La Grèce en Europe, par Patrice
La politique, c'est de la
dentelle.
« Syriza est
une gauche adaptée à une situation nationale terrible en Grèce »,
déclare Thierry Mandon, du PS, lundi soir. Le même, sur BFMTV, éprouve le
besoin de préciser : « C'est la
troïka qui a réduit [à 5%] le Parti
socialiste grec. » Histoire certainement de fermer le banc, à propos
des déclarations de Mélenchon et Duflot, il enchaîne : « Les extrêmes ne sont pas la solution », ce qui signifie
que Syriza, peut-être parce qu'extrémiste, ne peut pas être la solution en
France ou alors que cela ne peut être la solution qu'en Grèce. Prière donc est
faite aux "extrémistes" de
ne pas compter sur les socialistes français qui se contenteraient d'exister,
fusse avec 5% des voix de la représentation nationale. Ils sont donc prêts à gérer leurs petites affaires jusqu'en 2017, y
compris dans la tourmente et sans honte aucune. Ce qui signifie, d'une part
que la situation de la France n'étant pas aussi grave que la situation grecque,
elle peut donc se passer d'un Parti socialiste efficace et, d'autre part que si
le Parti socialiste français atteint, comme c'est prévisible les 5%, ce ne sera
pas la faute de la troïka mais du seul Parti socialiste au pouvoir en France :
c'est une forme d'aveu qui a l’avantage d’être clair, et qu'elle peut se passer
d'un parti de gauche radical ou extrême puisqu'elle n'est pas la Grèce… Cela
étant posé, il faut remarquer que l'association d'un groupe "extrémiste" avec un groupe de
droite indépendant, c'est un peu comme si en France, Mélenchon s'alliait avec
Dupont-Aignan ! On salue la performance ! Si cela aussi est
typiquement grec, cela a pourtant l'avantage de se faire.
« D'autres
pays ne seraient-ils pas tentés de faire comme la Grèce ? [à
propos de la dette]". C'est
Poujadas qui pose la question. Il réveille la vieille crainte des tenants de
l'Union européenne. La grande angoisse que la Grèce n'obtienne un ajournement
de sa dette, ce qui pourrait faire exemple et inciter le Portugal, l'Italie et
l'Irlande à faire de même, c'est-à-dire révolutionner l'UE.
L'eurogroupe,
et en particulier Merkel et Hollande, souhaite que la Grèce tiennent ses
engagements. En un mot, qu'elle se démerde, mais qu'elle paie ! On reconnaît
bien là la dialectique de ceux qui ne parviennent pas à convaincre et qui se satisfont
d'un entre soi entre probables vaincus. Il s'en faut que ce mini tsunami grec,
à défaut de révolutionner l'Europe politique, n'ait quand même une valeur
d'exemple et ouvre des appétits ou des espoirs de remise en question de la
situation actuelle. C'est la simple
éventualité d'une remise en question d'une autorité acquise qui inquiète.
Il faut pouvoir continuer à ronronner entre soi.
L"évènement"
Syriza, pour jouissif qu'il soit pour ceux des Européens qui n'ont rien à
perdre et qui ne peuvent qu'espérer un progrès, est déjà condamné par les
tenants de l'autorité de façade qui considèrent qu'on s'attaque à leur
propriété. Ce serait remettre aussi en cause les ayatollahs de l'économie
consensuelle de la rigueur et de l'austérité, et renvoyer à leurs chères études
tous les opportunistes qui vivent si bien de l'Europe telle qu'elle est : la
leur.
La suite n'est pas encore écrite.
Patrice C.
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