L'esclavage, par Patrice C.


Cuisant souvenir

10 mai, commémoration de l'abolition de l'esclavage. Une date, un anniversaire bien pratique pour oublier que tout cela n'est pas totalement fini. Il y a une émotion certaine, et la boule dans la gorge qui va avec, lorsqu'on pense à ce triste épisode de notre Histoire. Pas facile de ne pas se sentir coupable rétrospectivement. Imaginer ce que cela a pu être est encore moins admissible si l'on considère qu'il ne s'agissait là, en fait "que" de commerce. Comment est donc vécu cette commémoration à Nantes, Le Havre, Bordeaux, La Rochelle ? Le temps a-t-il totalement effacé la culpabilité des bourgeois locaux de l'époque qui ne faisaient que leur "métier", c'est-à-dire du commerce ? Ces villes, comme celles d'Angleterre, ont-elles vraiment oublié une Histoire sur laquelle elles se sont bâties et ont prospérées ? Je n'aimerais pas y vivre. Le souvenir et le symbole de l'esclavage sont encore suffisamment forts pour empêcher de dormir ceux qui ont une conscience.
Il ne s'agit pas de culpabiliser les habitants actuels, juste peut-être d'accorder, ne serait-ce qu'un peu chaque année, un moment ému de souvenir. Le sentiment de culpabilité, c'est sûr, n'aide pas à vivre mais il peut justifier l'honneur d'avoir évolué. Il peut aussi aider à percevoir l'autre à sa juste valeur : la même que la nôtre.
On peut encore s'interroger sur cet esclavage méconnu et pourtant si présent, si proche, celui des esclaves modernes dont on découvre régulièrement qu'ils existent encore en tant que tels. Que ce soit dans les "beaux" quartiers des capitales européennes (je ne mets pas les pieds dans les 7è, 8è ou 16è arrondissements de Paris sans avoir un pincement au cœur) ou dans des mégapoles déshumanisées en Inde ou en Amérique du Sud. Il est temps, une fois par an !, de se souvenir que nous ne sommes officiellement débarrassés de cette honte mondiale que depuis 1980 en Mauritanie alors que cela perdure sous d'autres formes.
Je ne suis pas et n'ai pas été étonné d'apprendre que des hommes étaient capables - et le sont encore - des pires vilenies. C'est avoir peu de considération pour eux ? Certes ! Le doute, le scepticisme voire le pessimisme de ne jamais voir que des horreurs, celles qui tiennent le haut de l'affiche.
"Plus jamais ça !" ne doit pas rester un vœu pieux. Il suffit pour cela de faire face à sa conscience, sans peur, sans crainte.

Patrice C.

 

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