Crise à la CGT : une faribole de com' de plus pour tromper le chaland
Syndicalisme à la dérive ?, cette
amusette de la crise finale.
La
centrale de Montreuil n’en finit pas de mettre en scène une pseudo-crise autour
de son secrétaire général qui « malmènerait »
l’éthique de son organisation, ses « valeurs
portées » et son unité (Viannet
dans Le Monde, ancien à sa tête de
1992 à 1999). De crise interne, elle est habituée ; c’est son fonds de
commerce pour diluer bon grain de l’ivraie. Des valeurs supposées qu’elle
porterait, on ne décrira pas les errements incessants depuis les années 1990 (justement avec l’arrivée de Viannet)… Car
la CGT est une vieille pétroleuse qui rassemble des tendances, cotillons et
froufrous aussi variés qu’elle façonne des hommes et des femmes à sa tête qui redorent
la « bonne bouffe » sociale
possible pour ses meilleurs profileurs, ses habiles cols bleu et blanc… ses cols montés, en avant, toute !
En
réalité, la confédération montre qu’elle organise depuis toujours son anarchisme organisationnel, son petit
foutoir de bas en haut. Cela lui sert. A la fois pour ses œuvres, mais aussi
parce qu’elle n’a consubstantiellement aucun moyen pour procéder autrement. Le
centralisme démocratique a toujours été un leurre, un attrape-nigaud pour qui
veut encore croire qu’il n’existe qu’une seule tête, qu’une seule organisation
clanique, qu’un seul bouton à pousser pour lancer dans la rue des manifestants
disciplinés.
La
CGT se distingue de la CFDT qui porte à l’organisation tous azimuts un respect
quasi-religieux, telle une structuration huilée pour prendre le soleil de la
rigueur, de l’efficacité et de l’utilité. A la CFDT, par exemple, il existe des
« développeurs ». Ce sont des
adhérents-militants-salariés de la confédération qui sont payés pour aider au
renforcement des adhésions, aux coups de pouce des syndicats de site ou situés
dans une localité. Véritables professionnels du syndicalisme-cadre au sens
avoué (rompant avec l’hypocrisie générale
de la dévotion et du militantisme désintéressé ailleurs), les développeurs
tissent le maillage du territoire et des entreprises face à la
désyndicalisation massive que connaît la France sociale depuis les années 1980.
Notamment, en échange de services et conseils juridiques, ils incitent à l’adhésion.
Même les bastions que sont les services publics, la santé et le commerce, à la
CGT, ne font plus recette dans les adhésions comme dans les votes aux élections
professionnelles. Les anciennes bases de développement de la CGT étaient
constituées de l’habitus militant du Parti communiste français, un réflexe pavlovien qui sélectionnait "les meilleurs" qui servaient de diapason organisé au sein du syndicat-instrument de cogestion socialisée (au cas justement prévu où le PC gagnerait le pouvoir par les urnes, la CGT surveillerait rues et usines).
Il
existe plusieurs types d’adhésion à un syndicat : l’adhésion-foi, l’adhésion
pour « rembourser » provisoirement
une dette, l’adhésion pour les services (CE, protection, prévention…) et l’adhésion
pour la carrière (eh oui, contrairement à
l’idée toute faite véhiculée, être syndicaliste conforte des carrières et des
rentes de situation : qui n’a pas vécu dans sa boîte le petit chef mesquin
protégé par son syndicat ou l’éternel tire-au-flanc bénéficiant de protections ?).
Ce ne sont jamais les adhérents qui inquiètent le plus les syndicalistes
militants.
Le
militant, en général, à la CGT en particulier, ceux qu’il craint le plus, ce
sont ses pairs qui peuvent bousculer l’ordre établi, la distribution des
mandats, les relais dans des entreprises, dans des collectivités territoriales,
dans des administrations publiques. Bref, tous les pourvoyeurs des mises à disposition, de
planques professionnelles et de délégations syndicales. Et puis les
trésoreries, véritables trésors de guerre pour certaines grosses fédérations ou
syndicats, si elles ne sont plus collectées en faveur de Montreuil, ce peut
limiter quelques obtentions de contrats extra-syndicaux (entreprises, Union européenne, Etat via l’IRES, régions…) au
prétexte d’études sociales et historiques, de colloques, de formations
professionnelles, de formations syndicale (j’vous
dis pas la bonne manne), de conseils juridiques, en prévention contre les
risques professionnels, etc. Tout est prétexte à acheter et perfuser les
confédérations syndicales, la CGT en premier.
A
la CGT, aujourd’hui, on prépare donc les grands organes intermédiaires (conseil exécutif qui fixe l’ordre du
jour et les termes du débat du comité confédéral national) pour déterminer
que faire pour se débarrasser ou pas de Lepaon, sur quelle ligne collégiale,
sur quelle ligne politique ?
A
la fin, après les orgues, rassurez-vous, ce seront flonflons, merguez et vins à
foison… la solution est au bout de la reprise de la sauterie… tout se finit en
chantant « L’Inter. » à
se prendre pour des révolutionnaires quelques minutes entre l’apéro et le
prochain congrès qui, forcément, changera tout, et même le pays.
Nul
ne peut être trompé, il y a tellement d’intérêts en jeu dans et à l’extérieur de la CGT, que personne ne trouverait
avantage à voir disparaître une vieille pétroleuse qui met tant de « liant » et vaseline dans les
rouages sociaux de l’Etat, de l’Europe et des entreprises.
LSR
http://atelierserpentrouge.blogspot.fr/2014/12/la-cgt-comme-huile-sociale-des.html
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