Syriza : les promesses des petits matins rabougris, par Patrice
Un horizon dépassable.
Syriza a gagné son pari. En soit, cela est une victoire
espérée et réalisée, mais cela doit aussi ne pas rester un but, une finalité.
Ce parti que l'Europe bien pensante et le médias
qualifient de gauche radicale, voire extrême, ce qui n'a en fait pour but que
d'affoler et faire peur aux électeurs de centre gauche (Pasok et communistes inclus) et de droite pour le disqualifier et
le faire craindre comme s'il s'agissait de vilains bolchéviques arrivant aux
portes du pouvoir. On peut remarquer sur l'éventail de la répartition des
sièges, de gauche à droite, qu'il subsiste 15 sièges communistes, qui ne
s'associent pas avec Syriza, ce qui tendrait à dire que Syriza ne fait pas le
plein à gauche, sauf à ce que les communistes ne soient plus considérés comme
étant de gauche alors qu'ils sont toujours placés à gauche de l'éventail, la
question étant la redistribution des places sur cet éventail, et 13 sièges à un
vague parti indépendant de droite (!), situé de l'autre côté de l'éventail en
qui Syriza a trouvé un allié improbable.
Sans vouloir
jouer sur les mots ou faire de l'humour, on serait tenté de croire que ce qui
était à gauche ne l'est plus et que ce qui est situé à droite ne l'est plus non
plus… C'est donc d'un jeu de quilles qu'il s'agit.
On est plutôt dans la configuration d'un remix des fondamentaux, un genre de melting-pot nouvellement constitué, dont
on a du mal à concevoir l'avenir et la structure, habitués que nous sommes à
des configurations plus traditionnelles.
De deux choses l'une : ou Syriza absorbe la droite "indépendante"
et celle-ci devient de fait de gauche ; ou les communistes rejoignent les
socialistes du Pasok au milieu de l'éventail, auquel cas s'en est fini d'un
Parti communiste de "gauche",
tout comme le Parti socialiste. La seule gauche représentative serait donc
Syriza, tout autre devenant centre ou droite…
Les nostalgiques du "grand soir" et des lendemains qui chantent en seront peut-être
pour leurs frais s'ils en ont rêvé, et ils devront se contenter des petits
matins chagrins ou au moins mis en différé. La révolution, telle que présentée
par les médias et quelques aficionados
de Syriza, qui n'ont pas bien pris connaissance du programme proposé, devront
une fois encore différer la réalisation d'une révolution pure et dure telle
qu'ils l'espéraient. Leur opinion s'affinera à l'aune des réunions qu'aura
Syriza avec l'establishment de
Bruxelles. Il leur faudra pour cela attendre encore un peu pour avoir une
opinion complète de pour qui ils ont voté. Les déceptions profondes ou différées verront le jour à
brève échéance. Il se peut que la satisfaction ne soit
pas au rendez-vous. Quant à l'espoir, il peut perdurer de voir la réalisation
d'un coup d'épaule dans les structures européennes. Ça ne mange pas de pain et
cela reste une possibilité qui peut encore susciter de menus plaisirs.
Le "coup de tabac" vécu ce dimanche à
Athènes rebat et redistribue les cartes sur l'échiquier Grec d'abord, plus
qu'il n'impressionne le reste de l'Europe. La
victoire reste belle et pleine d'espoirs d'un relookage de la politique en Europe. Pour les uns l'espoir, pour
les autres : même pas peur.
Patrice C.
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