Halte à la peur, par Patrice

Pied de guerre.

Il faut resserrer le collectif, disent-ils ! Comme les Américains après le 11 septembre ? On voit ce que cela a donné : les Tea Parties et les néocons ! Décidément, c'est raté à tous les coups.

Le pays n'a pas besoin d'un prétexte tout fait et chèrement payé pour être solidaire, soudé et se reconnaître quand il se rencontre. Il n'attend pas après les leçons bâclées et les devoirs mal appris. Il connaît les siens et sait les pleurer sans que ce soit sur commande. Le peuple n'a pas besoin qu'on lui dise où et quand il doit pleurer. Pour ça, il a une conscience.

Allez jusqu'à attendre, ou convoquer, le ban et l'arrière ban de la politique européenne pour faire bonne mesure, impression, sérieux, alors qu’ils sont tous étrangers à l’idée de Charlie. Inviter Netanyahou (!), et pourquoi pas El Assad ou Erdogan ? Pourquoi pas les représentants des pays arabes pour qu'ils se justifient, qu'ils s'excusent d'être musulmans ? Qu'ils devancent les attaques qui pourraient leur être faites en tant qu'arabes ? Qu'ils s'excusent d'avoir une autre religion alors qu'ils ont du sang sur les mains et que certains soutiennent les terroristes islamistes ? Pourquoi ne pas inviter les dirigeants Chinois ? Qu'ils viennent avec leurs bourreaux… Pourquoi ne pas demander à Bush, Clinton, Obama, de venir, eux qui ont mis le feu au Moyen Orient ? Il s’agit bien là d’une escroquerie, d’un détournement de l’esprit des douze de Charlie.

Marcher derrière, c'est aussi marcher avec. Encore faut-il ne pas oublier pourquoi on marche. C'est aussi cautionner l'accompagnement dans son histoire passée et à venir et il n'y a pas de maîtrise de l'avenir, ça reste hautement spéculatif… Il va même peut-être falloir le devancer et être tenté d'agir préventivement… Que seront-ils tentés de faire si la situation s'aggrave, si les mêmes faits se reproduisent au point que la situation devienne ingérable, intenable politiquement face à l'impuissance ? Que deviendront les grands principes du collectif, de la démocratie, de la liberté-égalité-fraternité lorsqu'il faudra sauver d'abord la face politique devant le pays ? Lorsqu'il faudra avouer son impuissance et ne plus assumer ses erreurs et qu'il faudra faire face au danger, mais au pays aussi ?

C'est une porte qui donne sur le vide qui s'ouvre en France comme ailleurs en Europe sous la pression du terrorisme. La peur engendre les décisions sécuritaires. Seule la liberté et son usage protège de la peur. Elle est la première des sécurités. Les citoyens qui rient ne sont victimes de rien ni de personne. Halte à la peur ! Résistons avec nos valeurs et rejetons les tentatives de subversion de la bien-pensante, la domination des états de fait et la mainmise des fatalistes, défaitistes et autres profiteurs de situation.

La résistance est de chaque instant et elle doit s'exprimer instantanément par le rire et la dérision, voire par la grossièreté si cela ne suffit pas aux esprits étroits et opportunistes.

Patrice C.