Esquisse d'une interprétation sur la constitution matérielle
Une
constitution est toujours mortelle
-première esquisse.
Le
véritable luxe appauvrit les vestiges de la bonté. Celle-là même qui pourrait s’adjoindre
la tendresse. L’hyper-individualisme frénétique qui est mis en œuvre dans des
personnages de fiction, dans des acteurs des séries télévisées et des
programmes de téléréalité, désapprouve en fait l’assise sur laquelle repose la
fiction étatique. Voire, elle démasque l’Etat. Voilà qui n’est pas anodin. Les
fictions artistiques anticipent l’existant politique. Mieux, elles déflorent le
principe apparent qu’on a souhaité livrer sur l’Etat protecteur, providence ou
tendre avec tous et qui devient chourineur en retour.
Le
luxe de la constitution matérielle actuelle nous permet de sauvegarder une
légalité nécessaire à la survie d’un personnel politique à la légitimité
fragile. Elle porte encore le luxe de garantir une certaine pérennité des
institutions régaliennes. C’est en ce sens que les vestiges de la bonté s’écharpent.
Dans toute constitution matérielle s’insinue un principe de tendresse avec les
ouailles censés soumis à ses prescriptions juridiques. Or, toute tendresse suppose
bonté consubstantielle et favorisant l’innervation de l’ensemble des conventions
de la constitution.
Il
est rare d’évoquer le constitutionnalisme avec de tels substantifs : luxe,
bonté, tendresse accompagnent généralement le caractère ou le goût de l’individu.
Et justement, le constitutionnalisme a surgi dans le cours du XVIIIe siècle si
libéral pour les individus avec l’affirmation de leurs droits individuels, de
leurs droits et obligations politiques, et non en direction de citoyens singulièrement
encensés comme éléments par trop abstraits. L’aspect charnel des constitutions
résout bien des lacunes à les saisir pour ce qu’elles sont : des corps vivants
et par conséquent tout aussi mortels.
L’hyper-individualisme
n’a certes pas été consacré dans les constitutions libérales du XVIIIe siècle.
En vérité, la donne consumériste extérieure au constitutionnalisme montre que
ce mouvement est vain au regard de l’idéologie du commerce, des échanges de
biens et valeurs, de la production industrielle. Ce sont les évolutions
sociologiques et historiques internes à un pays et son peuple qui
forment/déforment le formalisme des conventions elles-mêmes évolutives, voire déficientes.
Car l’adjonction d’un texte supérieur qui embrasse une constitution matérielle
provoque inexorablement une perte sèche pour na norme interne. L’Europe
instituée comme forme (et formalisme
supérieur), comme toute entité supranationale, lève le voile d’une
constitution matérielle qui se révèle comme étant une règle du jeu mouvante,
interprétative au bien des uns et au détriment des autres.
Les
seuls Etats-Unis d’Amérique sont parvenus à ne pas se laisser imposer une norme
supérieure à sa norme interne. Sa conception du normativisme est éminemment
dépendante de sa Constitution née en 1787, approfondie par quelques rares
amendements et une qualité de jurisprudence qui en livrent une force sans nulle
autre pareille dans les démocraties libérales occidentales. Elle est sa force
mais aussi sa faiblesse si son économie autonome périclite quelque peu.
Dès
lors, tout ceci mis en avant, nous admettons que les caractères propres des
éléments qui composent un peuple s’insinuent dans sa constitution matérielle et
dans ses institutions auto-instituantes de ce qui sert la ligne dominante parmi
ce peuple. La Constitution du 4 octobre 1958 en vigueur dans notre pays a
évolué à maintes reprises. Inutile ici d’énumérer ses révisions. Sa ligne
principale est sa vocation première à créer du bipartisme sans frein. Or, le
Front national rebat les cartes du régime partidaire comme jamais ; son
vecteur est singulier dans l’histoire institutionnelle de notre régime actuel. Qui
voudrait comparer avec le Parti communiste qui eut pu prétendument perturbé le
bipartisme fondamental du régime oublierait qu’il a toujours participé à tous
les jeux institutionnels des IVe et Ve républiques, ce qui n’a donc à aucun
moment produit le moindre soubresaut dans la survie et continuité dudit régime.
Au contraire, le PCF a été un incontestable moteur de justification, de légitimation
des institutions de la Ve République. Bien entendu, le Front national revêtira
volontiers les habits du régime. Il instituera quelques révisions à la marge. A
moins qu’il ne rompe avec l’Europe, ce qui n’est pas si sûr.
La
cause de la décadence politique actuelle est bien à rechercher dans le trait d’hyper-individualisme
dominant dans le peuple. Ce ne sont pas les succédanés de charité qui
éteindront l’incendie programmatique. Dans l’esprit contemporain du libéralisme
constitutionnel positif, il n’y a plus ni tendresse ni compassion entre les
individus composant notre société française. Son éclatement, comme l’atomisation
de ses éléments dissolvent l’ensemble des présupposés constitutionnalistes
initiaux. Ne reste alors que les leviers régaliens de l’Etat : une
tournure autoritaire qui démasque la fiction de tendresse qu’il pouvait retenir
jusqu’à présent aux yeux ébahis par la fiction.
LSR
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