Percée du FN : raison arithmétique ou évolution de la sécession sous un de ses aspects ?
Premier parti pour un scrutin ?!
Depuis hier soir, quelques
chamailleries occupent les débatteurs pour savoir si le parti de Marine Le Pen
est ou non le premier parti électoral en France. Quelques lectures de données
chiffrées nous sont nécessaires pour ébaucher une réponse.
Selon les chiffres du ministère de l’intérieur,
livrés dans un communiqué à 23 heures au soir du scrutin du dimanche 25 mai, l’élection
européenne nous donne les résultats suivants, pour les 74 sièges de Français au
Parlement européen. L’abstention est de 56,5% des inscrits. Ils sont
susceptibles d’évoluer à quelques décimales près.
·
Fn : 25,8 % des suffrages
exprimés - 24 sièges obtenus ;
·
Ump : 20,7 % - 20 sièges ;
·
Ps : 13,88 % - 13 sièges ;
·
Modem-Udi : 9,7 % - 7 sièges ;
·
Eelv : 8,75 % - 6 sièges ;
·
Fg : 6,23 % - 4 sièges.
Observons les scores du FN par circonscription
pour ce scrutin :
·
Nord-Ouest : 33 % ;
·
Ouest : 19,30 % (le Fn se trouve au coude à coude avec l'Ump qui
obtient 19,63 %) ;
·
Est : 28,96 % ;
·
Massif central : 24,18 % (au coude à coude avec l'Ump qui 24,14 %) ;
·
Sud-Ouest : 24,71 % ;
·
Sud-Est : 28,18 % ;
·
Outre-mer : 10,24 %.
Incontestable vainqueur de ces
élections européennes le Front national signe une spectaculaire percée lorsque
l’on s’aperçoit qui arrive en tête dans 71 départements sur 101. Au titre des
scores remarquables, le Fn obtient 40,02 % des suffrages dans l'Aisne, 38,87 %
dans le Pas-de-Calais, 38,22 % dans l'Oise, 37,15 % dans la Somme, 36,42 % dans
le Vaucluse, 35,23 % dans les Pyrénées-Orientales et 34,96 % dans le Var. Ce
sont ses traditionnels bastions. En plus, il bondit également au-dessus des 30
% dans 18 autres départements : l’Eure, la Haute-Saône, la Meuse, les Ardennes,
les Alpes-Maritimes, la Haute-Marne, le Gard, le Nord, les Bouches-du-Rhône, l’Aube,
les Vosges, l’Yonne, la Moselle, l’Aude, le Tarn-et-Garonne, l’Orne, le Territoire
de Belfort et le Haut-Rhin.
Depuis le précédent scrutin européen
de 2009 il multiplie presque par quatre son score qui était alors faible (6,34
%) et par huit le nombre de ses représentants au Parlement européen. Compte tenu
du niveau élevé d'abstention, le Fn ne retrouve pas le nombre de voix de Marine
Le Pen obtenu au premier tour de l'élection présidentielle de 2012, soit 4.701.051
voix contre 6.421 426. Le Front national dispose donc d’un réservoir fort de
voix et de mobilisation.
Dans les 16 régions administratives
de métropole sur 22, le Fn devient la première force électorale. Il dépasse la
barre des 30 % en Picardie (38,39 %), dans le Nord-Pas-de-Calais (35,15 %), en
Provence-Alpes-Côte d'Azur (33,21 %), dans le Languedoc-Roussillon (31,47 %),
en Champagne-Ardenne (31,32 %), Haute-Normandie (31,24 %) et dans la Lorraine
(30,53 %).
Autant dire que le Fn illustre une
forme de désespérance, lorsque l’on observe, même sans finesse, départements et
régions. En effet, ce sont les zones géographiques où le chômage a pris de l’ampleur,
ou le nombre d’emplois disparus ces dernières dix années a le plus important (pour rappel, un emploi disparu est un emploi
brisé, un emploi non remplacé). Sa percée électorale n’est pas seulement
une brisure matérielle (emplois, salaires
en baisse, prolétarisation) mais une rupture spirituelle, une défiance
envers la gestion et les programmes des autres partis politiques
institutionnels. Pour résoudre ces divers points et raisons, il faudra plus que
le laps de temps nous séparant de 2017 pour les régler ; et là, l’élu sera
à l’image de l’actuel président : un président par défaut…
LSR
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