Trafics de drogue, alcool & putes à la rescousse de l'économie intégrée en Europe harmonieuse


L’Economie criminelle à la rescousse des Etats-membres de l’Union européenne.

 
L’unification des règles pour tous les pays de l’Union européenne est une règle que son agence chargée d’établir des statistiques, Eurostat, affirme haut et clair, notamment pour le calcul du PIB. Ainsi, le cas Italien pourrait devenir en quelque sorte un exemplier comptable. En effet, désormais l’estimation des revenus issus des trafics de drogue et de prostitution sera intégralement prise en compte dès 2015 pour calculer le PIB du pays. Ce qui, selon l’institut statistique italien Istat, permettra de doper (sans jeu de mot) la péninsule.

La règle commune à l’Europe idoine devrait en outre intégrer les revenus liés aux contrebandes d’alcool, de tabac et autres denrées nous révèle nos amis Italiens. Les activités illégales pourvoyeuses de revenus officiels pour les Etats-membres de l’Union, quel joli spectacle d’ordre juridique ! Par essence, les activités illégales ne sont pas déclarées et l’on apprend donc que les Italiens et les fonctionnaires de Bruxelles se querellent sur l’interprétation (ouverte ou restreinte) de la notion d’« activité illégale » eu égard à l’absence de déclaration. D’autant que les responsables d’Istat affirment par communiqué officiel, et sans souci de faire ricaner sous cape :
« Nous avons une tradition dans l'évaluation de l'économie souterraine ! », ajoutant, par la voix de son directeur : « nous allons nous appuyer sur les données de la police et de la justice qui ont une bonne connaissance du volume et des prix des produits stupéfiants et des services des prostitués. Nous ferons appel aux ONG qui travaillent avec les drogués et les prostitués ».

Eurostat a mis en branle de nouvelles normes comptables pour l’Europe il y a quatre ans : il s’agit d’ESA 2010.

Intégrer l’économie criminelle sera un avantage pour les taux de croissance de quelques Etats-membres de l’Union, augmentant ainsi le PIB face au taux de croissance. En Italie, selon la Banque d’Italie, l’économie criminelle est proche de 11% du PIB. Avec Eurostat et sa nouvelle grille, des augmentations plus que substantielles des taux de croissance des PIB seront dès lors obtenus en Finlande, Suède, Autriche, Grande-Bretagne et Pays-Bas. En Italie sont déjà intégrés les revenus engendrés par les entreprises qui ne paient pas l’impôt. Le pas de plus est donc pris tout naturellement de légitimer la contrebande et les trafics de drogue et d’êtres humains.

La France possède évidemment l’équivalent de l’Istat Italien. Le célèbre institut public Insee prend le parti de ne pas intégrer l’économie criminelle dans ses calculs et, pour aller dans le sens voulu par l’Union européenne, choisit pour l’heure la double comptabilité. C’est que l’Insee n’entend pas intégrer dans ses calculs les entreprises exploitant ou dégradant la personne humaine. Las, pour le moment, l’Union laisse carte blanche aux Etats-membres pour calculer leur PIB respectif au niveau national. Comme la contrainte « communautaire » se tient toujours à l’affut avec l’UE, les 29 Etats-membres devront adopter les normes ESA 2010 à leur entrée en vigueur dans trois mois. Septembre approche !

Ainsi, harmoniser et lisser les données statistiques aux calculs du PIB entreront dans le domaine impératif, quel que soit l’option morale des instituts publics et/ou privés nationaux. L’économie criminelle dope l’Europe. Rien là de surprenant… L’institution criminelle possède son ordre juridique propre qui est, lapalissade oblige... un ordre juridique en soi susceptible de passer de l’illégalité à la légalité selon l’aspiration positive du législateur ! C’est une question de volonté juridique et politique. Le juriste Italien Santi Romano(*) l’avait bellement théorisé en 1918 avec son maître-livre L'Ordinamento Giuridico (traduit sous le titre L'Ordre juridique). Comme en d’autres sujets, L’Europe trouve sa voie avec ESA 2010. A suivre…

LSR

(merci au magazine Challenges et au site d’Eurostat de l’UE)

 
(*) Santi Romano, 1875-1947. Professeur de droit public, S. Romano a présidé le Conseil d'Etat Italien de 1928 à 1944.

 

 

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