour celui de quelques sociétés ambitieuses et très intéressées.

Le politique, n'est plus que l'ombre de lui-même, et d'ailleurs, il ne fait rien pour contredire la tendance de désaffection qui le touche. Les Etats ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, ce qui à terme les arrange. Leur volonté n'est plus d'être efficients. Ils se "réservent" pour les quelques fonctions régaliennes qu'ils continuent à dorloter, ambitionnant de déléguer les surplus de fonctions trop lourdes et peu productives à des représentants tiers (associations, ONG, etc.). Leur image se rétrécit, ce qui leur permettra de continuer d'exister sur les dossiers lourds et que l'on sait inaliénables. Pour le reste, la petite gestion de périphériques, ils s'en désintéressent progressivement mais sûrement.

C'est aussi cela qui fait la non représentativité de Bruxelles : de la politique et encore de la politique, mais décentralisée. Les peuples ne s'y intéressent déjà plus chez eux, ce n'est pas pour s'y intéresser à Bruxelles ! D'autant que là-bas, il y a des rapaces prêts à tout saisir. La politique, cela ne concernent plus les peuples. Ils se replient sur eux-mêmes, créent des palliatifs, des relais au plus proche d'eux. Les mandats de délégation n'intéressent plus que ceux qui y postulent. Le monde ne tourne plus selon un axe politique qui reste très flou, qui est mal défini, dont les profits escomptés se font trop attendre. Nous sommes dans une période blanche, vierge, où l'espoir d'autre chose se fait attendre mais que les peuples souhaitent radicalement nouveau.

Les Etats ne sont pas dupes. D'ailleurs, ne sont-ils pas les premiers à décider de ce qui doit se faire ? Ils ont toutes les cartes en main pour faire ce dont ils ne parlent pas et se revigorer sur un segment plus étroit pour encore sauver un étatisme défunt dont il ne subsiste que les dorures. Ils partent du principe qu’il vaut mieux être maître d'un petit quelque chose plutôt que d'ambitionner et de se prétendre capable de tout gérer.

Le monde se fera sans le politique ou presque. Il se contentera de gérer sa souveraineté vis-à-vis d'éventuels prédateurs et de continuer à faire le coq (c'est bien notre cas depuis deux mandats présidentiels) dans des assemblées internationales restreintes où l'on ne parlera que de ce qui est "important".

Le reste… que les peuples se démerdent et haro sur les profits pour les plus malins qui se tiennent en embuscade à Bruxelles justement, qui ne sert en fait qu'à cela.

Patrice C.

 

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